La transition écologique débouche « toujours » sur une hausse de l’activité économique, souligne l’Ademe

Publié le 22/03/2022

5 min

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Après avoir présenté le 30 novembre quatre scénarios prospectifs pour atteindre la neutralité climatique en 2050, l’Agence de la transition écologique (Ademe) a publié le 22 mars des analyses complémentaires. L’un des feuilletons, consacré à la macroéconomie, montre que la transition écologique engendre à terme une hausse de l’activité économique dans tous les scénarios de neutralité carbone à 2050L’Ademe estime également qu’il faut accélérer sur le développement des gaz renouvelables et les biocarburants.

Par la rédaction, avec AFP

 

Pour éclairer le débat présidentiel puis les choix énergétiques que la France devra faire d’ici 2023, l’établissement public a élaboré quatre scénarios visant la neutralité carbone. Inspirés des modèles du Giec, ils vont du plus sobre (S1) à celui d’une consommation de masse compensée par des paris de progrès technologiques, encore incertains donc (S4). Aucun de ces scénarios n’engendre de récession à terme souligne l’Ademe. Après la publication des deux premiers feuilletons « mix électrique » et « matériaux de la transition énergétique » le 24 février, l’agence décline huit nouveaux feuilletons : quatre généralistes (macroéconomie, modes de vie, adaptation au changement climatique, sols) et quatre davantage « filière », qui analysent l’impact des scénarios sur la chaîne de valeur de filières économiques (protéine, gaz et carburants liquides, construction neuve, logistique des derniers kilomètres).

« La sobriété n’est pas synonyme de décroissance »

Dans le feuilleton « macroéconomie », l’Ademe estime qu’un découplage entre le produit intérieur brut (PIB) et les émissions de gaz à effet de serre territoriales est possible, n’entraînant dans aucun des quatre scénarios une récession. Au contraire, une hausse de l’activité est à attendre, car les énergies fossiles importées, « dont les cours vont incontestablement augmenter« , seront remplacées par des énergies renouvelables produites localement. En outre, la consommation de biens manufacturés au contenu carbone élevé et importés diminue au profit de produits et services locaux. Et les investissements d’efficacité énergétique s’avèrent rentables à terme, permettant aux ménages et entreprises d’économiser sur leur facture d’énergie et donc de disposer d’un revenu disponible accru, synonyme de stock de capital et de capacités productives accrus. Plus précisément, par rapport à un scénario de poursuite des habitudes actuelles (qui ferait rater la neutralité carbone), seul le scénario 1 se traduirait par un taux de croissance du PIB moindre (mais il y aurait croissance quand même). Le scenario 2 (forte gouvernance locale, économie du partage, mobilité maîtrisée) et le scenario central 3 (régulation minimale, hydrogène, consumérisme vert) généreraient une croissance supérieure à celle attendue si l’on ne faisait rien. Le S4 (pari technologique) produirait le plus d’emplois, et le S2 le plus de revenus disponibles. Ainsi, « la sobriété n’est pas synonyme de décroissance« , et « le choix d’un scénario plutôt qu’un autre relève plus de priorités politiques que de considérations macroéconomiques », conclut le rapport.

Les EnR responsables de 10 % de l’artificialisation des sols

Au cours des 40 dernières années, les sols artificialisés ont augmenté de 72 % sur le territoire métropolitain et les sols agricoles ont reculé de 7,7 % indique l’agence. À l’avenir, le bâtiment et les transports seront majoritairement responsables de l’artificialisation des sols (à 50 % et 40 %), les énergies renouvelables en représentant 10 % estime l’étude. Le scénario 4 impliquerait en 2050 près de 600 000 ha de surfaces artificialisées en plus par rapport au S1, soit l’équivalent du département de la Charente. L’Ademe note que seuls les scénarios S1 et S2 permettent d’atteindre une réduction d’artificialisation sur la période 2022-2031 de plus de 50 % par rapport au rythme de la décennie précédente.

10 mesures pour transformer et accélérer le potentiel des gaz renouvelables

Le feuilleton « gaz et carburants liquides » évalue les transformations de la filière des gaz et carburants liquides pour les scénarios S1 (baisse massive de la consommation d’énergies fossiles) et S3 (progrès technologique) en particulier, ainsi que les investissements et les impacts sur l’emploi. Ce qu’il en résulte est la nécessité de réaliser des investissements massifs dans le verdissement du réseau gazier et la production de biocarburants. L’Ademe appelle notamment à accélérer la transition de la filière gaz à développer massivement à la fois la méthanisation, technologie la plus mature actuellement, et la méthanation. Pour cela, l’agence décline 10 mesures « non exhaustives » qui vont de soutenir les coûts liés à l’adaptation du réseau gazier et à son accès, à l’instauration des critères d’éco-conditionnalité de la commande publique pour l’achat d’énergies renouvelables et de véhicules propres, en passant par le développement d’un modèle français de méthanisation et d’un accompagnement pour la mobilisation et l’allocation de la biomasse pour la production d’énergie renouvelable.