BioGNV et biocarburants : à l’heure du rapprochement

Publié le 25/07/2024

4 min

Publié le 25/07/2024

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Ce 22 juillet, la filière des biocarburants liquides et celle du biogaz véhicule ont annoncé leur volonté commune de travailler conjointement à apporter des solutions à la décarbonation du transport routier en France et en Europe avec en ligne de mire le règlement CO2 . Elles souhaitent également la mise en place d’un nouveau classement classe « G » dans la nomenclature Crit’air à l’instar de la classe « E » déjà existante pour les véhicules électriques et hydrogène.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

La filière des biocarburants liquides de type Emag (esters méthyliques d’acides gras) et la filière du bioGNV ont annoncé leur volonté commune de travailler ensemble pour promouvoir et encourager l’usage des biocarburants et du bioGNV sur les routes françaises et européennes.

Un groupe de travail lancé à la rentrée

EsteriFrance et France Mobilité Biogaz (FMB) lanceront dès le mois de septembre un groupe de réflexion qui intégrera notamment les sociétés Enerjump, Primagaz et Saipol, filiale du groupe Avril, avec un objectif : une meilleure prise en compte des biocarburants liquides ou gazeux dans les politiques publiques françaises et européennes. Et les défis sont nombreux, notamment à Bruxelles où la méthodologie en analyse de cycle de vie (ACV), pourtant plébiscitée par les scientifiques, n’a pas les faveurs de la Commission et où il y aura beaucoup à faire pour une meilleure reconnaissance de ces carburants dans le règlement CO2 véhicules lourds. La filière du bioGNV milite d’ailleurs pour intégrer à ce règlement dans le cadre des clauses de revoyure, la méthodologie du « Carbon Correction Factor » (CCF) et l’homologation des véhicules « considérés comme neutres en carbone dès lors qu’ils utiliseraient exclusivement des biocarburants liquides ou gazeux ».

Vers un nouvelle classification Crit’air pour les véhicules gaz ?

Le syndicat des estérificateurs français et France Mobilité Biogaz mais aussi Enerjump, Primagaz et Saipol se mobilisent pour obtenir une nouvelle classification spécifique aux véhicules gaz dans la nomenclature Crit’air. La vignette Crit’air permet de classer les véhicules en fonction de leurs émissions polluantes en particules fines et oxydes d’azote. Celle-ci est obligatoire pour circuler dans  les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m). La loi climat et résilience de 2021 prévoyait la mise en place de ZFE d’ici le 1er janvier 2025 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants où les valeurs de qualité de l’air recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont dépassées. En France, cela concerne près de 42 villes. Si les véhicules gaz ont toujours été classés Crit’air 1 depuis l’instauration du classement, les véhicules pouvant rouler exclusivement au B100 ont obtenu le Crit’air 1 en 2022. Après quelques tensions entre les deux filières, elles ont choisi de faire front commun pour demander à ce que les véhicules gaz obtiennent une classification équivalente, dans son principe, à celle existant aujourd’hui pour les « véhicules électriques et hydrogènes » (classe E). Un atout pour la filière si elle l’obtient, car c’est la seule classe actuellement qui ne tient compte que du carburant et où ni le type, ni la norme, ni l’ancienneté du véhicule ne sont pris en compte, ouvrant également la voie au rétrofit.

Donner de la visibilité aux acteurs du transport

Après une année 2022 particulièrement difficile pour la filière du GNV-bioGNV avec des prix très hauts, des reports de conversion et des transporteurs ayant mis pour certains leurs flottes à l’arrêt, l’important est « de donner de la visibilité et de la lisibilité aux transporteurs » explique à Gaz d’aujourd’hui Arnaud Bilek, fondateur d’Enerjump. « Les biocarburants comme le bioGNV contribuent massivement à la décarbonation des transports routiers. Mais le bioGNV permet aussi une réduction des polluants locaux qui justifie la création d’une classification spécifique. Ce sera une incitation supplémentaire pour nos clients dans leurs prises de décision. » Il est vrai que si la filière a obtenu l’année dernière l’incorporation du biométhane dans la taxe incitative relative à l’utilisation d’énergie renouvelable dans les transports (Tiruert) en 2026, les réglementations européennes, principalement le règlement CO2, inquiètent collectivités et transporteurs qui plébiscitent pourtant le biogaz carburant. «  Il nous faut un mix de solutions pour réussir la décarbonation du transport routier » rappelle Erwan Cotard, président de FMB. « Notre priorité à tous, c’est la sortie du diesel. Faisons avec ce qui existe, avec ce qui fonctionne. »