Sécurité énergétique : l’Allemagne cherche de nouvelles voies de diversification

50% du charbon importé par l'Allemagne provient de Russie pour alimenter ses centrales électrique au lignite comme ici près d'Aix-la-Chapelle.

Publié le 05/03/2022

5 min

Publié le 05/03/2022

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Le ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’action pour le climat a proposé le 28 février de rehausser ses objectifs en matière de capacités renouvelables afin que l’approvisionnement en électricité du pays soit presque entièrement renouvelable d’ici 2035. L’Allemagne a également annoncé examiner toutes les options pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles russes et notamment au gaz (66 %). Elle vient d’ailleurs de relancer deux projets de construction d’infrastructures de regazéification pour le gaz naturel liquéfié et devrait augmenter les capacités de ses stockages souterrains de gaz.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Si l’Allemagne ambitionne une énergie 100 % issue des énergies renouvelables avant 2050, la guerre en Ukraine vient redistribuer les cartes de moyens pour y parvenir d’ici là. Aussi, si le pays a déjà annoncé qu’il comptait accélérer sur les renouvelables, il doit également sécuriser son approvisionnement énergétique alors que les énergies fossiles représentent plus des trois quarts de la consommation d’énergie primaire de la plus grosse économie européenne. En 2021, les énergies renouvelables ont moins produit qu’en 2020 avec une forte variabilité inter-saisonnière et interannuelle obligeant l’Allemagne à recourir à ses centrales à charbon. La part du nucléaire dans la consommation d´énergie primaire a légèrement augmenté, à 6,2 %. Avec 162,6 TWh produit l’année dernière (sur 582 TWh), le couple lignite-houille a été la première source de production électrique chez nos voisins d’outre-Rhin. Le gaz représente 26,7 % de la consommation d’énergie primaire nationale.

80 % de la consommation brute d´électricité à partir d’EnR 

La nouvelle coalition veut encore accélérer sur les renouvelables. Elle a annoncé vouloir porter la part des EnR à 80 % de la consommation brute d´électricité (41 % en 2021, soit 238 TWh) et 50 % de la chaleur produite d’ici 2030. Pour y parvenir, le ministère allemand de l’Énergie a annoncé que la loi sur les énergies renouvelables (EEG) sera modifiée pour atteindre jusqu’à 110 GW de capacité éolienne terrestre d’ici 2030, contre 56 GW aujourd’hui, 30 GW d’éolien en mer (7,8 GW) et 200 GW de capacité solaire photovoltaïque (59,5 GW). Les volumes des appels d’offres dans le cadre de l’EEG seront ajustés pour atteindre ces objectifs plus élevés. Les ventes aux enchères seraient maintenues, mais les projets communautaires seraient exemptés de la procédure d’appel d’offres et les projets solaires au sol entreraient progressivement dans un système de contrat sur la différence (CfD). Le coût du soutien aux énergies renouvelables devrait être supportés par le budget allemand à partir de la mi-2022, puisque les partis de la coalition viennent d’approuver un train de mesures de 13 milliards d’euros pour aider les ménages, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie : la surtaxe EEG, prélevée sur les factures d’électricité pour soutenir les énergies renouvelables, sera abandonnée à partir du 1er juillet 2022 (au lieu de janvier 2023), ce qui devrait permettre à un ménage moyen d’économiser environ 150 euros par an et coûtera 6,6 milliards d’euros au budget allemand.

En parallèle, dans le contexte géopolitique actuel, l’Allemagne examinera toutes les options en réponse à la diminution ou à l’arrêt probable des livraisons de combustibles fossiles russes « y compris une durée de fonctionnement plus longue des centrales nucléaires et au charbon », même si, à ce stade, le chef du gouvernement l’a estimée « peu probable ». Les dernières centrales nucléaires allemandes doivent être mises hors service d’ici à la fin de 2022. Le pays a fixé une date légale d’élimination progressive de l’énergie au charbon pour 2038, qui pourrait être avancée à 2030 si possible.

Des projets de terminaux de GNL relancés

Par ailleurs, l’Allemagne a relancé le projet de construction de deux terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL), l’un à Brunsbüttel et l’autre à Wilhelmshaven. Le projet de regazéification à Brunsbüttel est développé par un consortium composé de Gasunie, Oiltanking et Vopak et aurait une capacité initiale de 8 milliards de m3 par an. Le projet de Wilhelmshaven, promu par Uniper, qui devait initialement avoir une capacité de 10 milliards de m3 an, avait été annulé en début d’année dernière.

Une capacité de stockage de gaz renforcée

Enfin, le pays augmentera de 2 milliards de m3 le volume de gaz naturel dans ses installations de stockage par le biais d’options à long terme. L’Allemagne dispose de 24 bcm de cavernes souterraines de stockage de gaz. Un projet de loi est en préparation et devrait obliger les propriétaires de stockage de gaz à faire en sorte que leurs installations de stockage soient pleines avant le début de l’hiver. Une réserve de charbon similaire est également à l’étude, car l’Allemagne dépend à 50 % des importations de charbon russe. L’Union européenne devrait également annoncer le 9 mars une série de mesures pour la sécurité énergétique européenne, avec notamment une obligation de stockage.

Source : Aerovista Luchtfotografie/Shutterstock.com.