Une ligne de production pilote d’électrolyseurs servant à la production d’hydrogène décarboné a été inaugurée jeudi 8 juin sur le site de Genvia à Béziers (Hérault), étape vers la production à grande échelle, dans un secteur clé pour la transition énergétique et la reconquête industrielle.

Par la rédaction, avec AFP

Créée en mars 2021 et issue de la recherche du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et d’une collaboration avec les groupes SLB (ex-Schlumberger), Vinci et Vicat, soutenue par l’État et la région Occitanie, Genvia développe une technologie de rupture pour produire de l’hydrogène vert à bas coût, fruit de 15 années de recherche et développement par le CEA. Genvia, c’est une technologie d’électrolyseur d’oxyde solide à haute performance pour la production d’hydrogène décarboné, concrètement des électrolyseurs haute température permettant de produire de l’hydrogène à partir de la molécule d’eau (H₂O) sous forme de vapeur. Un projet de rupture et d’excellence pour la recherche française qui va permettre de valoriser la chaleur fatale et d’améliorer de manière importante le rendement de la production d’hydrogène.

Une première ligne pilote en fonctionnement

« Ici, à Béziers, nous allons créer un laboratoire de talents au service d’une technologie compétitive et d’une énergie futuriste » nous avait confié en 2022, Florence Lambert, directrice de Genvia. L’inauguration de cette première ligne de production pilote lance concrètement l’aventure de Genvia, une « pépite française » selon le président de la République, qui va permettre de « réconcilier l’aventure industrielle, la croissance économique avec la décarbonation de nos économies et la bataille pour le climat » avait-il souligné en novembre 2021 lors de l’inauguration du site de l’entreprise à Béziers. La ligne pilote, condensé de technologies de pointe faisant notamment appel à l’intelligence artificielle, est conçue pour « tester et valider de nouveaux processus de production », avant de les mettre en œuvre à grande échelle à partir de 2026, selon l’entreprise. « L’inauguration de cette ligne de production pilote marque une étape majeure dans l’histoire de Genvia en Occitanie mais également dans le cadre de la filière hydrogène en France et en Europe » souligne Carole Delga, présidente de la région Occitanie. « C’est un acte concret de notre engagement commun entre acteurs privés et publics pour la souveraineté énergétique et la réindustrialisation de la France » a-t-elle ajouté. L’usine de Genvia est « l’un de ces beaux projets que l’État soutient avec France 2030 et qui positionne le bassin industriel de Béziers comme acteur mondial de la  transition écologique et de l’innovation énergétique » indique Bruno Bonnell, secrétaire général de France 2030. De son côté, le ministre délégué à l’industrie Roland Lescure, tout comme la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, alors que la réactualisation de la stratégie hydrogène française devrait être annoncée  prochainement, rappelle « la place incontournable » jouée par l’hydrogène renouvelable dans la stratégie de décarbonation de la France et l’engagement de l’État pour y parvenir alors que les 10 premières gigafactories françaises doivent être mises en service d’ici la fin de la décennie.

La montée en puissance

Après la structuration, voici venu le temps de la montée en puissance. « Les trois prochaines années s’inscrivent dans une phase de développement et de dérisquage de la technologie appliquée sur sites industriels » indique l’entreprise française. Après le déploiement de sa ligne pilote de fabrication d’électrolyseurs haute température à Béziers, Genvia installera fin 2023 un démonstrateur (200 kg par jour), fabriqué sur Béziers et « testé en interne ». Un  second sera installé dans le locaux du CEA l’année suivante, à Grenoble. Dès 2025, un démonstrateur en conditions réelles, toujours de même puissance, sera installé sur le site d’ArcelorMittal précise le communiqué. Un choix qui ne doit rien au hasard, les aciéries étant probablement un des plus grands potentiels de marché pour Genvia. À partir de 2026, Genvia lancera son premier produit, l’H-Pod 600 (600 kg par jour), « tout d’abord en interne, puis auprès d’autres partenaires privilégiés (chimie, énergie, hub H₂) » indique la feuille de route de l’entreprise française. Une entreprise qui travaille également de pair avec la région pour développer une offre de formation et de compétences locales adaptées à ses besoins, elle qui va contribuer aux 5 200 emplois supplémentaires qui seront créés d’ici la fin de la décennie avec la concrétisation des 10 gigafactories.