Cinq chiffres à retenir sur le potentiel de la mobilité gaz en Europe

En France, près de 15 000 véhicules lourds ( camions, bus, autocar, BOM) roulent au GNV/bioGNV selon la filière.

Publié le 10/02/2022

6 min

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L’Association européenne des véhicules roulant au gaz naturel véhicule (NVGA) a publié le 3 février de nouvelles données sur le développement de la mobilité gaz en Europe. Le bioGNV représente désormais un quart du gaz consommé dans le transport routier européen. Si plusieurs associations européennes regrettent que le potentiel du biométhane comme carburant ne soit pas « reconnu à sa juste valeur »  pour participer à la décarbonation du secteur des transports, les chiffres de l’année 2021 montrent que la filière est dans une dynamique constante et croissante depuis plusieurs années. Résumé et perspectives en cinq chiffres.

Par Laura Icart

 

En 2030, la NGVA estime que plus de 13 millions de véhicules GNV, contre moins de 2 millions aujourd’hui, seront en circulation. D’ici là, la part du biométhane incorporée dans le GNV devrait atteindre selon différentes études les 40 % alors qu’elle a augmenté de près de 5 % entre 2019 et 2020. 

 

10,2 %

Dans le domaine des transports, l’UE a atteint son objectif puisqu’elle s’était fixé l’ambition d’atteindre 10 % d’EnR en 2020 pour l’énergie consommée. Cette part est passée de 1,6 % en 2004 à 10,2 % en 2020, atteignant ainsi l’objectif de l’UE. Parmi les États membres de l’UE, la part de l’énergie renouvelable dans la consommation de carburant pour les transports varie de 31,9 % en Suède à 5,3 % en Grèce, en passant par un peu plus de 13 % en Finlande. La Suède s’affiche comme un leader incontesté de l’utilisation des énergies renouvelables dans les transports. Un leadership qui peut s’expliquer par le volontarisme en la matière de l’État suédois qui fournit une aide à l’investissement aussi bien pour développer l’offre (subventions pour la production de biométhane pour développer les infrastructures d’avitaillement) que pour la demande (incitations pour acquérir des véhicules bioGNV, mise en place de critères environnementaux pour rouler dans certains zones comparables à nos ZFE). Il applique surtout des exonérations fiscales à long terme, ce qui permet une haute compétitivité du biométhane et cela s’avère une stratégie payante puisque 95 % du GNV distribué dans le pays est du bioGNV. En 2020, tous les États membres de l’UE, à l’exception de la France et de la Finlande, ont enregistré une augmentation de la part moyenne de l’énergie provenant de sources renouvelables dans les transports par rapport à 2019, les plus fortes augmentations étant observées pour l’Estonie (+ 5,9 %), le Luxembourg (+ 4,9 %), la Belgique (+ 4,2 %) et Chypre (+ 4,1 %).

25,1 %

Un quart du gaz consommé en 2020 dans les transports en Europe est d’origine renouvelable. Certains pays sont même considérablement en avance et affichent des taux impressionnants. C’est le cas du Danemark qui se taille la part du lion en ne distribuant  dans ses stations que du bioGNV. Si le pays est très en avance, il ne compte actuellement que 17 points d’avitaillement publics. La Suède en revanche, avec 205 stations en service, distribue 95 % de biométhane carburant et fait clairement figure de pionnière en Europe. Ils sont suivis par la Norvège avec 63 % (31 stations GNC), l’Allemagne avec 60 % (821 stations GNC) et la Finlande avec 59 % (48 stations GNC). La part de biométhane de certains pays a fait un énorme bond en avant. C’est le cas notamment de l’Italie  qui  compte quasi 1400 stations est passée de 9 % en 2019 à 19 % en 2020. La proportion de bioGNV dans le GNV consommé sur les réseaux de gaz en France est estimée à un peu plus de 17 % en 2020 donc en dessous de la moyenne européenne. Elle serait aujourd’hui à « autour de 20 % » soulignait il y a quelques jours GRTgaz qui précisait qu’elle avait augmenté de « 14% en cinq ans ».

 

4 609

Fin 2021, le réseau européen public de stations d’avitaillement compte 4 609 stations dont 4110 distribuant du gaz naturel comprimé (GNC) et 499 du gaz naturel liquéfié. Un réseau de stations qui, comme le rappelle la NGVA joue un « un rôle crucial » dans le déploiement de la mobilité gaz en Europe. L’année dernière,  « 179 nouvelles stations GNC auraient été ouvertes » nous précise un représentant de la NVGA. Une croissance encore plus significative pour les stations distribuant du GNL puisqu’ elles sont passées de 374 à 499 à la fin de l’année dernière, soit une augmentation de près de 66% en un an. Le 9 février, la NGVA a même annoncé que le cap des 500 avait été franchi. Désormais, 505 stations GNL sont ouvertes sur le Vieux Continent. Aujourd’hui, les pays qui comptent le plus grand nombre de stations distribuant du GNL-bioGNL sont l’Italie (112), l’Allemagne (108), l’Espagne (79) et la France (60). Avec une augmentation de 140 % en un an seulement, l’Allemagne est le pays qui a ouvert le plus de stations en 2021, près de 62 nouveaux points d’avitaillement ont été ajoutés au réseau allemand.  Dans le même laps de temps, l’Italie affiche une augmentation de nouvelles stations de 35 %, l’Espagne 23 % et la France 25 %. Notre pays comptait à la fin de l’année dernière 253 points d’avitaillement publics avec près de 74 stations ouvertes dans l’année (53 en gaz GNC et 21 en GNL).

3 810

C’est le nombre de points d’avitaillements public en Europe où il est possible de se fournir en bioGNV. Le caractère renouvelable du GNV est alors certifié par le mécanisme de garanties d’origine. Cette proportion est appelée à très largement grandir puisque la NGVA ambitionne que les 13 millions de véhicules qui seront en circulation en 2030 (contre environ 1,5 million aujourd’hui) puissent se ravitailler dans les 12 000 points d’avitaillement publics ouverts, qui distribueront pour une large part d’entres eux du bioGNV.

40 %

D’ici 2030, la part du biométhane incorporée dans le GNV devrait atteindre les 40 %, avec toujours de grandes disparités entre les pays membres. La production européenne de biogaz et de biométhane devrait au moins doubler d’ici 2030, passant « de moins de 200 TWh aujourd’hui (191 TWh en 2020) à plus 400 TWh [un potentiel de production situé entre 370 TWh et 467 TWh selon les différentes études, NDLR] » estime l’EBA, dont environ un tiers pourrait être alloué au secteur des transports. En 2050, elle devrait même avoir quadruplé. Il y a quelques mois, afin d’accélérer la part des sources renouvelables dans le secteur des transports, l’EBA a suggéré à la Commission européenne d’augmenter régulièrement la part des biocarburants produits de manière durable et des gaz renouvelables dans les transports pour atteindre « 50 % dans les véhicules ICE et hybrides d’ici 2030 et 100 % d’ici 2050 ».

Pour la NGVA et l’Association européenne du biogaz (EBA), l’exécutif européen doit soutenir la filière via un « cadre législatif clair, cohérent et neutre sur le plan technologique », de manière à favoriser les investissements dans le développement à grande échelle de toutes les alternatives renouvelables contribuant à une mobilité décarbonée.