La France en 2024 : plus chaude et plus pluvieuse

"Signe du changement climatique, 9 des 10 années les plus chaudes en France sont postérieures à 2010", note Météo-France. ©Shutterstock.

Publié le 19/12/2024

6 min

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2024 sera l’année la plus chaude dans le monde a confirmé la semaine dernière Copernicus, et ce sera également l’une des cinq années les plus chaudes en France depuis 1900, avec une température moyenne provisoire de 14 °C, a annoncé ce 19 décembre Météo-France. Notre pays poursuit une décennie de « températures hors normes mais conformes aux projections des climatologues » indique Météo-France.

Par la rédaction avec AFP

 

Marquée par des crues majeures dans plusieurs régions, 2024 figures aussi « parmi les 10 années les plus pluvieuses » depuis 1959, avec 15 % de précipitations au-dessus de la normale et le plus grand déficit d’ensoleillement depuis 30 ans, selon ce bilan annuel dévoilé ce matin.

Températures records : la nouvelle normalité ?

Avec une température moyenne provisoire entre 14 °C et 14,1 °C, l’année 2024 pourrait terminer au troisième ou quatrième rang des annales en France, qui remontent à 1900, selon les données dévoilées dans un pré-bilan de Météo-France. L’année 2024 serait ainsi seulement battue par le record national de 2022 (14,5 °C), presque égalé en 2023, et se conclurait proche des températures de 2020, l’éphémère record précédent. « Signe du changement climatique, neuf des dix années les plus chaudes en France sont postérieures à 2010« , souligne d’ailleurs Météo-France. Mais la température moyenne de 2024 ne devrait pas rester exceptionnelle longtemps : Météo-France s’attend à ce qu’elle soit dépassée « plus d’une année sur deux » d’ici 2050, compte tenu de la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité. « Illustrant la raréfaction du froid sur notre pays« , la barre des 40 °C a été de nouveau franchie plusieurs fois dans le sud de la France en 2024 et le thermomètre « n’est pas descendu en dessous de – 15 °C en plaine« , comme déjà en 2023. Selon l’observatoire, les températures en France sur la période 2015-2024 ont été en moyenne 2,2 °C plus chaudes qu’à la période pré-industrielle, avant la combustion massive d’énergies fossiles et les premiers signes du réchauffement climatique. Conséquence de cette évolution : la métropole a connu 13 jours de vague de chaleur en moyenne sur cette période, contre deux par an en 1961-1990. À l’inverse, il y a eu moins d’une journée par an de vague de froid généralisée sur les dix dernières années contre six auparavant dans les années 1960, 1970 et 1980.

15 % de précipitations au-dessus des normales en 2024

Mais là où 2022 fut très chaude et sèche, 2024 restera comme une année exceptionnellement humide, causant des inondations à répétitions et des récoltes de vins ou céréales désastreuses par endroits. Avec 15 % de précipitations au-dessus des normales, 2024 figure « parmi les 10 années les plus pluvieuses » depuis 1959, selon l’agence météorologique nationale. La France a dans le même temps connu « le plus grand déficit d’ensoleillement depuis 30 ans » (- 10 %), proche des niveaux « historiquement bas des années 1987 ou 1992, 1993, 1994« . Dès le début de l’année, les Hauts-de-France ont subi des inondations majeures. Mi-mai, jusqu’à un ou deux mois de précipitations sont tombés en deux jours en Moselle et dans le Bas-Rhin. Septembre, le plus arrosé en France depuis 25 ans, a notamment été marqué par des « crues torrentielles destructrices en Isère« , dans le sud-est du pays, rappelle Météo-France. En octobre, l’Ardèche subissait un épisode cévenole record, avec 500 mm en une journée par endroits, tandis que la tempête Kirk provoquait des inondations en Seine-et-Marne et en Eure-et-Loire. À Paris, avec 850 mm tombés depuis le 1er janvier, 2024 se classe « déjà au deuxième rang » des archives, indique Météo-France. La Corse, en revanche, a connu une année sèche. Gorgés d’eaux, « les sols sont restés plus humides qu’à la normale pendant huit mois, du jamais vu depuis plus de 30 ans« , relève le bilan.

 Mayotte : un cyclone exceptionnel « avant tout par sa trajectoire« 

 Le cyclone Chido, le plus violent depuis 90 ans à frapper l’archipel de Mayotte, est « remarquable avant tout par sa trajectoire (…) inhabituelle« , quelle que soit l’influence du réchauffement climatique, a déclaré jeudi la présidente de Météo-France. « Le fait qu’il soit passé comme ça, tout droit, en plein sur Mayotte est ce qui explique l’ampleur des dégâts », a dit Virginie Schwartz, PDG de Météo-France, lors d’une conférence de presse. Un tel cyclone n’est pas inhabituel dans l’Océan indien, puisqu’on « observe en moyenne trois phénomènes par an d’intensité équivalente à celle de Chido sur ce bassin », avait déjà expliqué Météo-France lundi. Mais « d’habitude, les cyclones (…) passent par Madagascar », a expliqué la patronne de l’observatoire en réponse à une question sur l’influence du changement climatique sur le phénomène. Selon une étude préliminaire publiée mardi de l’Imperial College de Londres, le changement climatique d’origine humaine a rendu plus puissants les vents du cyclone Chido qui ont frappé l’archipel à plus de 200 km/h pendant de longues minutes, et augmenté de 40 % la probabilité de son apparition. « L’attribution au changement climatique des cyclones est un domaine qui relève encore beaucoup de la recherche » et « les méthodes elles-mêmes aujourd’hui ne sont pas complètement consolidées », a réagi Virginie Schwartz. Par ailleurs, étant à l’écart des routes habituelles de ces violentes tempêtes, Mayotte est « un territoire qui (…) a connu très peu d’épisodes cycloniques intenses », par conséquent « la base statistique (…) est faible » pour les études sur l’influence et la responsabilité du changement climatique. « On ne peut pas dire que, dans 15 jours ou dans un mois, on sera davantage capable d’attribuer le cyclone Chido au changement climatique ou une part du cyclone Chido au changement climatique« , a-t-elle mis en garde, plaidant pour le temps de la recherche.
 

Un avant-goût de l’avenir ? Pas forcément, car selon les projections climatiques pour la France, « les précipitations resteront très variables et leur évolution sur le long terme, à l’échelle nationale, est très incertaine« . Météo-France s’attend toutefois à « une hausse des précipitations en hiver et une baisse en été« , soit une répartition annuelle défavorable pour l’agriculture ou la prévention des crues. De plus, « les précipitations efficaces« , c’est-à-dire celles qui pénètrent les sols, bénéficient aux cultures et remplissent les nappes phréatiques, « vont diminuer sous l’effet de la hausse des températures« , avertit l’agence nationale.