La France doit « doubler » son « taux d’effort » pour réduire ses émissions de carbone

La France doit «doubler» son «taux d’effort» pour réduire ses émissions de carbone si elle veut atteindre ses objectifs en 2030, a admis samedi le président Emmanuel Macron, en traçant un calendrier -de février à juin- des échéances à respecter par secteur d’activité (transports, agriculture…).

Publié le 30/01/2023

6 min

Publié le 30/01/2023

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La planification écologique et sa déclinaison par secteur étaient au programme du conseil interministériel du 26 janvier réuni à l’Élysée. Samedi, le président de la République a décliné dans une vidéo sur YouTube les grandes lignes de sa stratégie et a esquissé un calendrier avec un texte de planification écologique qui devrait être finalisé d’ici la fin du semestre. Que faut-il retenir ?

 Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

En matière de planification écologique, le président de la République veut aller « plus vite et plus loin ». Un des grands défis du quinquennat sera de mettre la France sur une trajectoire lui permettant d’atteindre l’objectif de baisse des émissions de 40 % d’ici à 2030 par rapport à 1990. Les émissions de gaz à effet de serre ont considérablement chuté en 2020 en France, de l’ordre de 10 %. Cette baisse, liée en premier lieu à la crise pandémique, n’est que conjoncturelle. Pourtant, les émissions de GES ont bien diminué en France. Le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) observe une « baisse continue depuis 2017 ». Mais cette baisse, en moyenne de 1,9 % chaque année, s’avère toujours « insuffisante » selon le Haut Conseil pour le climat, puisque son rythme devra quasiment doubler pour  atteindre  3,3 % en moyenne sur la période 2024-2028. 

Réduire les émissions de 140 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030

« Il y a beaucoup, beaucoup de travail » reconnaît le président de la République dans une vidéo postée le 28 janvier sur YouTube, qui revient sur le conseil de la planification écologique qui a réuni deux jours plus tôt les ministres des secteurs concernés autour de la Première ministre. « Aujourd’hui on n’y est pas et on n’y arrivera pas si on continue ainsi » a-t-il ajouté, expliquant que si la France avait réussi au cours des cinq dernières années à baisser cinq fois plus vite que sur la période précédente son rythme d’émissions de gaz à effets de serre, la marche à franchir d’ici 2030 devrait être encore doublée. Autrement dit, il nous faudra passer de 410 millions de tonnes de CO2 émis en 2022 à 270 Mt en 2030. Si le président de la République évoque une déception dans le secteur des transports qui représente 30 % des émissions et qui non seulement ne baisse pas, voire augmente légèrement, il souligne que le plan de sobriété présenté en octobre « fonctionne  » puisqu’en 2022 la France a diminué ses émissions « de 14 millions de tonnes pour atteindre 410 millions de tonnes« . Comme annoncé par la Première ministre lors de la présentation de France nation verte, sur chacun des grands secteurs émissifs – transport (30 %), agriculture (19 %), industrie (19 %), bâtiment (19 %), énergie (10 %) -, une déclinaison sectorielle sera faite avec les ministres concernés et un nouveau conseil de la planification aura lieu en mars avec l’objectif « d’un texte finalisé à la fin du premier semestre » précise Emmanuel Macron.

 

Le secteur des transports en première ligne

Selon le Citepa, les émissions de CO2 représentent près de 97 % des émissions de GES des transports et sont essentiellement dues aux émissions du transport routier (94 %). La moitié des émissions de CO2 de l’ensemble des transports (51 %) provient de voitures particulières. Et c’est justement sur les voitures particulières que le président de la République estime que le levier d’action est le plus important. C’est « le plus rentable à l’euro investi pour diminuer la tonne de CO2 » souligne Emmanuel Macron qui estime qu’il faut réussir à électrifier massivement le parc de véhicules particuliers. Inciter les particuliers à changer de véhicules via un accompagnement financier mais aussi produire des véhicules sur notre sol sont parmi les priorités du gouvernement. Si plusieurs dispositifs financiers (prime à la conversion, prêt à taux zéro…) ont effectivement été mis en place ces dernières années, le coût d’une voiture électrique neuve, la faible disponibilité de véhicules sur le marché de l’occasion et les infrastructures insuffisamment développées, notamment en zones rurales, inquiètent les particuliers. Le président de la République précise que des actions pour intensifier les efforts de réduction des émissions dans le secteur des transports seront proposées dès cet été par les ministres concernés, avec notamment des solutions pour améliorer les transports publics (RER métropolitains) mais aussi les lignes ferroviaires.

Une déclinaison sectorielle et territoriale attendue

Pour le secteur agricole, Emmanuel Macron a annoncé la finalisation d’un plan pour le mois de juin, faisant référence à une loi d’orientation agricole notamment pour les jeunes agriculteurs dans un secteur où, entre 2010 et 2020, la France a perdu 100 000 exploitations selon le dernier recensement agricole et avec une baisse importante (- 31 %) de l’élevage et une population d’agriculteurs vieillissante. Dans cette future loi, il faut mieux « valoriser la production d’énergie, de biomasse et le stockage carbone » souligne le président de la République. Pour le secteur du bâtiment, il faut aussi « accélérer », même si la politique de rénovation à travers notamment Ma prime rénov’, « porte ses fruits ». Un effort particulier doit être fait sur les bâtiments publics et les logements sociaux, estime le président en évoquant « une organisation de l’effort plus innovante » dans une « logique de transition juste ». Dans le secteur industriel, « où beaucoup de choses se mettent en place », Emmanuel Macron est « optimiste » avec des solutions déjà identifiées et des pistes à mettre en œuvre. Une stratégie de décarbonation en lien avec l’engagement des 50 industries les plus polluantes devrait être présentée en mai. Enfin, dans le secteur de l’énergie, le plan de sobriété va être « pérennisé » et plusieurs textes sont d’ores et déjà prévus cette année pour produire plus vite, faisant référence à plusieurs projets de loi finalisés comme celui sur les énergies renouvelables ou à l’étude ces prochains mois.

Crédit : Shutterstock.