Une coordination mondiale de recherche et innovation autour du carbone dans les sols est lancée

Publié le 13/11/2022

4 min

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Le 28 octobre, l’Institut national de la recherche agronomique a lancé avec 12 partenaires internationaux un projet pour opérationnaliser la coopération internationale de recherche sur le carbone du sol. Baptisé « ORCaSa », il vise à fédérer les efforts de recherche, mutualiser les connaissances et proposer les bases d’un système d’évaluation.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Puits ou sources de carbone selon les conditions pédoclimatiques et l’usage, « les sols pourraient représenter un réservoir de carbone deux à trois fois plus important que la biomasse végétale ou l’atmosphère » note l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). La mutualisation et le perfectionnement des connaissances sur ce sujet constituent donc un élément majeur pour l’Union européenne pour construire ses politiques d’atténuation mais également pour « nourrir » la transition agroécologique. Derrière cela, c’est aussi la question de l’utilisation des terres qui est posée. Entre co-bénéfices et co-impacts, l’enjeu de la planification sera un socle essentiel des politiques publiques en la matière.

Évaluer « précisément » la séquestration du carbone dans les sols

Nous le savons, la gestion des sols a une incidence sur les processus biologiques qui font que les sols perdent ou gagnent du carbone. Le projet « ORCaSa » prévu pour une durée de trois ans fait suite à un premier projet « Circasa » déjà financé entre 2017 et 2020 par la Commission dans le cadre de son programme « Horizon Europe ». Aujourd’hui, le stockage du dioxyde de carbone dans les sols représenterait un volume de plus de 1 500 milliards de tonnes contre seulement la moitié pour l’atmosphère ou les végétaux. « Les sols sont au cœur des flux de carbone du système terrestre » souligne l’Inrae qui ajoute : « Empêcher le carbone du sol d’entrer dans l’atmosphère, voici la stratégie que les chercheurs et agriculteurs veulent développer afin de piéger les gaz à effet de serre. »

Quels sont les objectifs du projet « ORCaSa » ?

France, Italie, Belgique, Vietnam, Pays-Bas, Ghana, États-Unis, Brésil et Australie sont les neuf pays qui vont intégrer le consortium international de recherche qui doit se déployer dans le cadre du projet « ORCaSa ». « ORCaSa » proposera également « un programme stratégique unique de recherche et d’innovation » axé sur les sols agricoles et non agricoles. Le projet développera en parallèle KP4SoilCarbon, une plateforme de connaissances et de partage sur le carbone. Il permettra enfin la préparation d’un système MRV (mesure, rapport et vérification) « innovant, peu coûteux et reconnu au niveau international ». Déterminer de manière précise le potentiel de séquestration à une maille très fine et quelles que soient les conditions pédo-géologiques reste l’objectif principal du programme.

Tous les sols sont concernés

Les sols gagnent et perdent du carbone en fonction de leur type, de la gestion et des conditions climatiques, d’où des différences naturelles entre les pays en ce qui concerne l’effet net des gaz à effet de serre. Dans l’ensemble, les sols de l’UE perdent du carbone sous forme d’émissions de CO2, ce « qui pourrait entraver la réalisation des objectifs climatiques de l’Union européenne si cette tendance n’est pas inversée » note l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Dans une note publiée en septembre, l’AEE indique qu’en 2019, les États membres de l’UE ont signalé « une perte de carbone de 17,8 millions d’hectares de terres comportant des sols organiques (4,2 % de la superficie totale des terres), ce qui correspond à des émissions de 108 millions de tonnes de CO2, tandis que 387,6 millions d’hectares de sols minéraux ont permis une absorption nette de 44 millions de tonnes de CO2 ».