Biodéchets : l’État maintiendra son aide aux collectivités en 2024

Environ un tiers de la population, soit environ 20 millions de Français, devraient bénéficier d'ici à la fin de l'année d'une solution de tri des biodéchets mise en place par leurs collectivités, selon l'Ademe. © Shutterstock

Publié le 28/10/2023

6 min

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L’État poursuivra en 2024 son aide financière aux collectivités pour gérer les biodéchets, année où trier ses épluchures et restes de repas devient obligatoire en France comme dans toute l’Union européenne indique le 26 octobre le ministère de la Transition écologique. Dès l’année prochaine, les collectivités devront être en mesure de proposer une solution de tri à la source de leurs biodéchets afin qu’ils soient valorisés. Entre collecte séparée ou gestion de proximité, dans les faits moins d’un tiers des Français disposeront d’une solution effective en janvier prochain.

Par la rédaction, avec AFP

 

« L’État poursuivra son soutien aux collectivités à travers le fonds vert« , a précisé le ministère, sans spécifier le montant de ces aides qui dépendra des enveloppes sollicitées par chaque région. À compter du 1er janvier 2024, conformément au droit européen et à la loi anti-gaspillage pour une économie Ccirculaire (Agec) de 2020, les collectivités devront avoir mis à disposition de leurs administrés une solution de tri à la source de leurs déchets organiques, pour que ceux-ci soient valorisés en compost ou en biogaz. Sur les 18 millions de biodéchets ménagers produits chaque année par les Français, plus de 30 % sont collectés en mélange avec les ordures ménagères résiduelles (OMR), notre fameuse poubelle grise. Le tri à la source des biodéchets était jusqu’à présent peu développé dans notre pays. Alors que moins d’un tiers des Français auront une solution de tri au 1er janvier, le gouvernement souligne qu’il n’y aura « pas de policier pour s’assurer que chacun trie« , coupant court aux rumeurs annonçant à tort des amendes.

Accompagner financièrement les collectivités

Sur les deux années 2021 et 2022, le soutien de l’État aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), chargés de la collecte et du traitement des déchets ménagers en France, a atteint 100 millions d’euros pour les seuls biodéchets. Pour 2023, « on sera sans doute à 120 millions d’euros engagés » par l’État et ce sera « probablement le même ordre de grandeur » l’an prochain, a détaillé à l’AFP le ministère de la Transition écologique. « Certaines collectivités ont encore des investissements à poursuivre pour mettre en place les fréquences de collecte, le nombre de camions adapté… », selon la même source.  Maintenir les aides ne signifie « pas un délai (supplémentaire), mais plutôt une volonté d’accélération sur le déploiement », a-t-on souligné.

Impulser une dynamique

Au 1er janvier, tous les EPCI seront inscrits « dans la démarche et la dynamique« , assure le ministère. « Si la question est de savoir si 100 % des habitants français auront une solution de tri à la source, c’est non, car le déploiement sera en cours », ajoute-t-on de même source. Si le tri à la source est encore peu développé en France, il « monte en puissance » selon l’Agence de transition écologique (Ademe) qui souligne avoir  « accompagné et financé plus de 500 projets » via le plan de relance. En 2023, « plus de 350 dossiers ont été déposés en vue d’obtenir une aide pour leur projet » dans le cadre du fonds vert, indique l’Ademe. Environ un tiers de la population, soit environ 20 millions de Français, devraient bénéficier d’ici à la fin de l’année d’une solution de tri des biodéchets mise en place par leurs collectivités, selon l’Ademe. Ce chiffre inclut les agglomérations ayant un accompagnement, par exemple des bacs composteurs à domicile ou en pied d’immeuble (10,1 millions de personnes au 30 juin), et celles, minoritaires, ayant une collecte séparée (6,1 millions de personnes au 30 juin). « Le volume de biodéchets trié est quant à lui estimé à plus de 600 kilotonnes, qui ne sont donc pas enfouies ou incinérées mais bien valorisées ». L’objectif est « de couvrir 27 millions de Français en 2024 », soit 40 % de la population rappelle l’Ademe.

Un potentiel énergétique important à valoriser

En France, les biodéchets finissent la plupart du temps enfouis ou incinérés. Une aberration environnementale lorsqu’on sait qu’ils sont composés à plus de 60 % d’eau. Les enjeux d’une meilleure valorisation sont « multiples » pour l’Ademe, valorisation à la fois environnementale, climatique et économique. En premier lieu, celle du retour au sol avec du compost et des digestats de méthanisation qui permettent d’amender les sols en réduisant le recours à l’importation d’engrais chimique. La valorisation énergétique via la production locale de biogaz et de biométhane permet, elle, de décarboner les usages chauffage et mobilité. Enfin, c’est aussi un enjeu économique, alors que les biodéchets représentant toujours un tiers de poubelles grises dans  un contexte d’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) qui « va renchérir le coût du service public de gestion des déchets » estime l’Ademe. Les solutions vont du banal détournement de ces matières organiques pour les jeter aux poules, en passant par l’utilisation d’un seau versé ensuite dans un composteur ou apporté à un point d’apport volontaire comme pour le verre. « La production d’énergie à partir des déchets a toute sa place dans le mix énergétique : elle est locale, bas carbone et se substitue à des énergies fossiles importées » indiquait à Pollutec Dorothée Lénès, présidente du collège valorisation énergétique à la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade) qui estime « un potentiel de 3 TWh » d’ici 2030 pour la valorisation énergétique des biodéchets. Un potentiel qui pourrait bien aller plus loin estime-t-elle, si on prend compte l’ensemble des déchets non recyclables avec une production énergétique sur ce secteur qui pourrait doubler en 2028.