Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a présenté le 15 juin les grandes priorités de la future présidence espagnole du Conseil de l’UE qui débutera le 1^er juillet. Renforcer l’autonomie stratégique de l’Union, notamment industrielle, et accélérer la transition écologique figurent, sans surprise, parmi les priorités de l’Espagne, alors que plusieurs textes importants du « Fit for 55 » doivent encore être adoptés d’ici la fin de l’année.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Lors d’une conférence de presse, la semaine dernière, Pedro Sánchez a clairement annoncé que la réindustrialisation de l’Europe demeurait une priorité. « Je pense qu’au cours des quatre dernières années, nous avons tiré de nombreuses leçons du processus de désindustrialisation en Europe et de ses conséquences, ainsi que des faiblesses et des vulnérabilités que nous avons accumulées en conséquence », a-t-il souligné, estimant que l’autonomie stratégique de l‘UE passait par la reconquête de sa souveraineté industrielle. Le « Net Zéro Industry Act » en sera un pilier.

La réindustrialisation : l’axe fort

Si le premier ministre reconnaît un certain bénéfice à l’ouverture à l’ international, notamment pour la croissance économique, il estime également que la perte de souveraineté sur des secteurs clés que sont les technologies numériques, la santé, l’énergie mais aussi l’alimentation, ont fragilisé l’Union européenne. Inverser la tendance, c’est donc la volonté de Madrid qui entend mener sur ce sujet plusieurs actions. En premier lieu, favoriser le développement d’´industries et de technologies stratégiques en Europe, élargir et diversifier les relations commerciales et renforcer les chaînes d’approvisionnement continentales. Madrid souhaite également proposer une stratégie commune pour assurer « la sécurité économique et le leadership mondial de l’UE d’ici 2030 ».

S’adapter au changement climatique

Le climat en Europe s’est réchauffé de 2,3 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle, avec un « rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale depuis les années 1980 »  ont annoncé lundi l’ONU et le programme européen Copernicus. L’Europe plus chaude, plus sèche, plus vulnérable, doit plus que jamais « s’adapter » au changement climatique. Pour Pédro Sanchez, anticiper et favoriser la transition écologique et énergétique de nos modes de production, c’est créer une « formidable opportunité » de réduire la dépendance d’énergie et de matières premières, de créer des emplois et de favoriser la compétitivité des entreprises. Sujet éminemment important pour Madrid comme pour l’ensemble des États membres, la réforme du marché de l’électricité. Selon Paris, une orientation devrait être adoptée dans les prochains jours. Outre cette réforme, Madrid s’emploiera également à accélérer le déploiement des énergies renouvelables tels que voulu dans le plan REPowerEU mais aussi plusieurs textes du « Fit for 55 » tels que le paquet gaz et hydrogène et les règlements en matière d’efficacité énergétique qui devront être adoptés d’ici la fin de l’année.

Une plus grande équité sociale et économique

La présidence espagnole plaidera en faveur de l’établissement de normes minimales communes en matière de fiscalité d’entreprises dans tous les États membres et luttera contre l’évasion fiscale des grandes multinationales « qui coûte chaque année à l’UE 1,5 % de PIB, c’est-à-dire le même montant que celui qu’elle consacre au logement et à la protection de l’environnement ». Madrid envisage également de réviser le cadre financier pluriannuel 2021-2027 et à réformer des règles fiscales et de combiner la viabilité des fonds publics avec le financement adéquat des transitions verte et numérique.

Renforcer l’unité européenne

Le Premier ministre espagnol veut « développer l’identité et les valeurs communes de l’Europe ». Objectif pour Pedro Sánchez : renforcer l’unité de l’UE qui a fait preuve d’une grande solidarité énergétique cet hiver mais qui souffre d’une certaine défiance vis-à-vis des souverainetés nationales. La présidence espagnole plaidera en faveur d’un approfondissement du marché intérieur, de l’achèvement de l’union bancaire et de l’union des marchés des capitaux, de la consolidation et de l’amélioration des instruments communs tels que les fonds NextGenerationUE, d’une gestion plus efficace et coordonnée des processus de migration et d’asile, et d’un soutien coordonné à l’Ukraine et à d’autres États voisins.