Île-de-France : la qualité de l’air s’améliore mais l’impact sanitaire reste important

40 000 Franciliens respirent toujours un air dont les concentrations de dioxyde d’azote dépassent la valeur limite réglementaire française et européenne souligne un rapport d'AirParif. ©Shutterstock

Publié le 13/04/2023

5 min

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La qualité de l’air en Île-de-France s’est légèrement améliorée en 2022, mais les niveaux de pollution observés restent encore loin de respecter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a annoncé le 13 avril l’Association francilienne indépendante de surveillance et d’information sur la qualité de l’air, Airparif.

Par la rédaction, avec AFP

 

Si des réductions et des améliorations globales de la qualité de l’air ont été constatées au cours des deux dernières décennies, la pollution atmosphérique reste responsable d’environ 40 000 décès prématurés chaque année dans notre pays, avec un coût sanitaire externe qui se chiffre en plusieurs centaines de millions d’euros par an. Selon l’observatoire régional de la santé en Île-de-France et Airparif, 7 900 décès prématurés liés à la pollution de l’air auraient été évitables en 2022 si les mesures adéquates avaient été prises, soit autant qu’en 2021.

Pollution : la décrue se confirme

Au rayon des bonnes nouvelles, le nombre de jours de pollution en 2022 n’a jamais été aussi bas, avec 10 jours (11 en 2021). Un bémol toutefois : les particules fines (PM2,5) ne sont pas intégrées dans le seuil de déclenchement de ces alertes, souligne Airparif. Les niveaux de pollution au dioxyde d’azote et aux particules fines ont baissé en Île-de-France en 2022, poursuivant leur « amélioration entamée depuis deux décennies« . Ainsi, « pour la première fois, aucun Francilien n’est exposé à un air dont la concentration dépasse la valeur limite réglementaire pour les particules PM10 (40 microgrammes par mètre cube en moyenne annuelle) » selon la réglementation française, note Airparif. Cette baisse est notamment due aux réglementations mises en place, entraînant une « baisse tendancielle des émissions du secteur résidentiel et du trafic routier« , et aux conditions météorologiques favorables qui ont limité les émissions liées au chauffage. Près de 40 000 Franciliens restent toujours exposés à un air dont les concentrations dépassent la valeur limite pour le dioxyde d’azote (40 µg/m3 en moyenne annuelle), contre 60 000 en 2021. Des dépassements principalement observés « le long des principaux axes de circulation » précise l’association.

Des améliorations « à nuancer »

Mais tout cela est à nuancer, souligne Airparif, rappelant que la réglementation française reste toujours très en dessous des préconisations de l’OMS. Les lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air évaluent les effets de la pollution atmosphérique sur la santé et fournissent des valeurs seuils au-delà desquelles elle lui est nuisible. En 2019, 99 % de la population mondiale vivaient dans des endroits où les seuils préconisés dans les lignes directrices de l’OMS n’étaient pas respectés, c’est dire si le défi est important. Ces lignes directrices, fondées sur l’évaluation par des experts des données scientifiques actuelles, ont été révisées en 2021. Selon ces dernières, l’année dernière, les 12 millions d’habitants de la région Île-de-France ont été exposés à un air dont les concentrations en particules fines et en ozone de basse altitude dépassent les seuils recommandés par l’OMS et 11,5 millions de Franciliens pour le dioxyde d’azote. L’OMS recommande une exposition aux PM10 ne dépassant pas 15 microgrammes/m3 en moyenne annuelle. Pour les PM2,5, la limite en moyenne annuelle est fixée à 5 microgrammes/m3.

L’ozone, le point noir

Mais le point noir en Île-de-France reste l’ozone de basse altitude, polluant de l’air et gaz à effet de serre qui se forme par combinaison d’autres polluants en présence d’une forte chaleur et d’un fort ensoleillement. Sa présence s’accroît avec le réchauffement climatique. La concentration de ce gaz ne présente aucune amélioration et aurait même tendance à progresser, l’objectif de qualité étant dépassé en tout point de la région en 2022, aussi bien au regard de la réglementation française (limite de 120 microgramme/m3 sur une période de 8 heures) que de celles de l’OMS (100 microgrammes/m3 sur 8 heures). Il faut une « approche conjointe des enjeux air et climat » rappelle Airparif.

Le 26 octobre, la Commission européenne a annoncé la révision des directives sur la qualité de l’air afin de les aligner plus « étroitement » sur celles de l’Organisation mondiale de la santé. Un processus d’abaissement des valeurs limites pour la pollution de l’air qui, sans être alignées sur celles de l’OMS, s’en rapprocheront d’ici à 2030 (10 microgramme/m3 pour les PM 2,5 et 20 microgrammes pour le dioxyde d’azote). Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), la pollution atmosphérique est responsable de 300 000 décès prématurés chaque année en Europe et d’un nombre important de maladies telles que l’asthme, les problèmes cardiovasculaires et le cancer du poumon, qui lui sont attribuées.