Gaz de décharge : Waga Energy à la conquête de l’Amérique du Nord

 L’unité WAGABOX® installée sur le site Suez de Saint-Maximin (Oise) injecte du biométhane en continu depuis le 26 juin 2017.

Publié le 22/04/2021

4 min

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Spécialiste mondial du gaz de décharge, Waga Energy a annoncé le 14 avril son premier projet en Amérique du Nord. C’est au Québec que la start-up française, en association avec la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie (RGMRM) installera sa Wagabox sur le site de stockage des déchets de Saint-Étienne-des-Grés et injectera du biométhane dans le réseau de distribution d’Énergir.

Par Laura Icart

 

Waga Energy, c’est une start-up 100 % iséroise, créée en 2015, qui a développé une technologie de rupture capable de valoriser 90 % du méthane contenu dans le biogaz des déchets, garantissant un rendement énergétique trois fois supérieur aux solutions de cogénération et fournit un « biométhane pur à 98 % ». Au Canada, qui a récemment annoncé faire de la gestion et de la captation du méthane des sites d’enfouissement, un axe fort de son futur règlement sur un nouveau système fédéral de crédits compensatoires pour les gaz à effets de serre (GES), la technologie développée par la jeune pousse française qui a ouvert une filiale dans le pays en 2019, fait déjà des émules.

Une Wagabox pour la Belle Province

C’est donc en Mauricie, et plus précisément à Saint-Étienne-des-Grès, à 150 kilomètres au nord de Montréal, que Waga Energy construira et exploitera sa technologie brevetée Wagabox. Le lancement officiel de ce premier projet en Amérique du Nord, quelques semaines après avoir signé un contrat avec la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie (RGMRM) pour acheter pendant 20 ans le gaz produit par son site d’enfouissement des déchets de Saint-Étienne-des-Grès qui traite chaque année 180 000 tonnes de déchets, vient concrétiser le deuxième projet international de Waga Energy après celui signé en octobre en Espagne. Une fois épuré, via sa technologie combinant filtration membranaire et distillation cryogénique, le biométhane plus connu au Canada sous le nom GNR, sera injecté sur le réseau du principal distributeur gazier au Québec, Énergir. Une entreprise qui s’est fixé comme objectif d’atteindre 10 % de GNR dans la part de gaz naturel qu’elle distribue à horizon 2030.

130 GWh de biométhane par an

L’unité Wagabox de Saint-Étienne-des-Grès est dimensionnée pour traiter 3 400 m3/h de gaz de décharge et produire 130 GWh de biométhane par an, « soit la consommation annuelle de 8 000 foyers québécois ». Alors qu’actuellement le gaz produit par la dégradation des matières organiques est collecté et brûlé dans une torchère, une fois mise en service en 2022, la Wagabox permettra l’évitement de 23 000 tonnes d’émission d’eqCO2 par an dans l’atmosphère. « Dorénavant, traiter les biogaz n’occasionnera plus une dépense mais bien un revenu, un gain pour les citoyens de la Mauricie. Nous sommes fiers de contribuer à la transition énergétique du Québec » a souligné Michel Angers, président de la RGMRM et également maire de Shawinigan. Construit principalement au Québec par sa filiale canadienne et des sous-traitants locaux, seul le module de distillation cryogénique, cœur de la technologie de la start-up basée à Meylan, sera « fabriqué dans le bassin industriel grenoblois et acheminé par voie maritime » précise Waga Energy.

Pour le président et cofondateur de Waga Energy, Mathieu Lefevre, dont l’entreprise va investir 12 millions d’euros dans ce projet et qui a déjà installé une dizaine d’unités en France, l’Amérique du Nord représente un marché extrêmement porteur, avec des centaines de sites qui pourraient potentiellement « sans investissement ni contrainte d’exploitation » devenir « producteur de biométhane » et participer ainsi activement à la transition énergétique.

© Waga Energy.