Biodéchets : Tryon inaugure sa première unité de micro-méthanisation dans les Yvelines

Publié le 09/11/2021

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Après cinq années de recherche et de développement, la jeune pousse francilienne Tryon a inauguré le 3 novembre une unité de micro-méthanisation à Carrières-sous-Poissy dans les Yvelines. Baptisé Modul’O Yvelines, c’est la première référence de la start-up spécialisée dans la micro-méthanisation qui a conçu une technologie innovante et modulaire pour valoriser les biodéchets en zone urbaine. Elle permettra de valoriser localement jusqu’à 8 000 tonnes par an de biodéchets, principalement issus des cantines des établissements scolaires du département.

Par Laura Icart

 

Au 1er janvier 2024, la généralisation du tri sélectif et de la valorisation des biodéchets sera l’affaire tous. Elle ne concerne aujourd’hui que les acteurs produisant 10 tonnes de biodéchets par an (5 tonnes à partir du 1er janvier 2023). Réaliser une collecte séparative et une valorisation des biodéchets s’avère un enjeu majeur pour les collectivités alors qu’ils représentent toujours selon l’Ademe un tiers de nos poubelles résiduelles. Des biodéchets qui finissent la plupart du temps enfouis ou incinérés. Une aberration environnementale lorsqu’on sait qu’ils sont composés à plus de 80 % d’eau.

Boucler la boucle

Après plus de cinq ans de R&D, Tryon a donc installé dans les Yvelines sa première unité, fruit d’une technologie innovante et « agile » précise la start-up, qui permet en moins de 18 mois de déployer un écosystème modulaire en fonction du gisement à traiter, avec peu de nuisances (faibles volumes et circuit de traitement conteneurisé) et peu de travaux d’infrastructures. « La solution est également fournie avec une offre de service totalement clé en main pour permettre à toute collectivité ou opérateur de déchets de s’équiper sans expertise ni investissement » précise Tryon qui insiste sur la facilité de déploiement de Modul’O. Une unité qui sera alimentée par un flux de biodéchets issus de l’ensemble des collèges du département suite au marché public du conseil départemental des Yvelines, remporté il y a deux ans par Tryon et Sodexo. C’est Suez qui se chargera d’aller collecter, avec des véhicules roulant au bioGNV, les restes alimentaires dans les cantines. Pour l’instant, une soixantaine d’établissements sont concernés, mais ce chiffre va très vite évoluer pour passer la centaine d’ici la fin de l’année. Et c’est ensuite à Carrières-Sous-Poissy, à côté de l’usine d’incinération Azalys exploitée par le syndicat des déchets Valoseine que Tryon se chargera de déconditionner et hygiéniser ses biodéchets pour les transformer en gaz vert directement injectable sur le réseau de GRDF, première ressource tirée de ces biodéchets. La deuxième est le digestat, environ 4 000 mètres cubes par an (pour la première phase), un fertilisant organique se substituant aux engrais chimiques et qui sera redistribué aux agriculteurs du territoire d’Ecquevilly et enfin, troisième ressource, de l’eau claire qui sera réutilisée « pour les besoins en process, nettoyage et arrosage de l’unité » précise la start-up francilienne.

 

 

Jusqu’à 8 000 tonnes de biodéchets par an

Si l’unité est dimensionnée pour traiter jusqu’à 8 000 tonnes annuelles de biodéchets, elle commencera dans une première phase à traiter 4 000 tonnes (soit environ 4,5 GWh par an de capacité) puis s’agrandira dans un second temps jusqu’à 9 GWh par an « si les besoins du territoire viennent à augmenter ». Ces biodéchets seront collectés localement, c’est-à-dire dans un rayon maximum de 30 kilomètres, avec l’idée de réduire « rapidement ce périmètre » précise Tryon pour se situer davantage « entre 10 et 20 kilomètres » quand le tri sélectif, notamment pour les particuliers, sera devenu une norme. « L’idée sera ensuite de mailler rapidement le territoire avec d’autres unités pour les flux plus lointains » nous précise Jimmy Colomies, cofondateur de Tryon. Modul’O Yvelines permettra d’alimenter en gaz vert 750 habitants pour la phase 1 puis 1 500 habitants pour la deuxième phase. 

La start-up a installé dans les Yvelines la première unité de méthanisation agréée pour les biodéchets dans le département et dans les premières de la région après celle de Bionerval à Etampes et l’unité Equimeth exploitée par CVE en Seine-et-Marne. « Cette unité permettra de réduire environ 850 tonnes équivalent CO2 par an » indique Jérémie Almosni, président de l’Ademe Île-de-France. Avec l’unité Modul’O Yvelines, qui a reçu de nombreux soutiens financiers de la région, de l’Ademe, de la BPI, de la Banque des Territoires ou encore du fond Kyotherm, Tryon espère bien « transformer l’essai et accélérer la commercialisation de ces unités » alors que plusieurs autres projets, une dizaine environ, sont dans les tuyaux en France et que sa technologie de méthanisation à petite échelle pourrait se multiplier rapidement sur nos territoires et peut-être franchir les frontières de l’Hexagone.