Électricité en 2050 : l’Ademe publie plusieurs scénarios, avec et sans nucléaire

Avec les hypothèses de déploiement considérées par l'Ademe, les énergies renouvelables représentent plus de 70 % de la production d’électricité en 2050 dans tous les scénarios.

Publié le 24/02/2022

4 min

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Comment la France répondra-t-elle à des besoins électriques grandissants à horizon 2050 ? Après avoir présenté le 30 novembre quatre scénarios prospectifs pour atteindre la neutralité climatique en 2050, l’Agence de la transition écologique (Ademe) a rendu public jeudi 24 février la déclinaison des scénarios sur le mix électrique avec ou sans nucléaire.

Par la rédaction, avec AFP

 

Face au réchauffement climatique, l’électricité occupera une place croissante pour décarboner les transports, le bâtiment, etc. : elle devrait passer de 27 % de l’énergie finale consommée aujourd’hui à entre 42 et 56 % au milieu du siècle, estime l’Ademe dans ses travaux prospectifs « Transition(s) 2050 ». Or cette électrification soutenue dans les années à venir soulève de nombreux enjeux en termes d’évolution du mix de production et des usages, des enjeux « à la fois technique, économique et environnementaux ».

Des scénarios avec et sans nucléaire

Pour alimenter le débat présidentiel et éclairer les choix énergétiques futurs, quatre scénarios de société visant la neutralité carbone ont été élaborés. Inspirés des modèles du Giec (les experts climat de l’ONU), ils vont du plus sobre (S1) au « business as usual » (S4, habitudes inchangées). In fine, devant la nécessité de sortir des énergies fossiles, tous les quatre seront fondés à plus de 70 % sur les énergies renouvelables (EnR), photovoltaïque et éolien terrestre d’abord. Le S1 prévoit une sortie du nucléaire, avec le seul maintien en 2050 du réacteur de Flamanville en cours de construction. Le S2, à forte gouvernance locale, économie du partage généralisée, voit les EnR se développer et le parc nucléaire historique se réduire peu à peu. Le scénario central (S3) suggère, pour limiter la pression sur les sols et paysages, deux options en plus : six réacteurs nucléaires EPR2, ou de l’éolien en mer notamment flottant, technologie non encore mature. Selon l’Ademe, leurs bénéfices économiques et CO2 sont proches et l’option avec nucléaire légèrement moins coûteuse. Enfin, le S4 inclut du nucléaire et de l’éolien flottant. Dans ce feuilleton présenté hier et qui se veut une version « enrichie » des analyses présentées par RTE en octobre 2021 et février 2022, trois dimensions sont explorées : l’impact des niveaux de demande d’électricité assez variés d’un scénario à l’autre (entre 400 et 800 TWh en 2050, à comparer à une demande actuelle de l’ordre de 480 TWh), l’impact des mix de production possibles pour faire face à ces niveaux de demande, incluant une modélisation de l’équilibre horaire entre l’offre et la demande sur toute la trajectoire 2020-2060 et permettant ainsi de dimensionner les moyens de flexibilité pour assurer la sécurité d’approvisionnement et une évaluation économique du coût des différentes trajectoires. 

Un coût de production électrique qui devrait rester stable

Selon l’Ademe, globalement le coût complet de production électrique devrait rester « relativement proche » en 2050 du niveau de 2020. Il n’inclut cependant pas les investissements hors système électrique (par exemple les rénovations énergétiques, plus ou moins étendues selon les hypothèses). C’est dans le scénario S2 que le coût du courant est le plus faible en 2050 (- 12 % par rapport à 2020), car avec l’efficacité et la sobriété, la demande plus modérée permet de se reposer sur les technologies plus compétitives (photovoltaïque, éolien terrestre).

Enfin, l’Ademe, dans uns second feuilleton, s’est penchée sur les besoins en métaux et matériaux. Elle anticipe ainsi des « consommations négligeables pour le béton, l’acier et le verre« , mais des besoins accrus pour l’aluminium et le cuivre des véhicules. L’agence précise également que d’autres feuilletons « Transition(s) 2050» seront publiés avant l’été 2022, à la fois sur les impacts environnementaux et économiques.

Crédit : Shutterstock.