Les tarifs de l’électricité vont augmenter de 10 % au 1er août

Depuis 2021, le tarif réglementé de l'électricité, dont dépendent quelque 23 millions de clients, aura donc augmenté de 31%. ©Shutterstock

Publié le 18/07/2023

6 min

Publié le 18/07/2023

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Le gouvernement a annoncé le 18 juillet une hausse de 10 % des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août, en raison d’une réduction progressive du bouclier tarifaire mis en place depuis deux hivers. Une annonce qui a mis vent debout les oppositions alors que l’exécutif martèle que la France est le pays d’Europe qui « a le plus protégé les Français face à l’augmentation des coûts de l’énergie ».

Par la rédaction, avec AFP

 

Le 13 juillet, le gouvernement avait confirmé la sortie progressive du bouclier tarifaire sur l’électricité à la fin de l’année 2024. L’exécutif, qui souhaite diminuer les dépenses de l’État en 2024, sait qu’il ne peut pas continuer le « quoi qu’il en coûte » instauré pour aider les consommateurs français à faire face à la flambée des prix de l’énergie. Cette nouvelle augmentation des tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE), quelques mois après celle de février dernier (+ 15 %) et celle de février 2022 (+ 4 %), a fait l’objet d’une saisine du Conseil supérieur de l’énergie (CSE) qui devrait l’étudier le 25 juillet.

Une augmentation moyenne de 160 euros

Cette hausse concerne les clients « raccordés à un compteur d’une puissance jusqu’à 36 kilovoltampères », soit les ménages, les artisans et les petits commerces. Les grandes entreprises ne bénéficient pas du bouclier tarifaire. « Avant la hausse, la facture était de l’ordre de 1 640 euros par an. Après la hausse, elle sera à 1 800 euros » pour un consommateur moyen de chauffage électrique qui consomme 7 MWh par an, soit une augmentation de 160 euros en moyenne, calcule le gouvernement. « À partir du 1er août, le bouclier tarifaire continuera de prendre en charge la protection des Français à plus du tiers de leur facture, de l’ordre de 37 % de la facture de l’électricité, qui continue à être le niveau actuellement assuré qui est de l’ordre de 43 % », selon le gouvernement qui insiste sur le fait que le tarif de l’électricité en France reste parmi les plus bas d’Europe.

Source : CREG.

Selon la Commission de régulation de l’énergie, quelque 21,6 millions de clients résidentiels (sur 34 millions) bénéficiaient du tarif réglementé de l’électricité au 31 décembre 2022. En outre, 1,5 million de petits clients non résidentiels étaient au tarif réglementé à la même date. Le tarif de l’électricité est révisé deux fois par an, en août et en février. Depuis 2021, le tarif réglementé de l’électricité, dont dépendent quelque 23 millions de clients, aura donc augmenté de 31 % mais dans le même temps les prix sur sur les marchés mondiaux ont littéralement explosé. 

Faire baisser la dette

Les dépenses de l’État, hors intérêts de la dette, devraient reculer en 2024 grâce à l’arrêt des boucliers tarifaires de l’énergie, d’après un document préparatoire du budget publié dimanche par Bercy, une première depuis 2015 selon le ministère. Les crédits accordés aux différentes missions de l’État pour 2024 atteignent 356 milliards d’euros, en baisse de 4,8 milliards d’euros par rapport à 2023 selon ce document, la fin progressive des boucliers tarifaires pour le gaz et l’électricité expliquant ce repli. Les dépenses allouées au programme du service public de l’énergie, qui regroupe les boucliers énergétiques et l’indemnité exceptionnelle carburant passent de 21,7 milliards d’euros à 7,7 milliards d’euros, soit une économie de 14 milliards, selon le plafond de dépenses du projet de loi de finances 2024 transmis dimanche au Parlement. Le ministère de l’Économie voit aussi son plafond de dépenses baisser de plus de 3 milliards d’euros avec la fin du guichet d’accompagnement pour les entreprises très consommatrices d’énergie.

Une annonce fustigée de toute part

« Scandaleux », « anormal »... Les oppositions à l’Assemblée ont fustigé mardi l’annonce de cette hausse par la gouvernement. « C’est scandaleux, c’est honteux (…). Ce sont les ménages, les classes populaires et les classes moyennes qui vont payer », a pointé le patron du Parti communiste Fabien Roussel devant la presse. La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a dénoncé sur Twitter « un gouvernement aussi inutile contre l’inflation que contre le changement climatique ». « Ne jamais prendre au sérieux les engagements de ce gouvernement », a déploré sur Twitter le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. C’est « tout à fait anormal que le gouvernement annonce une hausse aujourd’hui alors que rien dans nos coûts de production ne le justifie », a tancé en conférence de presse le patron des députés LR Olivier Marleix, également « très inquiet de l’évolution (des prix) du gaz ». Côté Rassemblement national, la cheffe du groupe Marine Le Pen a critiqué sur Twitter « plus de 25 % de hausse du prix de l’électricité en six mois pour éponger la débâcle de la politique d’Emmanuel Macron et d’un marché européen qui spolie les Français« . En conférence de presse, le président du groupe indépendant Liot Bertrand Pancher a appelé à « cibler le bouclier tarifaire » et « accentuer les aides pour les familles qui en ont le plus besoin, et peut-être les diminuer pour ceux qui en ont le moins besoin ». « Dans le mécanisme actuel, le bouclier est un système d’aide pour tous les particuliers de la même manière », a relevé en conférence de presse la cheffe du groupe écologiste à l’Assemblée Cyrielle Chatelain, estimant qu’il s’agissait d’« argent public mal utilisé ». De son côté la FNME-CGT a dénoncé « un nouveau coup dur pour le pouvoir d’achat » et réclame le maintien et la construction du TRVE « qui doit refléter les coûts complets de production, de transport, de distribution et de commercialisation en intégrant les besoins d’investissements pour renouveler les infrastructures » accessibles à tous, le retour des TRV gaz qui ont disparu au 30 juin et l’instauration d’un taux unique de TVA à 5,5 %, partant du principe que l’énergie est un bien de première nécessité.

« Toujours plus d’un tiers des factures pris en charge »

En réponse à une question du député RN Jordan Guitton, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a défendu à l’Assemblée un investissement de « 40 milliards d’euros rien que pour le bouclier électricité sur la période 2022-2023 ». « Un choix assumé pour protéger » a déclaré la ministre, une mesure « pour que les Français puissent bénéficier de prix d’électricité parmi les plus bas d’Europe« , fustigeant les oppositions qui ont « refusé de voter ces aides ». « À partir du 1er août, le bouclier tarifaire continuera de prendre en charge la protection des Français à plus du tiers de leur facture », fait également valoir le gouvernement, qui rappelle que les factures auraient dû doubler en février.