Transition énergétique : « Chez Engie, nous sommes des anti-anti »

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Publié le 08/01/2025

5 min

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Ce 7 janvier, les dirigeants d’Engie, Catherine MacGregor et Jean-Pierre Clamadieu ont souligné lors de leurs vœux à la presse le dynamisme du groupe français qui a considérablement diversifié son portefeuille d’actifs énergétiques ces dernières années. Ils ont également confirmé sa trajectoire de 80 GW de capacités renouvelables électriques installées dans le monde et 10 TWh de biométhane en Europe en 2030. « Chez Engie, nous sommes des anti-anti » a résumé la directrice exécutive du groupe français Catherine MacGregor, soulignant une nouvelle fois l’importance d’utiliser la molécule et l’électron pour réussir la décarbonation de nos usages.

Par Laura Icart

 

« L’année 2025 s’ouvre sur beaucoup d’incertitudes au niveau mondial » souligne le président du conseil d’administration d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, évoquant successivement les difficultés politiques et économiques nationales et internationales et appelant à une « réaction forte de l’Union européenne » pour tenir le cap de la transition énergétique, notamment à travers un Clean Industrial Act qui doit être présenté le 26 février prochain par le nouvel exécutif européen, « ambitieux » mais aussi portant « davantage de simplification », alors que la France comme l’Union européenne doivent légiférer prochainement sur cette question.

« L’Europe doit avoir une réaction forte »

En 2024, la performance financière d’Engie a été « solide », la situation liée au nucléaire belge « dérisquée » et le groupe poursuit, conformément à ses prévisions, le développement de ses capacités renouvelables avec l’objectif d’atteindre 50 GW en fin d’année 2025 et 80 GW en 2030. En novembre, le groupe français avait annoncé avoir atteint 2,3 GW installés au cours des neuf premiers mois de 2024 ainsi que 7,2 GW en construction, « ce qui nous rend très confiants dans l’atteinte de l’objectif annuel de 4 GW », avait souligné Catherine Macgregor. Fort de cette performance, le groupe a aujourd’hui « la capacité pour déployer sa stratégie » et veut continuer à se diversifier, visant notamment à renforcer sa présence sur les infrastructures électriques avec un ancrage solide en Amérique latine et de nombreux projets sur le continent sud-américain. Point positif pour Jean-Pierre Clamadieu : l’électricité produite en Europe est majoritairement d’origine renouvelable, notamment grâce au solaire qui représente près de « 39 % de l’électricité d’origine renouvelable produite en Europe au troisième trimestre 2024 » indiquait fin décembre la Commission européenne.

« Les BPA m’enchantent »

Le retour de l’énergie à Bercy ? La directrice générale d’Engie, dont la proposition de renouvellement a été formulée septembre dernier pour un nouveau contrat de quatre ans, dit n’avoir « pas de dogme » et se dit optimiste sur l’avancée des projets, avec notamment de « vraies dynamiques enclenchées au niveau des territoires et des moyens de production de plus en plus décentralisés ». Mais la patronne d’Engie est surtout revenue sur la transformation de son entreprise devenue aujourd’hui un acteur énergétique mondial de premier plan présent sur l’ensemble de la chaîne de valeur énergétique de l’amont à l’aval, de l’électron à la molécule. Car si « l’on ne pourra pas décarboner l’Europe sans électrification massive avec les renouvelables et le nucléaire, reconnaît Catherine MacGregor, on aura besoin de la molécule et de toutes les technologies efficientes ». Elle rappelle au passage qu’Engie « ne produit pas de gaz fossile » mais a passé cette année le cap des 1 TWh de capacités de production installées en Europe. « Les BPA [pour biomethane purchase agreeement, NDLR] m’enchantent » souligne Catherine MacGregor alors que le groupe français mise beaucoup sur cet outil qui, outre le fait de ne pas recourir aux deniers publics, permet de donner aux industriels une vision de long terme tant sur le prix que sur la sécurisation du volume disponible. « Les BPA et les CPB [certificats de production de biogaz, NDLR] sont des leviers très importants sur lesquels va s’appuyer la filière française pour massifier les volumes de production » nous confirme Cécile Prévieu, vice-présidente exécutive en charge des activités de réseaux. Engie a signé en mai dernier avec Waga Energy et Veolia le plus long BPA (13 ans) actuellement en vigueur en France. Le groupe veut  accélérer sur la signature de BPA comme il le fait déjà sur l’électricité, où il occupe une position « de leader mondial » avec plus de 70 contrats d’achat d’électricité (PPA) en 2023 pour un total de 2,7 GW. 

La transition énergétique, la maximalisation des systèmes « doit s’appréhender à l’échelle européenne, insiste Catherine MacGregor, là où l’interconnectivité permet d’optimiser le marché européen en nous donnant un avantage concurrentiel ». L’Europe « est une force » conclut elle, enjoignant à ne pas avoir une démarche uniquement nationale.