Frigos, climatisations : le besoin en froid va exploser

La croissance la plus rapide en matière de refroidissement est attendue en Afrique, où le marché sera multiplié par sept, et en Asie du Sud, où sa taille sera quadruplée selon un rapport du PNUE. (c)Shutterstock

Publié le 25/09/2024

4 min

Publié le 25/09/2024

Temps de lecture : 4 min 4 min

L’explosion de la demande en climatisations, réfrigérateurs et autres systèmes de froid peut aggraver l’urgence climatique faute de solutions durables, pointe un rapport publié mercredi 25 septembre par une coalition d’institutions internationales en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, qui invite les États du monde à anticiper dès maintenant le risque « de créer un cercle vicieux où nous répondrons à la demande en froid avec des solutions qui vont réchauffer encore plus la planète ».

Par la rédaction, avec AFP

 

Le volume de ce secteur, dominé par les climatisations mais qui inclut aussi réfrigérateurs, chaînes du froid et transports, va être multiplié par sept en Afrique et par quatre en Asie d’ici 2050, souligne un rapport publié par la Cool Coalition, dirigée par le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) et la Société financière internationale (IFC), organe de la Banque mondiale pour le secteur privé. « Ces nations sont particulièrement vulnérables aux effets mortifères de la montée des températures et ont un besoin urgent de solutions de refroidissement« , note le directeur général de l’IFC, Makhtar Diop, dans un communiqué.

Des populations déjà vulnérables

Souvent situés dans des zones déjà chaudes, les pays en développement voient leur thermomètre monter mais connaissent aussi une forte hausse de leur population et de leur urbanisation, ainsi qu’une expansion économique qui soutiennent cette demande. Leurs émissions liées aux systèmes de refroidissement représentaient les deux tiers du total mondial en 2022 et devraient grimper à 80 % en 2050, note le rapport. À l’échelle globale, la hausse des températures entraîne décès et aléas économiques tandis que le manque de chaînes du froid gâche des vaccins, affectant la mortalité infantile, et contribue aux pertes post-récoltes, un fléau pour la sécurité alimentaire, note le texte. « Rester au frais est un besoin essentiel à la fois pour des communautés saines et un environnement sain. Cependant, nous devons éviter de créer un cercle vicieux où nous répondrons à la demande en froid avec des solutions qui vont réchauffer encore plus la planète« , affirme Inger Andersen, directrice exécutive du Pnue, dont le siège est à Nairobi, au Kenya.

Un secteur très énergivore

Ce secteur très énergivore consomme déjà 20 % de l’électricité mondiale et cette demande va tripler d’ici 2050, dit le rapport. Le marché de la climatisation dans les économies en développement devrait passer d’environ 300 milliards de dollars à au moins 600 milliards de dollars par an d’ici 2050. La croissance la plus rapide en matière de refroidissement est attendue en Afrique et en Asie du Sud.

Privilégier des solutions « passives »

Le Pnue et l’IFC, réunis au sein d’une Cool Coalition comptant 130 partenaires, plaident pour le développement de solutions durables et à haute efficacité énergétique, qui pourront réduire de moitié les émissions liées et alléger fortement les factures d’électricité. Le rapport indique que les technologies de « refroidissement durable » peuvent réduire de près de moitié les émissions liées au refroidissement en 2050 dans les économies en développement. Pour ce faire, il faut selon eux donner la priorité aux stratégies de refroidissement dites « passives » telles que l’isolation, les matériaux réfléchissants, l’amélioration des espaces verts et les technologies à haut rendement énergétique mais aussi appliquer des normes minimales de performance énergétique ou encore accélérer l’élimination progressive des réfrigérants à effet de serre. La coalition milite pour « une approche systémique de la chaîne du froid et des grands services d’infrastructure de refroidissement ».

Les économies en développement, qui génèrent actuellement les deux tiers des émissions mondiales liées à la climatisation, devraient doubler leur demande de climatisation d’ici à 2050 en raison de la croissance démographique, de l’expansion économique et de l’urbanisation.

 Ecomondo