Suez et CMA CGM visent une production annuelle maximum de 100 000 tonnes de biométhane en 2030

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Publié le 23/10/2024

5 min

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Le 22 octobre, les groupes CMA CGM et Suez ont annoncé la signature d’un protocole d’accord pour accélérer la production de biométhane en Europe et permettre de décarboner la flotte de l’armateur français.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« Construire des partenariats solides est essentiel pour répondre aux enjeux de notre industrie » souligne sur Linkedin Rodolphe Saadé, le puissant patron de la CMA CGM qui rappelle que l’armateur a investi depuis 2017 « 18 milliards de dollars » pour commander 131 navires capables d’utiliser des énergies bas carbone (biométhane, biométhanol et carburants de synthèse) « qui seront déployés en opération d’ici 2028 » rappelle le groupe français qui exploite une flotte de plus de 600 navires.

Un secteur fortement émetteur de CO2

Tous secteurs confondus, le transport maritime génère 2 à 3 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) et est responsable de plus d’un cinquième de la consommation de carburant mondiale. Un pourcentage qui augmente encore si l’on tient compte de l’ensemble des GES (O3, CH4) et des polluants de l’air (CO, NOx, PM). Pour la Coalition pour l’énergie de demain lancée en 2019 avec 14 groupes internationaux dont la CMA CGM, la décarbonation du secteur maritime passe en premier lieu par la généralisation de l’usage de carburants et de technologies alternatives et par une plus grande sobriété.

Un partenariat stratégique entre deux géants

Qu’il s’agisse de la CMA CGM, leader mondial de la logistique et du transport ou Suez, géant mondial de l’eau et des déchets, le développement de la filière du biométhane apparaît autrement stratégique. L’un dispose des intrants pour produire du biométhane à grande échelle, l’autre en a besoin pour alimenter ces navires. Si la production de biométhane a beaucoup augmenté en une décennie, dépassant 13 TWh de capacités installées, elle s’appuie principalement sur une production d’origine agricole. « C’est tout l’enjeu de notre collaboration avec Suez : créer une filière française de biométhane, capable de réduire de plus de 67 % les émissions de gaz à effet de serre de nos navires » précise Rodolphe Saadé. « Ensemble, nous allons développer des solutions circulaires qui contribueront à la décarbonation de ce secteur stratégique en Europe » a souligné de son côté la PDG de Suez Sabrina Soussan dont le groupe valorise en énergie 5 millions de tonnes de déchets chaque année et a produit 382 GWh de biométhane en 2023.

Jusqu’à 100 000 tonnes de biométhane 

Ce protocole d’accord prévoit la production de biométhane par Suez, « jusqu’à 100 000 tonnes par an d’ici 2030 », indiquent les deux partenaires. Pour y parvenir, ils vont créer « une structure d’investissement commune, dotée d’une enveloppe de 100 millions d’euros pour une première tranche d’ici 2030 ». Objectif affiché : développer des sites de production en premier lieu en Europe qui approvisionneraient le groupe CMA CGM « ainsi que d’autres acteurs du secteur ». L’accord prévoit également un volet recherche et développement pour concevoir des technologies innovantes pour la production de biocarburants, « notamment via un procédé de gazéification hydrothermale », une technologie prometteuse qui pourrait permettre de produire 2 TWh par an en 2030, 12 en 2035 et 50 d’ici 2050 selon une étude réalisée par Carbone 4 et présentée en juin 2024.

La CMA CGM, qui a déjà conclu un accord avec Engie en 2021 pour construire et accélérer le développement des filières de méthane de synthèse et de biométhane liquéfié (bioGNL) en France, propose également une offre de service maritime bas carbone reposant sur du biométhane ou plus exactement sur le système des garanties d’origine. Le groupe s’est également associé au Centre national d’études spatiales (Cnes) a-t-il annoncé le 10 juin, pour mettre en commun leurs expertises afin d’inventer les mobilités de demain sur les mers.