À Lyon, le chauffage au biogaz devient une réalité

Publié le 08/02/2022

5 min

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Depuis le 1er janvier, 25 % du volume du gaz consommé par les bâtiment publics municipaux de la capitale des Gaules est 100 % d’origine renouvelable. Du biométhane fourni par ekWateur et issu notamment de l’unité de méthanisation agricole Chand’énergies, située dans l’Ain.

Par Laura Icart

 

Ce 1er février, c’est l’effervescence à l’école Simone Signoret située dans le 8e arrondissement de Lyon : le maire Lyon (EELV) Grégory Doucet, son deuxième adjoint délégué à la transition écologique et au patrimoine, ainsi que la maire d’arrondissement Olivier Berzane, sont venus inaugurer l’un des 40 bâtiments du patrimoine municipal alimentés en biométhane et se sont prêtés au jeu des questions-réponses avec les élèves de CM1 et CM2. L’occasion d’évoquer l’énergie, la provenance du gaz fossile, l’origine du biogaz, les économies d’énergie avec les enfants qui participent depuis le début de l’année au « Défi class’énergie » piloté par l’Agence locale de l’énergie. Un défi qui existe depuis 10 ans et qui a « vu la participation d’une centaine de classes et de plus de 25 000 élèves » explique l’une des coordinatrices du projet. Pendant une quarantaine de minutes, les élus ont échangé avec les enfants qui, s’ils avaient déjà entendu parler vaguement de biogaz, ne savaient pas vraiment expliquer d’où il ne venait ni même ce que c’était. « Il est issu de la bouse des cochons et des vaches » leur résume Sylvain Godinot.

Réduire la dépendance aux énergies fossiles

« Limiter le recours aux énergies fossiles et gagner en sobriété », c’est l’objectif du contrat signé entre la ville de Lyon et le fournisseur alternatif ekWateur, nous confie le maire et c’est aussi « une question de souveraineté locale et nationale », alors que 25 % du volume de gaz de la ville qu’il dirige est désormais d’origine renouvelable. À Lyon, la consommation de bâtiments municipaux (environ 300) en gaz avoisine les 75 GWh par an. L’achat du biométhane à hauteur de 17 GWh/an s’inscrit « pleinement dans la démarche Lyon 2030 et s’intègre dans une politique de décarbonation des bâtiments publics lyonnais selon trois axes » nous précise Sylvain Godinot : une logique de sobriété énergétique, d’efficacité énergétique et de production d’énergies renouvelables in situ (réseaux de chaleur, photovoltaïque, pompe à chaleur) ou d’achat d’énergies renouvelables. L’école Simone Signoret fait donc partie des neuf écoles qui seront désormais chauffées au biogaz, au même titre que neuf crèches, cinq mairies d’arrondissements, quatre piscines et plusieurs bâtiments emblématiques de la ville comme le musée des Beaux-Arts, la patinoire Charlemagne ou encore la Maison de la danse.

Créer une boucle vertueuse et locale

Pour alimenter un quart de la ville en gaz renouvelable, ekWateur s’appuie sur le dispositif des garanties d’origine qui permet de certifier que le biométhane délivré et injecté dans le réseau a bien été produit en France et vient soutenir une production locale et, pour la plupart du temps dans notre pays, d’origine agricole. Dans le contrat passé avec la ville, pour une durée de trois ans, le fournisseur alternatif va donc faire appel aux garanties d’origine acquises via des contrats passés avec des unités de méthanisation dans l’Hexagone, mais une partie – du moins 3,4 GWh nous précise Julien Tchernia, directeur d’ekWateur – sera directement issu d’ unités de méthanisation situées en Auvergne-Rhône-Alpes et plus précisément dans l’Ain et dans la Loire.

L’énergie rurale

C’est à Vandeins, au détour d’une petite route, au milieu de quelques habitations, que se dresse l’unité de méthanisation agricole Chand’énergies. Cette unité, qui valorise près de 10 000 tonnes de matières organiques (dont 60 % d’effluents d’élevage) injecte du biométhane dans le réseau de GRDF depuis janvier 2021, l’équivalent de 100 nm3 par heure. Une unité d’une capacité maximum installée de 9,6 GWh par an (soit l’équivalent de la consommation annuelle de 2 400 logements neufs chauffés au gaz ou de 38 bus selon GRDF) qui résulte de la volonté de deux éleveurs de bovins, Ludovic Bornet et Jean-Michel Fontaine. Ils ont longtemps réfléchi avant de se lancer dans un projet de méthanisation puis, en visitant plusieurs sites, ils ont été convaincus du potentiel de lancer un tel projet. « Diversifier notre activité, évoluer dans nos pratiques culturales, diminuer notre dépendance aux engrais chimiques m’ont convaincu que cette aventure pouvait nous apporter beaucoup » nous confie Jean-Michel Fontaine, également adjoint au maire de sa commune qui ne cache pas sa fierté, un an après avoir mis en service l’unité, de pouvoir déjà engager une personne à plein temps pour s’en occuper. « Une manière également de pérenniser l’emploi en zone rurale et de rendre nos territoires plus attractifs » ajoute-t-il. Chand’énergies se distingue aussi par son autonomie en matière d’intrants, grâce à son partenariat avec quatre fermes voisines et avec une coopérative qu’elle complète avec des cives en interculture. Cette maîtrise totale de son cycle d’approvisionnement, c’était une réelle volonté des deux agriculteurs qui voulaient ne pas être dépendants d’intrants extérieurs. Sous contrat avec ekWateur, environ 700 MWh par an du biométhane produit par l’unité de méthanisation Chand’énergies serviront à alimenter les bâtiments lyonnais, donnant ainsi corps à cette boucle vertueuse et locale.