Climat : un rapport pointe la stratégie du gouvernement canadien

La stratégie fédérale pour l’hydrogène surestime le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre estime un rapport commandé par le Bureau du vérificateur général du Canada.

Publié le 01/05/2022

4 min

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Le gouvernement canadien risque « d’échouer » dans sa transition vers une économie à faible émission de carbone et de manquer ses cibles climatiques car il a surestimé, dans sa stratégie de Ressources naturelles Canada, le potentiel de l’hydrogène pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a estimé mardi 26 avril le commissaire à l’environnement et au développement durable, Jerry DeMarco, évoquant des hypothèses utilisées « irréalistes ».

Par la rédaction, avec AFP

 

Le pays a pour objectif de réduire d’ici 2030 les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005, notamment en s’appuyant sur l’hydrogène. D’après un rapport publié mardi par l’organisme indépendant de surveillance parlementaire, Ottawa a surestimé le potentiel de l’hydrogène dans la réduction des émissions de GES du pays, évoquant par exemple le fait que la stratégie pour l’hydrogène supposait un prix de l’électricité « faible » et l’adoption de politiques audacieuses et parfois inexistantes, et qu’elle reposait sur des « hypothèses ambitieuses » quant à l’adoption de nouvelles technologies. Selon son commissaire, le coût de production de l’hydrogène vert est d’environ 62 dollars par gigajoule alors que le gaz naturel coûte 3,79 dollars, compromettant avec ce prix très élevé son utilisation à grande échelle.

Le Canada peine à réduire ses émissions

« Si le Canada ne projette pas adéquatement l’incidence de l’hydrogène dans le contexte de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la capacité à atteindre les cibles nationales de réduction pourrait souffrir », a déclaré Jerry DeMarco. « Cela est inquiétant car les émissions de gaz à effet de serre du Canada ont beaucoup augmenté depuis la signature de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques en 1992, de sorte que nous sommes le pays le moins performant du groupe du G7. » Réagissant aux rapports, Steven Guilbeault, le ministre de l’environnement, a souligné que l’hydrogène allait « jouer un rôle crucial dans l’économie du futur ». « Le Canada veut faire partie de ça« , a-t-il dit, reconnaissant que le gouvernement essaie « d’améliorer » la précision de ses projections de réduction d’émissions.

Des réductions de GES surestimées?

L’audit a révélé qu’Environnement et changement climatique Canada avait estimé que l’utilisation d’hydrogène propre pourrait entraîner une réduction d’émissions de 15 mégatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone d’ici 2030, tandis que Ressources naturelles Canada avait projeté une réduction allant jusqu’à 45 mégatonnes dans son scénario « transformateur ». L’audit recommande que le gouvernement fédéral adopte un cadre normalisé pour estimer les émissions futures, et qu’Environnement et Cchangement climatique Canada améliore la qualité et la transparence de sa modélisation des changements climatiques et qu’il se sert d’hypothèses raisonnables, efficientes et réalisables sur le plan technique. Si elles sont mises en œuvre, ces recommandations contribueront à améliorer la modélisation climatique du Canada de façon générale, et non seulement en ce qui a trait à l’hydrogène.

Un manque d’anticipation pointé du doigt

Dans un autre rapport publié mardi intitulé « Audit de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone », le commissariat à l’environnement estime par ailleurs qu’Ottawa n’avait pas assez anticipé l’impact pour les dizaines de milliers de travailleurs du secteur de cette transition énergétique. « Nous avons constaté qu’à mesure que le Canada se tourne vers des nouvelles solutions à faibles émissions de carbone, le gouvernement n’est pas prêt à offrir une aide suffisante à plus de 50 collectivités et de 170 000 travailleuses et travailleurs dans le secteur des combustibles fossiles », a affirmé Jerry DeMarco. L’audit a constaté qu’il n’y avait en place aucun plan de mise en œuvre fédéral, aucune structure de gouvernance officielle, ni aucun système de suivi et de rapport visant à appuyer une transition équitable, et que la loi à l’appui avait été retardée. À l’automne, Jerry DeMarco avait relégué le Canada au rang de plus mauvais élève des pays du G7 concernant sa performance visant à lutter contre les changements climatiques. Quatrième producteur de pétrole au monde, le Canada se classe parmi les 10 plus grands émetteurs d’émissions de gaz à effet de serre (GES) de la planète et compte l’un des plus hauts taux d’émissions par habitant.