Métiers : la filière hydrogène française présente ses besoins

Publié le 29/04/2021

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Identifiée comme une filière d’avenir à haut potentiel, le développement de l’hydrogène en France sera synonyme d’emplois dans les années à venir. France Hydrogène publie ce 27 avril un livre blanc et un référentiel pour développer les compétences et les métiers de la filière hydrogène en France, un secteur où plus de 100 000 emplois pourraient être créés d’ici la fin de la décennie.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« Anticiper pour réussir le déploiement d’une industrie stratégique et créatrice d’emplois », c’est l’objectif de ces deux documents présentés hier à la presse par France Hydrogène. L’association représentante de la filière française de l’hydrogène a identifié sur notre territoire un fort besoin en formation pour nos ingénieurs, techniciens et opérateurs pour répondre au défi que représente la structuration et la consolidation d’une filière française de l’hydrogène. « Une préoccupation légitime des collectivités et des industriels » selon Philippe Boucly, président de France Hydrogène, alors que les ambitions portées par la stratégie française de l’hydrogène vont amener à accélérer le déploiement de l’hydrogène. « Une opportunité », indique Philippe Boucly, alors que les filières industrielles souffrent d’un manque chronique d’attractivité. « Le développement de l’hydrogène est une façon d’engager ces filières dans la transition énergétique. »

84 métiers identifiés, dont 17 en tension

Dans son référentiel et dans son livre blanc, France Hydrogène a inventorié et identifié les compétences et les métiers existants et à venir qui doivent permettre une montée en compétence des industriels. L’association a également souhaité mettre en avant les besoins en formation qui seront associés à l’industrialisation de la filière et à la valeur ajoutée qu’elle va créer sur nos territoires. Au total, 84 métiers ont été recensés. Le premier constat de l’étude qualitative menée avec le cabinet Infinergia, c’est que la filière hydrogène fait « appel à des métiers existants dotés d’un niveau de spécialisation hydrogène plus ou moins important ». En effet, sur les 84 métiers identifiés, 27 nécessitent une réelle expertise de l’hydrogène et 41 ont besoin de connaissances de base, quand 16 ne nécessitent pas de connaissances spécifiques sur l’hydrogène. La filière étant en phase d’industrialisation, ce sont les activités de conception des équipements qui sont prédominantes actuellement : 46 des métiers recensés ciblent en partie ces activités nécessitant selon l’étude « une forte population d’ingénieurs multi-domaines ». Plus de 58 % des métiers sont accessibles par des profils dotés a minima d’un bac+5 scientifique. Des ingénieurs qui doivent pour beaucoup maîtriser les domaines techniques liés à l’hydrogène : le génie électrique, la mécanique des fluides, les aspects qualité-sécurité-environnement. Mais les métiers de la filière hydrogène ne sont pas uniquement réservés à des profils ingénieurs puisqu’avec le développement des installations de production et de distribution d’hydrogène, les profils de techniciens et d’opérateurs vont être sollicités à court terme. Des profils plus opérationnels ciblés par au moins 23 des métiers recensés nécessitant une forte maîtrise de la mécanique, de la métrologie et du génie électrique. Au total, 33 métiers peuvent être adressés par des profils techniciens et 14 par des diplômes secondaires du type bac pro, BEP ou CAP. Sur un marché mondialisé où la plupart de la littérature technique et réglementaire est en anglais, « cette compétence linguistique doit également être maîtrisée  » souligne Philippe Boucly.  Enfin, le référentiel identifie 17 métiers déjà en tension, comme tuyauteur-canalisateur, ingénieur mécatronique ou encore soudeurs. Une tension principalement liée au fait que ces compétences sont déjà recherchées dans d’autres filières industrielles et font l’objet d’une forte concurrence.

L’enjeu d’une formation ciblée sur les besoins

C’est aussi l’objectif de ce référentiel et de ce livre blanc : mettre en lumière les besoins en formation pour être en mesure d’avoir dans l’Hexagone les compétences nécessaires à toute la chaîne de valeurs. Aujourd’hui, l’offre en formation initiale spécifique à l’hydrogène est « très réduite » indique France Hydrogène. Si certains industriels s’impliquent à l’échelle locale pour développer, en partenariat avec des institutionnels, des modules de formation, France Hydrogène espère que ce référentiel et les moyens qui sont alloués à la filière dans le cadre de la stratégie nationale hydrogène et du plan de relance seront de véritables catalyseurs pour développer rapidement une offre de formation en adéquation avec les besoins de professionnels. La filière pourrait permettre de créer entre 100 et 150 000 emplois d’ici 2030 et de maintenir des emplois via la reconversion d’une partie de la main d’œuvre de certains industriels, comme ce sera le cas par exemple sur le site de Bosch, à Rodez (Aveyron), ou sur le site Alstom de Reichshoffen (Bas-Rhin), où seront conçus les premiers trains hydrogène du marché français.