Onze États de l’UE, dont la France, réclament un objectif 2040 « ambitieux »

Publié le 27/01/2024

4 min

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Onze États de l’UE, dont la France, l’Allemagne et l’Espagne, réclament dans une lettre commune à la Commission européenne de proposer pour l’UE « un objectif climatique ambitieux » pour 2040, renforçant la pression avant la présentation de scénarios début février. En décembre, l’« alliance du nucléaire » fortement poussé par Paris avait demandé dans une déclaration conjointe de reconnaître l’apport du nucléaire et des énergies bas carbone dans les objectifs de décarbonation de l’UE.

Par la rédaction, avec AFP

 

Les Vingt-Sept se sont déjà fixé comme objectif de réduire collectivement de 55 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990. Reste à déterminer le chiffre intermédiaire pour 2040, étape clé avant la neutralité carbone visée au plus tard en 2050.

Des « actions concrètes » pour un « signal fort »

L’exécutif européen doit présenter le 6 février une étude d’impact sur différents scénarios avec ses recommandations, avant une proposition législative attendue après la formation de la prochaine Commission à l’automne. Après la COP28 en décembre, « il est crucial que l’UE (la) traduise en actions concrètes et ambitieuses pour envoyer un signal politique fort montrant l’exemple aux autres grands pays émetteurs« , en actualisant ses objectifs à temps pour la COP30 en 2025, notent ces 11 États dans une lettre consultée par l’AFP. « Nous encourageons vivement la Commission (…) à recommander un objectif climatique ambitieux pour 2040 » qui « devrait garantir que l’UE soit entièrement sur la bonne voie vers la neutralité climatique« , insiste ce courrier signé par leurs ministres de l’Environnement ou du Climat, dont le Français Christophe Béchu en charge désormais des négociations internationales sur le climat mais aussi de la politique de sobriété. Outre Paris, Berlin et Madrid, huit autres pays (Autriche, Bulgarie, Danemark, Finlande, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal) se sont associés à cette lettre, qui appelle à « tenir compte des recommandations du conseil consultatif scientifique européen » sur le climat.

Montrer l’exemple 

Ce dernier a préconisé en juin dernier de viser en 2040 une réduction « de 90-95 %« . En octobre, le nouveau commissaire chargé du climat, Wopke Hoekstra, avait dit défendre une réduction nette d' »au moins 90 % » des émissions. « Nous ne pouvons persuader les autres (puissances) de nous suivre que si nous faisons le travail chez nous« , observe le courrier, alors même que Bruxelles a souligné en décembre les lacunes des plans nationaux énergie et climat des Vingt-Sept pour concrétiser les objectifs 2030. Alors que l’impact social des réglementations environnementales suscite l’inquiétude, exacerbant notamment la colère des agriculteurs, la lettre appelle aussi à une transition « juste et équitable« . « Il faut veiller à ce que l’action climatique offre une opportunité pour tous. La transition verte doit continuer à être économiquement réalisable, à des coûts gérables, ne laissant personne de côté, en particulier les citoyens les plus vulnérables« , tout en permettant de renforcer « la sécurité énergétique et la compétitivité industrielle » de l’UE, soulignent les signataires.

Basculer vers des objectifs bas carbone en 2040 ?

C’est le vœux pieu des pays de « l’alliance du nucléaire » entre Bulgarie, Croatie, République tchèque, Finlande, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Suède et France. Et c’était l’un des principaux combats menés depuis plusieurs mois par l’ancienne ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher déterminée à faire reconnaître la spécificité du mix électrique français, l’un des plus décarbonés d’Europe alors que la France peine à atteindre ses objectifs en matière de développement des énergies renouvelables. Après avoir obtenu une première victoire lors de l’adoption de la directive révisée sur les énergies renouvelables (RED III), Paris n’a jamais caché son intention d’aller plus loin sur le sujet et d’obtenir des objectifs bas carbone et pas seulement renouvelables. Dans une déclaration publiée le 19 décembre, les 11 États de l’UE demandaient « une amélioration du cadre afin de reconnaître pleinement la contribution de toutes les sources d’énergie non fossiles » à la décarbonation de l’Union. Si l’exécutif bruxellois n’a pas encore répondu à la possibilité d’une directive bas carbone, il paraît certain que « l’alliance du nucléaire » qui, suite au départ de la ministre française, est pour l’instant sans capitaine, devrait rapidement revenir à la charge.