Énergie, économie, climat : que faut-il retenir du discours de politique générale du Premier ministre ?

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Publié le 14/01/2025

5 min

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« L’écologie n’est pas le problème, c’est la solution », a dit le Premier ministre  François Bayrou ce mardi lors de son discours de politique générale devant les députés. Un discours axé sur trois séries de mesures : des mesures d’urgence, des mesures de réconciliation et des mesures de refondation. Du « besoin de stabilité » des Français à l’importance de la dette et du travail parlementaire à venir, François Bayrou a surtout concentré son discours sur le budget, sur les retraites, sur la simplification, sur le rôle central des collectivités et a évoqué l’adaptation « comme une priorité ».

Par Laura Icart 

 

« Chaque ministre sera doté d’une feuille de route et chaque feuille de route sera partagée avec les commissions compétentes du Parlement et du Conseil économique, social et environnemental » a annoncé à la tribune le Premier ministre ce 14 janvier.

Cap sur le budget

« L’adoption d’un budget est indispensable pour les Français, pour l’action de la France, pour son image et pour son crédit » a déclaré François Bayrou, car notre pays n’a toujours pas de budget pour l’année 2025. Alors que le travail parlementaire doit reprendre où il avait été arrêté pour le projet de loi de finances cette semaine au Sénat et que les négociations avec les groupes parlementaires sont menées tambour battant par Bercy depuis une semaine, François Bayrou a évoqué ses mesures d’urgence : une stratégie pluriannuelle de rétablissement des comptes avec maintien de l’objectif de 3 % du déficit en 2029, des prévisions de croissance pour 2025 à la baisse (de 1,1 à 0,9 %) et il proposera “ de fixer l’objectif de déficit public pour 2025 à 5,4 % du PIB ”, sans perdre l’objectif principal de 3 % de déficit public en 2029. « Des économies importantes seront proposées. Et pour la suite, c’est bien un puissant mouvement de réforme de l’action publique qu’il faut conduire » a t-il ajouté, évoquant une réforme de l’État où tous les budgets seront repensés, dès le printemps, « au regard du service à rendre et non du précédent budget », inflation comprise. 

« L’urgence est à la simplification« 

« Notre bureaucratie est trop lourde. Incroyablement lourde » a dit le Premier ministre, évoquant une étude sur le poids des normes en Europe qui serait en moyenne de 0,5 % de PIB annuel, de 0,8 % en Italie à 0,3 % en Espagne, de 0,17 % en Allemagne et de quasi 4 % en France. « Le gouvernement s’engagera donc dans un puissant mouvement de débureaucratisation », évoquant le projet de loi de simplification de la vie économique dont l’examen a déjà commencé devra être adopté rapidement. Le Premier ministre, qui souhaite rendre « le pouvoir au terrain« , veut s’appuyer sur les acteurs de terrain qui, via France expérimentation, travailleront à redéfinir, en partenariat avec l’État, les simplifications. 

Le « rôle central » des collectivités 

Le Premier ministre revient sur l’effort financier auquel devait consentir les collectivités en 2025, à savoir 5 milliards, pour le ramener à 2,2 milliards comme l’avait déjà acté le Sénat. François Bayrou a également évoqué son souhait de faire avance la France « par grands projets » et a annoncé des opérations « commandos, comme il a été fait pour Notre-Dame » avec les collectivités « pour débloquer 100 projets sur tout le territoire« , sans en préciser la nature. « Ils seront une vitrine de la France qui avance et qui construit. »

Priorité à l’adaptation 

« L’effort à mener sur ce sujet crucial. Cette adaptation, la France l’a commencée mieux qu’aucun pays du monde. C’est pour moi une priorité, une ardente obligation qui doit être poursuivie et amplifiée  » a indiqué François Bayrou alors que la France a présenté fin octobre le très attendu troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) qui doit préparer notre pays à vivre + 4 degrés en 2100. Pour y parvenir, le chef de l’exécutif a évoqué successivement le besoin de finaliser la stratégie nationale bas carbone « attendue au second semestre » indiquait le précédent gouvernement, de préserver la biodiversité dont le déclin est amorcé partout dans le monde et propose de tenir « une grande conférence nationale sur l’eau, déclinée dans les régions ». François Bayrou propose de produire, « mais de façon décarbonée, grâce à des technologies nouvelles. Je pense en particulier à notre politique énergétique. Cette politique a un but : l’énergie décarbonée accessible à tous. Pour y parvenir, le nucléaire est un axe essentiel et la géothermie, réservoir inépuisable de calories gratuites sous nos pieds, l’est aussi » a-t-il indiqué sans en dire davantage. Aucune référence néanmoins à la programmation pluriannuelle de l’énergie fixant pourtant la politique énergétique de la France pour les 10 prochaines années

Pour reconquérir la production, le premier ministre évoque « la mise en œuvre de politiques de filière, associant l’État, les grandes entreprises, les régions et les sous-traitants, à partir de l’examen de notre balance commerciale ». La transition écologique c’est aussi favoriser les mobilités les plus adaptées, de l’hydrogène au plan vélo qui doit être poursuivi avec les moyens qui lui sont nécessaires, a ajouté celui qui est aussi maire d’une ville, Pau, ayant mis en service en 2020 le premier bus à haut niveau de service de 18 mètres au monde, fonctionnant avec une pile à hydrogène, baptisé Fébus.