Catastrophes naturelles : la facture est de plus en plus élevée

Les événements climatiques aux Etats-Unis  « représentent au moins deux tiers des pertes assurées mondiales »  en 2024 note l'institut Swissre. Les ouragans Hélène et Milton qui ont touché la Floride fin septembre et début octobre atteignement quasi 50 milliards de dollars de pertes. ©Shutterstock

Publié le 06/12/2024

4 min

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Les pertes économiques dues aux catastrophes naturelles devraient s’élever à 310 milliards de dollars en 2024 au niveau mondial, en hausse de 6 % par rapport à 2023, selon une première estimation de l’institut Swiss Re. Cette année, les événements climatiques particulièrement intenses se sont succédé. Les ouragans, les orages violents et les inondations ont entraîné des pertes assurées supérieures à 100 milliards de dollars pour la cinquième année consécutive, selon Swiss Re.

Par la rédaction, avec AFP

 

Avec 1,54 °C de plus que la moyenne préindustrielle, 2024 devrait devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température moyenne mondiale des 12 derniers mois « était supérieure de 0,74 °C à la moyenne 1991-2020 et, selon les estimations, de 1,62 °C à la moyenne préindustrielle de 1850-1900 » indiquait dans un rapport publié début novembre l’observatoire climatique de l’Union européenne. Le réchauffement climatique favorise l’apparition de nombreuses catastrophes naturelles observées en 2024. L’Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, a connu d’intenses inondations en 2024, « ce qui a entraîné les deuxièmes pertes assurées les plus élevées jamais enregistrées dans la région », selon les estimations de l’Institut Swiss Re.

Des frais records pour les assureurs

Les dommages couverts par les assureurs devraient pour leur part atteindre 135 milliards de dollars, en hausse de 17 % sur un an. Aux États-Unis, les ouragans Hélène et Milton ont entraîné à eux seuls des pertes assurées estimées à près de 50 milliards de dollars. D’importantes inondations ont frappé l’Europe et le Moyen-Orient, causant des pertes assurées estimées à près de 13 milliards de dollars à ce jour. Les événements climatiques aux États-Unis « représentent au moins deux tiers des pertes assurées mondiales » de 2024. Les frais pour les assureurs dépassent ainsi la barre des 100 milliards de dollars « pour la cinquième année d’affilée« , note Balz Grollimund, responsable de la couverture des catastrophes chez Swiss Re. Cette augmentation des frais est imputable en partie à la concentration d’actifs à assurer dans les zones urbaines et à la hausse des coûts de reconstruction mais « le changement climatique joue aussi un rôle grandissant« . « L’investissement dans des mesures d’atténuation et d’adaptation doit devenir une priorité » ajoute Balz Grollimund. L’adaptation est donc essentielle et les mesures de protection, telles que les digues, les barrages et les vannes « sont jusqu’à 10 fois plus rentables que la reconstruction » estime le réassureur suisse.

Le risque d’inondation augmente

Swiss Re, qui sert d’assureur aux assureurs, note en particulier les coûts grandissants des inondations pour les compagnies d’assurance, les pertes assurées depuis le début de l’année se montant jusqu’à présent à près de 13 milliards de dollars à ce jour, sous le poids des inondations en Europe et dans les Émirats arabes unis. « Il s’agit de la troisième année la plus coûteuse pour ce risque au niveau mondial et de la deuxième année la plus coûteuse pour l’Europe, qui a enregistré des pertes assurées d’environ 10 milliards d’e dollars », selon les estimations de l’institut. En ajoutant ce que les assureurs appellent les désastres engendrés par l’homme, comme par exemple les accidents industriels, les pertes économiques en 2024 devraient atteindre 320 milliards de dollars, la part couverte par les assureurs se chiffrant à 144 milliards de dollars d’après cette première estimation de Swiss Re. Pour rappel, en 2023, les inondations ont touché environ 1,6 million de personnes en Europe et ont causé plus de 80 % des pertes économiques de l’année dues aux effets du climat sur le continent. En 2023, « un tiers du réseau fluvial européen » a vu ses débits dépasser le seuil d’inondation « élevé » et 16 % le seuil d’inondation grave. « Le développement économique reste le principal moteur de l’augmentation des pertes assurées résultant des inondations mais aussi d’autres risques, observée depuis plusieurs décennies. Cependant, avec l’augmentation des risques de catastrophes naturelles et des niveaux de prix plus élevés, l’augmentation annuelle de 5 à 7 % des pertes assurées se poursuivra et les écarts de protection pourraient rester élevés » précise Jean Haegeli, économiste en chef du groupe Swiss Re.

D’après les estimations du réassureur suisse, les pertes assurées pour les ouragans Hélène et Milton qui ont touché la Floride fin septembre et début octobre se situent pour l’instant sous la barre des 50 milliards de dollars. En 2024, les pertes mondiales liées aux ouragans et orages violents s’élèvent à 51 milliards d’euros à ce jour, soit la deuxième perte la plus importante après le record d’environ 70 milliards d’euros atteint l’année dernière.