Le 24 septembre, le Cler-Réseau pour la transition énergétique a publié un guide intitulé « Les clés d’une méthanisation durable ». Ce guide réalisé en partenariat avec le gestionnaire de réseau gazier GRDF et le bureau d’étude Solagro, spécialisé dans les transitions énergétique, agroécologique et alimentaire aborde plusieurs point essentiels, comme la formation, la viabilité financière des projets ou l’appropriation locale des projets. Il s’adresse à l’ensemble des acteurs de la filière, en commencant par les élus et techniciens des conseils régionaux. Son objectif : accompagner les régions dans le développement d’une politique vertueuse de la méthanisation en adéquation avec les spécificités de chaque territoire. 

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

80 % des Français estiment que le climat doit être une priorité des conseils régionaux, indiquait en mai dernier un sondage publié par le Réseau action climat France avec l’institut Harris Interactive sur l’écologie dans le cadre des élections régionales. « Cheffes de file de la transition énergétique, les régions sont l’échelon privilégié pour mener sur le terrain des politiques ambitieuses et atteindre les objectifs climatiques nationaux » souligne le Cler alors que le réseau lance une nouvelle campagne pour inciter les régions à « accélérer » et avoir « une approche territoriale de l’énergie ». En ce qui concerne le développement des énergies renouvelables et plus spécifiquement la méthanisation, le Cler estime même qu’elles ont un rôle « pivot » à jouer. Ce guide fait partie d’une série de publications réunies sous la bannière « Les régions en action », précise le Cler.

1 100 méthaniseurs en service

En France, plus d’un millier de méthaniseurs sont en service à la fin de l’année 2020, indiquait en août les services du ministère de la Transition écologique. Si ce sont principalement des unités en cogénération produisant de l’électricité (2,6 TWh) et de la chaleur (0,9 TWh), une forte dynamique est observée du côté du biométhane injecté dans les réseaux gaziers, avec 306 unités en fonctionnement et près de 2,5 TWh injectés depuis le mois de janvier 2021, soit plus de 215 000 logements alimentés en gaz renouvelable. Cet essor rapide de la filière, alors que l’objectif de 6 TWh par an fixé initialement par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est en passe d’être atteint, appelle également à un développement harmonieux en lien avec les ressources et les spécificités de chaque territoire. Le guide « Les clés d’une méthanisation durable » entend y contribuer.

Sept fiches thématiques pour définir les priorités

« Quels leviers pour renforcer les bénéfices socio-économiques ? », comment garantir la viabilité financière des projets ou encore « quels sont les leviers pour favoriser l’adhésion locale ? » sont parmi les sept fiches thématiques proposées dans le guide qui doit permettre aux acteurs régionaux de construire une politique de méthanisation dite « durable ». Dans la première fiche thématique par exemple, qui explicite pourquoi définir une feuille de route au niveau régional, plusieurs pistes évoquent la nécessité d’intégrer les objectifs dédiés à la méthanisation dans l’ensemble des outils de planification énergétiques régionales et de pouvoir également en assurer une déclinaison au niveau local (départements et intercommunalités), alors que plusieurs régions ont déjà  fait ce choix comme en Île-de-France, dans les Hauts-de-France ou en Nouvelle-Aquitaine, en y intégrant déjà pour certaines une planification des usages comme la mobilité. Autre point important traité : l’acceptabilité des projets de méthanisation, alors qu’en moyenne un projet sur trois ferait l’objet d’une opposition structurée dans notre pays, selon une estimation des animateurs régionaux. En s’appuyant sur les ressources déjà existantes comme les chartes d’énergie partagée ou celle des agriculteurs méthaniseurs de France ou encore sur Méthascope, un outil d’aide au positionnement sur les projets de méthanisation publié en 2016 par France Nature Environnement, les auteurs du guide recommandent d’impliquer élus et riverains dès les prémices du projet, de demander aux porteurs de projets de s’engager, en responsabilité sur un certain nombre de critères et de par exemple s’engager à signer une charte régionale comme dans le Grand Est ou encore de très fortement inciter les régions à investir dans les projets via une prise de participation directe ou une SEM permettant de faire vivre une énergie plus citoyenne.

La professionnalisation de la filière via la formation, l’écosystème à développer autour du potentiel méthanisable dans nos régions mais aussi la viabilité financière des projets sont également évoqués dans le guide ainsi que des pistes d’actions pour y répondre. 

Crédit:  Laura Icart