La filière gaz renouvelable appelle à la « concrétisation » des ambitions

La France compte plus de 1 700 sites de méthanisation dont 710 injectent dans les réseaux gaziers pour une capacité installée de plus de 13TWh. ©Shutterstock

Publié le 08/10/2024

6 min

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Temps de lecture : 6 min 6 min

À l’instar de l’ensemble des filières énergétiques, la filière des gaz renouvelables rappelle ce 8 octobre l’importance de disposer « rapidement » des textes de planification énergétique pour amener « visibilité » et « clarté » auprès des acteurs et tenir les objectifs fixés dans la stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC).

Par Laura Icart

 

« La transition écologique doit être l’un des moteurs de notre politique industrielle. Décarbonation des usines, encouragement à l’innovation, implantation de nouvelles industries de la transition, renforcement de nos filières de recyclage : je crois à une écologie des solutions » soulignait dans son discours de politique générale, mardi dernier, le Premier ministre Michel Barnier. « Ensemble, nous allons agir sur l’offre énergétique, en poursuivant résolument le développement du nucléaire, et notamment des nouveaux réacteurs, mais aussi des énergies renouvelables en mesurant mieux tous leurs impacts. En valorisant davantage la biomasse pour décarboner efficacement la production de chaleur et de gaz  » a poursuivi le nouveau Premier ministre. Une dernière phrase qui n’est pas passée inaperçue pour les acteurs de la filière gaz renouvelables qui réclament « un portage politique fort ».

PPE, SNBC : des textes programmatiques attendus comme le lait sur le feu

Attendus depuis des mois, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), devraient être mis en consultation incessamment sous peu affirment plusieurs sources, vraisemblablement la semaine prochaine, suivis par la stratégie nationale bas carbone dans quelques semaines. Les acteurs des filières énergétiques mais aussi industrielles attendent la PPE depuis des mois car derrière les objectifs en térawattheures, ce sont aussi les moyens financiers qui seront alloués à chaque filière pour tenir les objectifs climatiques et énergétiques de notre pays qui sont en jeu. Grande star du début d’année, la loi de programmation énergie climat (LPEC) présentée en janvier puis abandonnée en avril n’a pas tout à fait dit son dernier mot, du moins dans l’esprit puisque deux propositions de loi pourraient mener à un débat au Parlement. D’abord celle du sénateur Les Républicains des Vosges Daniel Gremillet, auteur d’une proposition sur la programmation et la simplification dans le secteur économique de l’énergie qui sera débattue en séance publique mardi prochain au Sénat. Puis celle de la députée écologiste Julie Laernoes, qui a redéposé en septembre sa proposition de loi visant à instaurer de nouveaux objectifs programmatiques à la France, quelque peu remaniée notamment sur l’ambition en matière de renouvelables, passant de 44 % à 42,5 %. Lors du colloque du Syndicat des énergies renouvelables, le 25 septembre, les parlementaires avaient appelé à une loi programmatique.  

Accompagner la « défossilisation » du gaz

Donner de l’élan à la filière des gaz renouvelables, c’est aussi « reconnaître l’ensemble des services systémiques qu’elle rend aux territoires » rappelait la filière en mars dernier. Pour tenir les objectifs (50 TWh) fixés par la stratégie française pour l’énergie et le climat et aller au-delà – la filière estime qu’elle a le potentiel d’atteindre 70 TWh (dont 10 en cogénération) -, les acteurs réclament du « pragmatisme », « un cadre stable » et « un niveau de soutien en adéquation avec le potentiel de  l’ensemble des technologies de production de gaz renouvelables ». « Les gaz renouvelables doivent être l’une des pierres angulaires de l’avenir énergétique de la France, pour atteindre la défossilisation totale du gaz consommé d’ici 2050 » rappellent dans un communiqué commun le Syndicat des énergies renouvelables et France gaz renouvelables. « Notre objectif est d’atteindre 20 % de gaz renouvelables dans la consommation française de gaz en 2030 et d’inscrire nos pas dans l’ambition européenne [340 TWh de biométhane en Europe en 2030, NDLR] » indique à Gaz d’aujourd’hui Frédéric Martin, président de France gaz qui souligne l’importance « de toutes les énergies renouvelables thermiques » pour composer un mix énergétique « résilient ».

Mobiliser les moyens pour concrétiser les ambitions

Pour assurer la compétitivité des entreprises françaises et européennes, « nos industries ont besoin d’un cadre favorable […] ainsi que d’un engagement fort de la part des pouvoirs publics » soulignaient dans une lettre ouverte envoyée aux députés de la XVIIᵉ législature un grand nombre de fédérations énergétiques comme la Fedene, France renouvelables, France gaz ou encore l’Union française de l’électricité. « La production de biogaz est au rendez-vous de l’enjeu que représente la transition écologique et énergétique » indiquent le SER et FGR, rappelant que cette filière en injection comme cogénération a atteint avec un an d’avance les objectifs fixés dans la PPE2 et soulignant que « l’engagement financier de l’État dans la filière doit se poursuivre pour assurer la poursuite de son développement ». Car si la filière a salué en juillet la sortie du décret fixant les volumes d’obligation à atteindre pour 2028, les attentes restent encore nombreuses. Sur les certificats de production de biogaz (CPB) eux-mêmes, « nous avons déjà besoin de visibilité sur une trajectoire allant au-delà de 2028 » nous confie Cécile Frédéricq, déléguée générale de France gaz renouvelables, comme « nous souhaiterions que la pénalité dévolue aux fournisseurs ne remplissant pas leurs obligations de restitutions de CBP soit indexée ». Elle est aujourd’hui fixée à 100 euros du MWh. La méthanisation, c’est aussi un « lien étroit qui unit agriculture et énergie » rappelle la filière, participant activement « à la résilience des territoires et à la décarbonation des activités agricoles ». « Aujourd’hui, cette valeur n’est pas reconnue à hauteur des services qu’elle fournit » souligne Cécile Frédéricq. Une réalité particulièrement visible pour la filière cogénération qui est aujourd’hui à la peine et qui attends toujours d’être entendue.