Un été caniculaire sur la planète

Canicules, inondations, sécheresses ou incendies ont frappé, tous les continents depuis le début de l'année. ©Shutterstock

Publié le 04/09/2024

8 min

Publié le 04/09/2024

Temps de lecture : 8 min 8 min

Chaque vague de chaleur dans le monde est désormais plus forte et rendue plus probable à cause du changement climatique. Canicules, inondations, sécheresses, incendies… L’été fut marqué par des records de températures et des catastrophes climatiques à répétition en Chine, au Canada, au Japon ou aux États-Unis. En France, il était le troisième été consécutif le plus chaud à l’échelle nationale selon Météo France.

Par la rédaction avec AFP

 

Début août, Copernicus, l’observatoire européen du changement climatique, a affirmé qu’il est désormais « de plus en plus probable » que 2024 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée sur la planète. Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes dans le monde entier, le 21 juillet ayant été la journée la plus chaude enregistrée dans l’histoire.

Vers une année record

« Le mois de juillet a été l’un des plus chauds – sinon le plus chaud – des annales modernes, et la journée la plus chaude du monde y a été enregistrée » indique l’OMM. Pour le programme Copernicus, juillet 2024 est légèrement moins chaud que 2023 mais restera dans les annales à plusieurs titres : la température globale terrestre a été la plus chaude jamais enregistrée, avec 1,7 °C de plus que la moyenne, précise l’Agence d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) dans son dernier bulletin ; tout comme la température des océans, qui a été la deuxième plus chaude avec 0,98 °C (1,76 ° F) au-dessus de la moyenne, « mettant fin à une série de 15 records mensuels consécutifs qui s’étendaient d’avril 2023 à juin 2024 ». Depuis le mois janvier, la température mondiale a déjà augmenté de 0,27 °C, plus chaude que la même période de 2023 indique Copernicus qui n’imagine donc pas que l’année 2024 puisse être moins chaude que 2023.

L’été le plus chaud au Japon

Le Japon a connu cette année son été le plus chaud depuis le début des relevés, égalant le niveau observé en 2023, selon les données publiées lundi par l’Agence météorologique japonaise (JMA). La température moyenne entre juin et août a été supérieure de plus de 1,76 °C par rapport à la valeur moyenne pour cette même période, soit le niveau le plus élevé depuis le début des statistiques en 1898, a précisé la JMA. En juillet, l’archipel nippon avait connu son mois de juillet le plus chaud depuis la mise en place de ces mêmes statistiques. Les températures dans le pays avaient été supérieures de 2,16 °C à la moyenne, battant le record de juillet 2023, qui était de 1,91 °C au-dessus de la moyenne. Dans le seul centre de Tokyo, 123 décès ont été attribués à la chaleur en juillet, selon les autorités locales. Un responsable de la JMA a évoqué le mouvement particulier des vents d’ouest au-dessus du Japon cette année, qui « a facilité l’encerclement de l’archipel par l’air chaud venant du sud« . « L’effet à long terme du réchauffement climatique est également en jeu, et fait monter la température moyenne« , a déclaré à l’AFP Kaoru Takahashi, l’un des analystes de la JMA.

La Chine a connu son mois d’août le plus chaud de l’histoire 

Shanghai et plusieurs provinces chinoises ont connu le mois d’août le plus chaud jamais enregistré, selon les services météorologiques nationaux, une grande partie de l’hémisphère nord étant frappée cet été par des températures caniculaires. Les températures moyennes de l’air le mois dernier à Shanghai (est), dans les provinces du Jiangsu, du Shandong (est), du Hebei (nord), de Hainan (sud), du Jilin, du Liaoning (nord-est), ainsi que dans la région du Xinjiang (nord-ouest) ont été les plus élevées depuis le début des relevés, selon un article publié sur le portail d’information du service météorologique national. Signe de la hausse sensible des températures dans une large part du pays : cinq autres provinces ont connu le deuxième plus chaud mois d’août de leur histoire, et sept le troisième plus chaud. « La plupart des régions de Chine ont connu un été plus chaud que les années précédentes« , a souligné le service météorologique national dans son article publié dimanche. Plusieurs grandes villes, comme Shanghai, Hangzhou (est) et Chongqing (sud-ouest), ont également connu un plus grand nombre de « journées à fortes températures » (généralement lorsque le mercure dépasse les 35 °C) qu’au cours de n’importe quel autre mois d’août depuis le début des relevés. La Chine connaît un été marqué par des événements climatiques extrêmes et des températures localement inhabituelles, des types de phénomènes exacerbés par le changement climatique selon des scientifiques.

Aucune « vague de froid » en Norvège et en Laponie

Le nord de la Norvège, situé au-dessus du cercle polaire arctique, a enregistré en août des températures records, largement supérieures aux plus hauts niveaux enregistrés l’an dernier, a annoncé l’Institut météorologique norvégien. La Laponie, région située dans l’extrême nord de la Finlande, a également connu des températures records en juin, juillet et août. Dans plusieurs stations de mesure de la Norvège septentrionale, les températures relevées le mois dernier ont battu de 2 à 3 °C le record établi au mois d’août 2023. « C’est très inhabituel, presque irréel, d’observer des changements d’une telle amplitude en de si nombreux endroits dans le nord de la Norvège et au Svalbard« , archipel situé à mi-chemin entre la Norvège continentale et le Pôle nord, a déclaré à l’AFP Jostein Mamen, chercheur de l’institut. L’archipel du Svalbard, aussi connu sous le nom de Spitzberg, a quant à lui connu son été le plus chaud pour la troisième année consécutive, selon l’institut. « C’est aussi très, très spécial. Pour autant qu’on sache, cela ne s’était jamais produit« , a commenté M. Mamen. En Laponie, « l’été a été le plus chaud jamais enregistré« , a dit Mika Rantanen, chercheur spécialisé dans le changement climatique auprès de l’Institut météorologique de Finlande. La température moyenne entre juin et août a été de 16,2 °C en Finlande, au niveau record déjà atteint en 1937, et le pays a connu sécheresses et incendies. « Les températures minimales ont été très élevées en Laponie… il n’y a eu aucune vague de froid« , a ajouté M. Rantanen. Selon une étude publiée en 2022 par des chercheurs finlandais dans la revue Nature, l’Arctique s’est réchauffé près de quatre fois plus vite que la planète entre 1979 et 2021.

En France, troisième été consécutif au-dessus des normales

L’été 2024 en France a été marqué par des températures nettement au-dessus des normales de saison, marquant le troisième été consécutif dans cette situation, selon le bilan saisonnier publié lundi par Météo France. « Avec un mois de juin conforme à la normale, un mois de juillet légèrement plus chaud (+ 0,6 °C) et un mois d’août nettement plus chaud (+ 1,5 °C), l’été 2024 affiche une anomalie chaude de + 0,7 °C par rapport à la normale 1991-2020« , indique l’établissement public. « Il est ainsi le troisième été consécutif au-dessus des normales de saison », souligne Météo France. L’été au sens météorologique couvre les trois mois pleins de juin, juillet et août – à la différence des saisons calendaires qui débutent avec les équinoxes ou les solstices. Pendant cette saison d’été, la France a connu deux vagues de chaleur à l’échelle nationale : la première, brève mais intense, a concerné une large moitié sud du pays entre le 29 juillet et le 2 août. La seconde, du 6 au 13 août, a touché une grande partie de la France, à l’exception du nord-ouest. « Avant 1989, on observait en moyenne une vague de chaleur tous les cinq ans dans notre pays. Depuis 2000, elles reviennent quasiment chaque année », rappelle Météo France. Les températures ont été contrastées à l’échelle du pays, avec des niveaux très élevés sur un large quart sud-est du pays, et + 1 °C à + 1,5 °C au-dessus des normales. À l’inverse, « une sensation de relative fraîcheur a dominé en Bretagne, en Normandie et dans les Pays-de-la-Loire« .