La filière des gaz liquides réclame plus « d’équité »

Publié le 11/10/2022

6 min

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Le 14 septembre, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé le prolongement du bouclier tarifaire mais aussi une enveloppe spécifique allouée aux ménages se chauffant au fioul et au bois. Bercy a annoncé en fin de semaine une aide versée à partir du 8 novembre pour les personnes se chauffant au fioul. Plusieurs acteurs représentant de la filière énergétique mais aussi du monde rural s’inquiètent que le butane et le propane, énergies principalement utilisées dans nos campagnes, ne bénéficient d’aucune mesure de soutien. Dans une lettre ouverte adressé à la Première ministre, France gaz liquides et l’association Coénove évoquent un manque « d’équité » et demandent à ce que ce dispositif n’exclut « aucun ménage » ni « aucune énergie ».

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« C’est l’une des énergies de la ruralité » nous confiait il y a quelques semaines,  un représentant de Primagaz qui réclamait  une « équité » de traitement entre les gaz liquides et les autres énergies non compris dans le bouclier tarifaire comme le fioul ou le bois. Les gaz liquides (butane, propane et biopropane) alimentent  près de 20 000 communes non raccordées au réseau de gaz, « soit 600 000 familles vivant en zones rurales » rappelle France gaz liquides, l’association représentante de la filière des gaz butane et propane. « La mobilisation des pouvoirs publics pour soutenir le pouvoir d’achat des Français ne saurait les exclure, à l’heure où 22,5 % des habitants des zones rurales sont menacés de pauvreté ou d’exclusion » soulignait il y a quelques jours Thierry Chapuis, délégué général de l’Association française du gaz dans un communiqué commun avec France gaz liquides et l’Union sociale pour l’habitat (USH). « Le mouvement HLM a toujours défendu la mixité des solutions et l’équité de traitement de nos concitoyens devant la charge énergétique » soulignait Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, évoquant « la pénalisation économique de certains ménages, notamment en zones rurales » comme une « non option ». « Aujourd’hui, en France, un Français sur trois s’alimente en gaz liquides. Nous sommes la troisième énergie consommée »  rappelait lors du congrès du gaz, fin septembre, Natacha Cambriels, présidente de Butagaz et de FGL.

Une enveloppe de 230 millions d’euros pour le fioul

Cet été, lors des débats de la loi pouvoir d’achat, une enveloppe de 230 millions d’euros non prévue initialement par le gouvernement a été incluse dans la loi pour les ménages modestes se chauffant au fioul. Le ministère de l’Économie et des finances a explicité hier les détails d’attribution de cette somme qui concernera environ 1,6 million de foyers sur les 2,8 millions qui se chauffent au fioul. Cette aide comprise entre 100 et 200 euros en fonction des revenus sera distribuée à partir du 8 novembre sur le site chequeenergie.fr« un simulateur permettra de savoir qui est éligible » précise Bercy. Par exemple, 200 euros pour une personne seule au smic avec au moins un enfant ou 100 euros pour une femme seule avec 2 enfants gagnant environ 3 000 euros nets par mois. Cette aide supplémentaire constitue concrètement le deuxième « chèque énergie » envoyé par l’État cette année après celui « classique » envoyé au printemps qui concerne 6 millions de ménages et celui « exceptionnel » qui sera envoyé d’ici la fin de l’année, comme annoncé par la Première ministre à la mi-septembre et qui concernera 12 millions de ménages. Si cette aide fioul n’est pas « applicable aux factures de fioul déjà acquittées », Bercy souligne qu’elle pourra être utilisée jusqu’en mars 2024 « pour le paiement de tout type de facture d’énergie » (gaz, d’électricité, fioul, pellets de bois, etc.). Le GPL devient donc la seule énergie hors réseau « qui ne bénéficie pas d’aide supplémentaire liée à la crise » selon la filière. Le chèque énergie envoyé au printemps et celui exceptionnel à venir  « peut être utilisé pour toutes les énergies » répond Bercy.

 

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Le GPL exclu de tout dispositif ?

Dans une lettre ouverte adressée à Élisabeth Borne et publiée ce jour, France gaz liquides et Coénove estiment «difficilement justifiable » « socialement et environnementalement parlant » l’exclusion du butane et du propane et leur pendant renouvelable, le bioproprane, des dispositifs mis en place par le gouvernement pour accompagner les ménages français dans cette conjoncture économique particulièrement difficile, alors que l’inflation vient de passer le cap des 6 % en septembre. Une « différence de traitement » qui ne peut être justifiée selon la filière sur le seul fait que le GPL a moins augmenté (+ 17 %) que le fioul (+ 90 %) et le bois (+ 45 %) sur un an alors que « se chauffer au fioul ou au propane coûte moins de 17 euros les 100 kilowattheure (KWh) et près de 9 euros pour le bois  [NDLR : prix en juin 2022] ». Une décision qui ne se justifie pas non plus d’un point de vue environnemental  puisque « le propane émet – 20 % de CO2 et le biopropane – 77 % de CO2 » et dont la combustion « contrairement à celle du bois » n’émet « aucune émission de particules nocives ». Alimentant près de 600 000 familles principalement en zones rurales – qui ont en général des factures d’énergie plus conséquentes que la moyenne des Français soulignait il y a quelque mois Familles rurales -, les représentants de la filière mais aussi des associations de consommateurs se disent « très préoccupés » qu’aucune solution ne soit proposée pour ces familles qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire sur le gaz naturel et seront confrontées aux mêmes difficultés, voire davantage, que tous les Français à l’approche de l’hiver, puisqu’elles font face en moyenne selon l’Insee à un surcoût de l’ordre de 20 %.

Crédit : Shutterstock.