La pluie n’est pas tombée en France depuis le 21 janvier, soit une série de 32 jours consécutifs. « Du jamais vu durant un hiver météorologique » indique Météo France qui n’avait pas constaté une tel phénomène depuis le début des mesures en 1959. Et si la pluie est attendue aujourd’hui dans une grande majorité des régions françaises, ce déficit pluviométrique inquiète fortement les météorologues alors que l’année 2022 avait déjà connu de longues périodes de sécheresse et de chaleur impactant particulièrement le monde agricole mais aussi la production hydraulique.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

« La France est en état d’alerte » soulignait ce matin sur France Info le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, reprenant les données fournies par Météo France affirmant que nous vivons la plus longue série de jours sans pluie enregistrée depuis 1959. Le ministre estime que le déficit de pluie entraîne un « retard de deux mois dans le remplissage des nappes phréatiques ». Une situation inquiétante alors que le mois de février s’annonce « excessivement sec », selon Météo France, avec moins d’un millimètre de précipitations par jour et qui « devrait se terminer avec un déficit pluviométrique de plus de 50 % », soit l’un des mois de février les plus secs jamais enregistrés.

Des sols toujours plus secs

Les sols sont « nettement plus secs qu’ils ne devraient l’être à cette période de l’année » et ressemblent davantage à des sols de mi-avril. Cet asséchement des sols partout sur le territoire, même s’il est plus marqué dans le Roussillon, l’Aude ou les Pyrénées-Orientales, est particulièrement inquiétant alors que la France et l’Europe ont battu des records de températures l’année dernière. Mais le plus inquiétant est que cette sécheresse météorologique, loin d’être une exception, serait plutôt en train de devenir la norme. Depuis août 2021, « seuls trois mois n’ont pas été déficitaires en pluie » précise l’organisme public, qui ajoute que l’hiver 2023 « figurera parmi les 10 hivers les moins arrosés depuis 1959 ».

L’agriculture particulièrement impactée

Les secteurs agricoles ont été fortement touchés par la multiplication d’aléas climatiques inédits et plus particulièrement la sécheresse de l’été 2022 qui a mis à mal de nombreuses productions. Dans une note publiée en septembre, les chambres d’agriculture de France ont recensé les difficultés rencontrées par les agriculteurs dans toutes les régions. La sécheresse a impacté presque toutes les filières alors que les épisodes de gel et de grêle tardifs avaient déjà fait des ravages chez les arboriculteurs, les viticulteurs et les maraîchers. De très fortes difficultés ont été observées en Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine et dans le Grand Est chez les éleveurs avec une production fourragère ultra déficitaire et quasi à l’arrêt dans certains départements comme le Cantal, la Corrèze ou la Haute-Loire. En Île-de-France et en Occitanie, des baisses importantes de rendements ont été observées sur les grandes cultures non irriguées comme le maïs, les tournesols ou encore les betteraves. De nombreux départements étaient concernés par des arrêtés sécheresse au 1^er septembre 2022 avec pour une grande majorité des arrêts de prélèvements d’eau. Près « de 300 millions d’euros d’aides conjoncturelles, dont 170 millions d’euros pour la sécheresse » ont été attribuées l’année dernière indique le ministère de l’Agriculture et la de la souveraineté alimentaire.

La production hydroélectrique a chuté de 20 % en 2022

Si l’année 2022 a été marquée, entre autres choses, par une baisse de la production d’électricité à partir de nucléaire, due à un parc plus faiblement disponible que les années précédentes, les longues périodes de sécheresse et des canicules successives enregistrées en 2022 ont fait plonger la production hydraulique française qui a atteint « son plus bas niveau depuis 1976 » et qui « a reculé de 20 % » par rapport à la moyenne 2014-2019, indiquait RTE en fin de semaine de semaine dernière dans son bilan annuel.

Anticiper les alertes sécheresse cet été

Outre le manque de pluie, « il fait plus chaud que la norme en France », le phénomène impactant fortement les écosystèmes. L’enneigement des massifs pyrénéens et alpins, plus faible, n’alimentera pas dans les mêmes proportions les rivières pendant la fonte au printemps, et les stocks d’eau qui se reforment habituellement entre septembre et mars sont actuellement à des niveaux très « bas » note Météo France, qui espère que la pluviométrie des prochains moins permettra de passer l’été. Quoi qu’il en soit, cette situation inquiète le gouvernement qui organise demain un comité d’anticipation et de suivi hydraulique et a déjà annoncé une réunion avec les préfets de région lundi pour envisager des restrictions « soft » dès le mois de mars afin d’éviter des arbitrages et des arrêts de prélèvement à l’été alors que plusieurs départements du sud-est sont toujours ou ont été de nouveau placés en alerte sécheresse.