Les émissions de gaz à effet de serre en baisse de 8 % dans l’UE en 2023

En 2023, l'Union européenne a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 37% par rapport aux niveaux de 1990, contre 31 % en 2022. ©Shutterstock

Publié le 04/11/2024

7 min

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Les émissions nettes de gaz à effet de serre ont diminué de 8 % dans l’Union européenne en 2023, après « deux années de progrès modestes suite à la reprise post-pandémie » a annoncé le 31 octobre l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Une baisse « considérable » qui s’explique par la combinaison de trois facteurs : un recul significatif de l’utilisation de charbon, une augmentation des énergies renouvelables et une plus grande sobriété.

Par Laura Icart

 

« C’est un progrès significatif » vers la neutralité climatique de l’Union en 2050 souligne l’AEE, même si ce rythme de progression « devra être maintenu » par les États membres pour atteindre les objectifs de l’Europe en matière de climat et d’énergie, prévient déjà l’Agence. Mais ce recul, « le plus important depuis des décennies » avec une diminution des émissions nettes totales de gaz à effet de serre de près de 37 % par rapport à leur niveau de 1990, montre que l’Union européenne est sur la bonne voie.

Un cap ambitieux

Pour rappel, la loi européenne sur le climat fixe des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre avec une réduction nette de 55 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2030 et de 90 % d’ici à 2040. À l’heure actuelle, les projections sur les politiques publiques menées des États membres prévoient « une réduction des émissions nettes d’ici 2030 à un niveau inférieur de 43 % à celui de 1990 » indique Leena Ylä-Mononen, la directrice exécutive de l’Agence basée à Copenhague. Cependant, 22 États membres ont présenté des projections supplémentaires qui incluent des mesures prévues mais pas encore lancées. Ensemble, ces mesures permettraient de réduire les émissions nettes de l’UE de 49 % par rapport aux niveaux de 1990 en 2030. « Il y a également la mise à jour des plans nationaux en matière d’énergie et de climat – pour lesquels plusieurs États membres n’ont pas encore soumis leurs plans révisés – qui offrent la possibilité de mettre en œuvre des mesures supplémentaires pour combler l’écart par rapport à l’objectif fixé » rappelle la directrice de l’AEE. Dans son dernier rapport intitulé « Tendances et projections », l’agence rappelle une évidence : « l’impact du changement climatique s’accélère », alors que son rythme de réchauffement presque « deux fois supérieur à la moyenne mondiale inquiète » indiquait en avril le programme européen d’observation de la Terre Copernicus. Selon les premières estimations de l’AEE, la part des énergies renouvelables est passée de 10,2 % en 2005 à 24 % de la consommation brute de l’UE. En outre, l’Union a réussi à continuer à réduire sa consommation d’énergie de 19 % selon des premières estimations. L’enjeu est double pour les Européens estime l’AEE : il faut dans le même temps équilibrer les émissions de gaz à effet de serre et les absorptions de carbone dans les vingt-cinq années à venir.

La part des renouvelables estimée à 24,1 % dans l’UE

Selon les estimations de l’AEE, la part des énergies renouvelables est passée de 10 % en 2005 à 24 % de la consommation finale brute d’énergie de l’UE en 2023, « principalement grâce à une augmentation significative de la consommation d’électricité d’origine renouvelable et amplifiée par une réduction de la consommation d’énergie fossile ». En 2023, les énergies renouvelables représenteront une part estimée à 24,1 % du bouquet énergétique total de l’UE, soit une hausse de 1 % par rapport à 2022.  En France, cette part a atteint 22,2 % en 2023. En termes absolus, la consommation d’énergie renouvelable est passée de 227 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2022 à 233 millions de tep en 2023 selon les premières estimations, soit une augmentation de 3 %. Cependant, malgré ces progrès, « des efforts considérables » sont nécessaires pour atteindre l’objectif fixé pour 2030, à savoir une part de 42,5 % d’énergies renouvelables dans l’UE. L’écart entre les 23 % atteints en 2022 et l’objectif de 2030 nécessite une augmentation annuelle de 2,4 %, « soit trois fois plus que la croissance annuelle moyenne observée dans l’Union européenne ». Un objectif réalisable pour l’agence si les énergies renouvelables font l’objet de politiques encore plus incitatives.  Selon les contributions nationales présentées dans le projet de mise à jour des plans nationaux énergie climat (PECN) en juin 2023, l’ambition de l’UE était comprise entre 38,6 % et 39,3 % en 2030, soit environ 3 % en dessous du niveau attendu pour 2030.

Une consommation d’énergie en baisse de 4 %

« L’engagement de l’UE en faveur de l’efficacité énergétique a conduit à une réduction significative » note l’AEE. Depuis 2022, l’Union européenne continue de réduire sa consommation d’énergie : l’utilisation d’énergie primaire a diminué de 19 % depuis 2005, tandis que la consommation d’énergie finale a connu une réduction de 11 % au cours de la même période, selon les premières estimations pour 2023. La consommation d’énergie primaire de l’UE a diminué de 4 % et la consommation d’énergie finale d’environ 2 %. Cependant, pour atteindre les objectifs de 2030, la réduction annuelle moyenne de la consommation d’énergie primaire doit plus que « doubler d’ici 2030 » par rapport aux taux moyens observés depuis 2005, tandis que la réduction de la consommation d’énergie finale « doit être de plus de trois fois supérieure » à celle de l’année précédente.

Les émissions dans le secteur de l’énergie en baisse de 50 % depuis 2005

Les réductions d’émissions de l’Europe varient selon les secteurs économiques. Dans le secteur de l’approvisionnement en énergie, les émissions ont diminué de 50 % par rapport aux niveaux de 2005. Entre 2022 et 2023, les émissions de GES du secteur de l’approvisionnement en énergie ont diminué d’environ 19 %. Cette baisse est principalement due à une augmentation substantielle de la production d’énergie renouvelable et d’une réduction de la consommation globale d’énergie en 2023. Le secteur industriel a également connu des réductions significatives de plus d’un tiers au cours des deux dernières décennies grâce à l’amélioration des processus et à des gains d’efficacité. L’année dernière, les émissions ont baissé de 6 % dans l’industrie, même si dans certains sous-secteurs la baisse des niveaux de production indique qu’une partie de cette baisse peut être attribuée à des facteurs externes. Le Net Zero Industry Act s’avère « décisif » rappelle l’AEE pour améliorer la « compétitivité de l’industrie européenne » et sa transition vers la neutralité climatique à horizon 2050. Ces deux secteurs constituent l’essentiel du système européen actuel de plafonnement et d’échange, le système d’échange de quotas d’émission (SCEQE) et leurs réductions cumulées permettent d’atteindre l’objectif de réduction des émissions de 2030 pour le SCEQE.

Dans les transports et l’agriculture, la baisse est plus lente

La situation est « toutefois différente pour les secteurs couverts par le règlement sur la répartition de l’effort (RPE) » note l’AEE, qui prévoit des objectifs de réduction nationaux. Il s’agit principalement des émissions provenant des bâtiments, des transports, des déchets et de l’agriculture. Le secteur des bâtiments a réalisé une importante réduction des émissions avec une baisse de plus de 30 % depuis 2005. En 2023, celui-ci enregistre une baisse de 6 %. Le secteur des transports a enregistré une modeste baisse de 1 % des émissions d’émissions pour 2023, « l’adoption des véhicules électriques progressant plus lentement que les années précédentes » indique le rapport. Les émissions de l’agriculture ont diminué d’environ 2 %. L’introduction d’un nouveau système ETS (ETS2), qui entrera en vigueur en 2027, devrait inciter à réduire davantage les émissions des secteurs des transports et du bâtiment. Mais certains États membres devront mettre en place des mesures de soutien plus importantes précise l’AEE pour les secteurs RPE mais aussi pour le secteur de l’utilisation des terres, leurs changements et la forêt car « la capacité des puits de GES dans l’UE a fortement diminué depuis 2010 et doit être inversée d’ici 2030 pour atteindre l’objectif ».