Le Royaume-Uni veut passer à une électricité décarbonée d’ici 2035

En décembre 2020, le gouvernement britannique a annoncé un objectif visant à réduire les émissions du Royaume-Uni d'au moins 68% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Publié le 04/10/2021

4 min

Publié le 04/10/2021

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le Royaume-Uni veut se passer des énergies fossiles dans sa production d’électricité d’ici 2035, a annoncé ce matin le gouvernement de Boris Johnson. Comme partout en Europe, le pays fait face à une flambée historique des prix du gaz, mais le Royaume, fortement dépendant du gaz pour sa production d’électricité, est particulièrement affecté. Ces dernières semaines, le gouvernement a même dû relancer ses centrales à charbon pour assurer l’approvisionnement du pays en électricité. 

Par la réaction de Gaz d’aujourd’hui avec AFP

 

Le système énergétique au Royaume-Uni est soumis à une pression considérable alors que les prix du gaz font bondir les prix de l’électricité. Le 13 septembre, le prix de l’électricité pour les heures de forte demande a atteint 2 500 livres sterling du mégawatheure, contre un prix moyen de 40 livres sterling le MWh entre 2019 et 2020 indique la direction générale du Trésor. Une hausse record qui s’explique par « les effets conjugués d’une forte augmentation du prix du gaz, de l’indisponibilité de plusieurs centrales et d’une baisse de la production d’électricité d’origine éolienne en raison de faibles vents » explique-t-elle. Une situation qui a conduit le gouvernement britannique a redémarrer certaines de ses centrales à charbon, alors que le pays s’est donné pour objectif de sortir totalement du charbon dès 2024. Selon le parti majoritaire des Tories, le Royaume-Uni a diminué de 70 % ses émissions dans la production d’énergie depuis 2010, le taux le plus rapide des pays du G7, et la part du charbon dans la production d’électricité est passée de 40 % en 2012 à moins de 2 % aujourd’hui.

« Parvenir à une production d’énergie totalement propre d’ici 2035 « 

Ce nouvel objectif doit également permettre de ne plus dépendre de la volatilité de prix des énergies fossiles, selon un communiqué du parti du dirigeant conservateur qui tient son congrès annuel à Manchester jusqu’à mercredi. Grâce aux sources d’énergies renouvelables, le stockage de carbone et l’hydrogène, « nous pensons que nous pouvons parvenir à une production d’énergie totalement propre d’ici 2035 », a déclaré lundi aux télévisions britanniques Boris Johnson, qui accueille dans un mois la COP26 sur le climat à Glasgow (Écosse). « L’avantage, c’est que pour la première fois le Royaume-Uni ne dépendra pas des hydrocarbures venant de l’étranger, avec tous les aléas des prix des hydrocarbures et les risques que cela pose pour le portefeuille des gens et pour les consommateurs », a-t-il souligné. Selon lui, le fait pour le Royaume-Uni de ne dépendre que de sa propre production d’énergie permettra également de limiter les prix. Dans un communiqué, l’organisation écologiste Greenpeace a salué ce nouvel objectif de décarboner la production d’électricité d’ici à 2035, mais a déploré l’attachement « malsain » du gouvernement au nucléaire.

Maintenir la part du nucléaire 

Le nucléaire fournit environ 20 % de l’électricité du pays et les pouvoirs publics veulent maintenir cette part afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Il y a actuellement 15 réacteurs au Royaume-Uni, sur huit sites, mais beaucoup sont en fin de vie. Plusieurs projets sont en cours de développement, notamment celui de Sizewell C où EDF est le principal acteur, et où le gouvernement est en négociation pour potentiellement évincer le chinois CGN. L’entreprise française a d’ailleurs demandé à Londres de se décider « urgemment » sur la mise en œuvre du projet. 

+ 250 % de hausse pour les fournisseurs

Fin septembre, 14 grandes entreprises britanniques avaient appelé dans une lettre au gouvernement à accélérer l’abandon des combustibles fossiles dans la production d’électricité. Le Royaume-Uni, très dépendant du gaz pour produire de l’électricité, est particulièrement affecté par la flambée des prix en Europe. Selon Ofgem, le régulateur de l’énergie au Royaume-Uni, la crainte que de nombreux fournisseurs d’énergie fassent faillite est largement répandue. Cinq auraient déjà déposé le bilan depuis le début de la crise des prix. Le régulateur britannique indique que le coût du gaz pour les fournisseurs a augmenté de 250 % depuis le mois de janvier, dont une hausse de 70 % rien que pour le mois d’août.  

Crédit : Shutterstock