Réindustrialisation de la production renouvelable : quelles sont les annonces ?

Shutterstock

Publié le 30/05/2023

5 min

Publié le 30/05/2023

Temps de lecture : 5 min 5 min

Pacte solaire de réindustrialisation, label du solaire « made in France et made in Europe », label des « Écoles de la transition énergétique », appel à manifestation d’intérêt ports et industrie de France 2030 : plusieurs annonces ont été faites par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, pour accélérer la réindustrialisation des filières renouvelables, le 25 mai, à l’issue d’un groupe de travail pour la réindustrialisation de la production renouvelable.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Pour rendre la transition énergétique « socialement acceptable », il faut « montrer tous les co-bénéfices pour les Français, pour les territoires » a souligné Agnès Pannier-Runacher en préambule d’une réunion où elle réunissait avec Roland Lescure l’ensemble des industriels des filières du renouvelable (solaire, éolien terrestre et en mer, géothermie, chaleur renouvelable, réseau…). Objectif pour le gouvernement qui vient de présenter le projet de loi industrie verte : faire un premier bilan avec chaque filière de son potentiel industriel et de sa capacité notamment à produire et fabriquer en France et en Europe, alors que le président de la République a lancé début mai le chantier de la réindustrialisation.

Préparer les filières industrielles

Pour la ministre de la Transition énergétique, plusieurs secteurs sont particulièrement stratégiques : le solaire, l’éolien flottant, la géothermie, le bois énergie et les métaux critiques. Le projet de loi industrie verte « doit préparer la France à l’industrie de demain » souligne Roland Lescure qui évoque tous les leviers administratifs (accélération des permis, simplification, critères environnementaux dans la commande publique…) et financiers (France 2030, livret « climat » dédié aux jeunes) et l’enjeu « crucial » de la formation pour y parvenir. Augmenter la production d’énergie renouvelables dans notre pays (la part des énergies renouvelables s’élevait à 20,7 % dans notre consommation finale brute d’énergie en 2022 selon des données encore provisoires fournies par le ministère de la Transition énergétique), cela implique, au-delà de l’industrialisation des process et des projets, une maîtrise de la chaîne de valeur et pour certains secteurs comme le solaire et l’éolien où plus de 90 % des pièces sont produites en Asie, une relocalisation des productions sur le territoire national et européen. Si l’industrie de biogaz est peu présente dans ce projet de loi, elle répond déjà pourtant à ce critère puisque 90 % de sa valeur ajoutée se trouve en France et en Europe.

Accélérer sur le solaire et l’éolien offshore 

D’ici la fin de l’été, l’État et la filière solaire partageront sous la forme d’un pacte solaire de réindustrialisation leur vision commune pour sécuriser le tissu productif industriel national à travers des engagements précis sur le contenu local des projets, notamment les débouchés en termes d’emplois. Pour donner plus de visibilité à cette dimension locale, et à l’instar de ce qui a déjà été fait pour l’éolien en mer l’année dernière, un label du solaire « made in France » et « made in Europe» sera créé. Il apporte également « davantage de visibilité au consommateur » précise le MTE qui indique déjà que d’autres labels pour l’éolien terrestre et les réseaux seront mis en œuvre. Pour l’éolien en mer, des appels à manifestation d’intérêt ports et industrie de France 2030 ont été annoncés par les ministres ainsi que la publication prochaine d’une feuille de route définissant la stratégie des ports français pour accueillir des projets d’éoliens flottants. Rappelons que la France vise un objectif de l’ordre de 40 GW en service en 2050, soit une cinquantaine de parcs éoliens en mer. Le premier parc à Saint-Nazaire a été mis en service l’année dernière. La géothermie est également une piste « stratégique » pour le gouvernement qui, après avoir annoncé un plan national en février, prépare déjà une « V2 » tournée vers l’industrialisation des forages et l’élargissement du périmètre aux Outre-mer et plus généralement à l’ensemble des zones non interconnectées. Autre appel à projets annoncé (opéré par l’Ademe cette fois) : celui qui vise à renforcer la production de pellets en France, qui a vocation à faire « émerger une offre de granulés diversifiée, en adéquation avec la ressource française et permettant l’adaptation et le développement d’usines de granulés », dans un contexte d’augmentation croissante de la demande. Les ministres ont également annoncé la création d’un fonds d’investissement dédié pour les minéraux et métaux critiques.

Former les « forces vives du pays »

Maint fois répété depuis quelques semaine, l’enjeu de la formation sera central. Et il concerne toutes les filières. Agnès Pannier-Ruancher et Roland Lescure vont lancer une stratégie visant « à mobiliser l’ensemble des compétences nécessaires à la transition énergétique » sur une initiative similaire au programme « Match » du Gifen qui a fait notamment émerger un besoin en recrutement dans la filière de nucléaire de près de 100 000 personnes d’ici 2030. Une étude recensant les besoins en emplois et en compétences en 2035 et 2050 dans 10 filières du renouvelable, dont celle du biogaz, sera réalisée en se tablant sur des critères de trajectoire de production énergétique et de réindustrialisation. Le comité stratégique de filière nouveaux systèmes énergétiques a été chargé de préparer un label des « Écoles de la transition énergétique » afin de donner davantage de visibilité aux offres de formations existantes qui peinent à attirer, comme les soudeurs, malgré une grande demande sur le marché, et ambitionne aussi de créer de nouvelles offres, en adéquation avec les besoins des industriels.