La qualité de l’air s’améliore en France

Pour le dioxyde d’azote (NO2), seules les agglomérations de Paris et de Lyon sont désormais concernées par des dépassements réguliers des normes réglementaires de qualité de l’air. « L’ampleur de ces dépassements et le nombre de personnes exposées à ces dépassements ont drastiquement diminué depuis 2018 » note le ministère de la Transition écologique, « de 99 % en Île-de-France et de 98 % dans l’agglomération lyonnais. » ©Shutterstock

Publié le 14/10/2024

6 min

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La pollution de l’air est toujours un enjeu de préoccupation majeure en France et en Europe en raison de son impact sanitaire et environnemental. Elle serait responsable de près de 48 000 décès prématurés par an selon Santé publique France et son coût dépasserait les 100 milliards d’euros chaque année. Si la situation tend à s’améliorer en France comme en Europe depuis 20 ans, les concentrations de certains polluants continuent de dépasser les seuils réglementaires autorisés et notre pays fait face régulièrement à des épisodes de pollution.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« La qualité de l’air est un enjeu de santé publique majeur. Si les récentes évolutions montrent des signes encourageants, nous ne devons en aucun cas relâcher nos efforts collectifs » a souligné la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher alors que l’Union européenne vient tout juste d’adopter une directive révisée sur l’air qui durcit les seuils limites autorisés pour les polluants réglementés.

Une qualité de l’air en constante amélioration

La baisse des émissions, amorcée il y a plusieurs années à la suite de la mise en place de stratégies et plans d’action, « a permis une amélioration globale de la qualité de l’air en France » note le ministère de la Transition écologique dans son rapport annuel consacré à la qualité de l’air extérieur en France en 2023. Les « concentrations moyennes annuelles de polluants diminuent et les dépassements des normes réglementaires de qualité de l’air affectent des zones moins étendues et moins nombreuses » est-il précisé. Sur la période 2000-2023, les émissions françaises de la plupart de ces polluants ont diminué. Ainsi, la baisse atteint 64 % pour les oxydes d’azote (NOx), respectivement 49 % et 56 % pour les particules de diamètre inférieur ou égal à 10 µm (PM10) et celles de diamètre inférieur ou égal à 2,5 µm (PM2,5) et 87 % pour le dioxyde de soufre (SO₂). « Ces améliorations font suite à la mise en œuvre de stratégies et plans d’action nationaux et territoriaux pour réduire les émissions dans différents secteurs d’activité » précise le ministère. Sur la même période, les concentrations annuelles en dioxyde d’azote (NO₂), PM10, PM2,5 et SO₂ ont également baissé. « L’ampleur des dépassements des normes réglementaires de qualité de l’air a drastiquement diminué » depuis 2018 pour le NO2 à tel point que désormais seules les agglomérations de Paris et de Lyon sont concernées par des dépassements réguliers des normes. C’est tout l’inverse pour les teneurs moyennes annuelles en ozone (O₃), polluant dont la formation est dépendante notamment des conditions météorologiques qui elles ont plutôt tendance à augmenter avec deux épisodes de pollution d’ampleur nationale observés l’année dernière. En 2023, les valeurs guides de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le NO₂, l’O₃, les PM10 et les PM2,5 sont atteintes « pour 3 à 44 % des agglomérations alors que les normes réglementaires de qualité de l’air pour la protection de la santé actuellement en vigueur sont respectées dans 87 à 100 % des agglomérations selon les polluants ».

De nouvelles valeurs limites instaurées pour 2030 en UE

Dans le cadre de son ambition « zéro pollution », la Commission avait proposé en octobre 2022 une révision des normes actuelles de l’UE en matière de qualité de l’air. Le principal objectif de l’exécutif européen était de durcir les normes de qualité de l’eau et de l’air et de renforcer le droit à l’indemnisation des victimes de la pollution. Deux ans après, cette directive qui fixe de nouveaux objectifs à atteindre d’ici 2030 a été formellement adoptée ce 15 octobre lors du Conseil de l’environnement à Luxembourg. L’objectif pour l’UE réduire de plus de 75 % en 10 ans le nombre de décès résultant des niveaux de PM2,5. Pour y parvenir, outre le réexamen régulier des normes de qualité de l’air afin de les réévaluer en fonction des données scientifiques les plus récentes ainsi que des évolutions sociétales et technologiques, la Commission propose de réduire de plus de moitié la valeur limite annuelle pour le principal polluant, à savoir les particules fines (PM2,5). Concrètement, le seuil d’exposition toléré passerait de < 25 µg/m³ par an à <10 µg/m³ par an en 2030, une valeur seuil qui resterait supérieure à celle de l’OMS fixée à 5 µg/m³ par an. Les valeurs limites des polluants (NO₂, PM10, PM2,5) seront alignées avec les recommandations de l’OMS d’ici 2050 « ce qui reste bien trop tard » pour les associations. Une directive révisée qui va obliger les États membres à intensifier leur surveillance et renforcer leur politique publique. Si ces normes envisagées pour 2030 avaient été appliquées en 2023, « 78 % des agglomérations auraient respecté ces normes pour le NO₂, 88 % pour les PM10, 86 % pour les PM2,5 et 74 % pour l’O₃ » indique le rapport.

Selon la dernière estimation de Santé publique France publiée en 2021, près de 40 000 décès de causes non accidentelles seraient attribuables chaque année à une exposition des personnes âgées de 30 ans et plus aux PM2,5 en France et 7 000 décès à une exposition au NO₂, sans compter les impacts sur l’environnement et sur les rendements agricoles mais aussi les impacts économiques. En 2015, une commission d’enquête du Sénat avait évalué « le coût annuel de la pollution atmosphérique à environ 100 milliards d’euros, dont 20 à 30 milliards liés aux dommages sanitaires causés par les particules fines ». Et si la qualité de l’air s’améliore globalement en Europe, 99 % de la population mondiale continue de respirer un air qui dépasse les normes fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), constituant le deuxième facteur de risque de décès dans le monde, soulignait en juillet Health Effects Institute (HEI) et l’Unicef dans un rapport commun.