Présidentielle : mobilisation pour une loi de programmation sur le climat

Publié le 15/12/2021

4 min

Publié le 15/12/2021

Temps de lecture : 4 min 4 min

Plusieurs clubs de réflexion, économistes et chercheurs, demandent aux candidats à l’élection présidentielle de s’engager en faveur d’une « loi de programmation pluriannuelle » des investissements publics pour le climat. L’Iddri, l’OFCE, l’Institut Jacques Delors et I4CE ont publié le 14 décembre un document intitulé « Climat : quels investissements pour le prochain quinquennat ? ». Alors qu’il reste moins de 30 ans pour atteindre la neutralité carbone, les auteurs estiment que les candidats doivent s’engager sur des mesures concrètes et chiffrées pour le quinquennat 2022-2027 et au-delà, « quels que soient leurs projets politiques ».

Par la rédaction, avec AFP

 

L’Iddri, l’OFCE, l’Institut Jacques Delors et I4CE demandent que chaque candidat(e) explique « combien d’argent public » il ou elle compte dépenser dans les cinq ans à venir pour que la France supprime ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 tout en s’adaptant aux effets du réchauffement. Alors que le moment est jugé « historique » pour permettre à notre pays de répondre à ses objectifs climatiques, les auteurs du rapport estiment que l’élection présidentielle est déjà « une étape décisive » qui doit mobiliser le pays sur « un effort qui sera aussi long qu’une reconstruction, aussi profond qu’une refondation« .

Dresser une feuille de route concrète 

Si plus des 80 % des économies du monde se sont engagées à Glasgow, lors de la dernière conférence internationale sur le climat (COP 26), sur la voie de la neutralité carbone, il y a entre les engagements et les actes un pas à franchir et « des propositions à intégrer au débat public » estiment les auteurs, pour les clarifier et les préciser. « Ce n’est pas à nous de dire s’il faut relancer ou arrêter le nucléaire », a indiqué Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie de l’Institut Jacques Delors. « Ce n’est pas un sprint, c’est un marathon, l’enjeu est d’être visionnaire, alors que l’État au plan budgétaire est plutôt myope », a-t-il ajouté en demandant aussi une loi de programmation pour le climat, comme il en existe pour la défense, la justice ou la recherche. Il va falloir se poser la question de dépenser mieux et « sur la durée« , a ajouté Benoît Leguet, directeur général de I4CE (Institute for Climate Economics).

Un déficit d’investissements privés et publics de 20 milliards d’euros

Selon I4CE, les investissements climat actuels sont déjà « insuffisants » pour atteindre les objectifs nationaux fixés dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030. Si environ 2 % du PIB français sont déjà consacrés à des investissements favorables au climat, il manque environ 20 milliards d’euros d’investissements publics et privés par an estime I4CE, « entre 13 et 15 milliards d’euros par an de 2021 à 2023, et entre 23 et 29 milliards annuels entre 2024 et 2028« . « Et si on passe à un objectif de – 55 % de réduction des gaz à effet de serre d‘ici 2030, comme l’Union européenne l’a décidé en juillet (nouveau paquet climat intitulé « Fit for 55 »), les besoins vont encore augmenter« , a averti M. Leguet. 

Une programmation des investissements « indispensable » 

Pour la programmation, les quatre clubs de réflexion proposent trois options : la première se conforme aux règles budgétaires en vigueur, financée par une hausse des recettes fiscales de l’État, une baisse d’autres dépenses publiques et/ou une hausse modérée et temporaire du déficit public ; la deuxième table sur un assouplissement partiel des règles liées à la dette ou à un reformatage du pacte de stabilité et de croissance ; et la troisième sur un nouveau recours à la dette européenne, comme lors des plans de relance Covid. 

Crédit : Shutterstock.