Gaz de Tahiti mise sur des PME pour innover

Publié le 22/05/2019

6 min

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L’amélioration de la sécurité et l’innovation sont des enjeux clés pour le secteur du GPL et plus particulièrement du gaz en bouteille. En Polynésie française, un partenariat entre Gaz de Tahiti et plusieurs PME a débouché sur la création d’un protecteur en plastique pour bouteille de gaz conçu par la société Rovip. Gaz d’aujourd’hui est parti à la rencontre des acteurs du projet, à quelques milliers de kilomètres de la métropole. Interviews croisées. Propos recueillis par Laura Icart   Sébastien Millot est directeur technique chez Gaz de Tahiti, distributeur de gaz vrac et conditionné en Polynésie française. Alexis Hervatin est responsable marché gaz chez Rovip, fabricant d’accessoires pour bouteille de gaz. Nicolas Rouer est responsable commercial export chez Makeen Energy France (anciennement Siraga), fournisseur d’équipement pour l’emplissage de GPL.   Des milliers de consommateurs polynésiens utilisent chaque jour des bouteilles de gaz. Pourquoi est-il important de les faire évoluer ?  Sébastien Millot (Gaz de Tahiti) L’innovation est dans l’ADN de Gaz de Tahiti depuis sa fondation, en 1973. Et plus encore, si l’on considère le travail accompli depuis la genèse du gaz en Polynésie par Laurent Le Bihan [Ets Le Bihan, NDLR], le grand-père de l’actuel dirigeant Georges Siu. Développer des solutions et des activités innovantes pour répondre aux attentes de nos clients, c’est notre moteur. En 2005, nous avions lancé la commercialisation de la petite bouteille Gazi de 5 kg en matériau composite, produit très apprécié des plaisanciers. Cela fait un peu plus de dix ans que nous testons des protecteurs de robinet pour bouteille métallique en Polynésie sur le marché domestique et pour la carburation. En 2017, une grande enquête lancée auprès de nos clients confirme une grande attente de ces derniers quant à la sécurité et pour améliorer la manutention de nos bouteilles de gaz. Nous souhaitions développer un protecteur à destination de notre gamme de bouteilles domestiques. C’est de cette volonté qu’est né ce travail collaboratif entre nos trois entités [Gaz de Tahiti, Rovip et Makeen, NDLR]. Quelle est la genèse du projet ? Alexis Hervatin (Rovip) Il y a deux ans, Gaz de Tahiti nous a contacté car l’entreprise avaient besoin de supprimer leur chapeau en métal amovible pour des raisons d’ergonomie et de sécurité. Elle souhaitait par la même occasion apporter de la nouveauté, rajeunir la bouteille, rendre le chapeau plus ergonomique, améliorer la préhension de la poignée pour augmenter la sécurité à l’usage de la bouteille par l’utilisateur. Gaz de Tahiti avait également la volonté de faire des gains de productivité dans leur process d’emplissage de la bouteille en supprimant le traitement des chapeaux métal amovibles. Sébastien Millot Effectivement, lorsque notre projet est devenu plus concret, nous avons contacté Rovip. Nous savions que leur expertise et leur grande expérience sur ce type de produits pouvaient répondre à nos exigences pour développer un protecteur adapté aux conditions d’exploitation spécifiques de la Polynésie, à savoir des hauts taux de salinité, un rayonnement UV permanent et de nombreux chocs sur la chaîne logistique. Des tests ont été réalisés sur notre parc de bouteilles et sur l’ensemble de notre process industriel et logistique en 2017. Une fois l’ensemble des paramètres vérifiés, nous avons signé un contrat d’approvisionnement en février 2018. Quel type de produit avez-vous proposé ? Quelles ont été les étapes de sa conception et les contraintes liées au process d’emplissage ? Alexis Hervatin Nous avons proposé le protecteur Sixela double bague. Ce produit est une évolution du protecteur universel commercialisé sur le marché depuis 2015. Ce nouveau protecteur en plastique, allégé et écoconçu, est breveté par Rovip. Il permet un alignement parfait entre la sortie du robinet et l’ouverture du protecteur. Pour concevoir ce nouveau produit, nous avons réalisé des tests chez un de nos clients en Suisse qui avait une ligne d’emplissage similaire à celle de Gaz de Tahiti. Ce travail partenarial nous a permis d’identifier rapidement avec Makeen les ajustements que nous devrions faire, notamment en termes de design, pour nous adapter aux contraintes d’emplissage. Nicolas Rouer (Makeen) Nous fabriquons pour les centres emplisseurs les machines à poser les capsules Rovip sur les robinets des bouteilles de gaz qui permettent d’assurer leur étanchéité. Ils nous ont contactés avant de lancer la production de leur nouveau protecteur. C’est à ce moment-là que nous avons détecté une faille en termes de design du produit qui n’aurait pas permis l’utilisation de notre machine. Alexis Hervatin La capsuleuse Siraga qui vient poser la capsule sur le robinet a un mouvement spécial qui prend de la place dans l’encombrement du produit. Nous avons donc désigné une large zone sur le protecteur pour permettre à la capsuleuse de réaliser la dépose de la capsule. Nicolas Rouer Et nous avons, de notre côté, fait quelques ajustements concernant la cinématique de la capsuleuse pour coordonner le tout. Alexis Hervatin Ce protecteur améliore la sécurité des bouteilles de gaz pendant leur utilisation. Les premiers protecteurs Sixela ont été commercialisés en début d’année, nous avons déjà équipé plusieurs millions de bouteilles avec nos protecteurs et souhaitons continuer à démocratiser notre solution. Que représente le marché du gaz en bouteille en Polynésie française ? Avez-vous des activités ou des projets en métropole ? Sébastien Millot Plus de 90 % des foyers polynésiens sont consommateurs de gaz, nous sommes ainsi présents dans toutes les familles. Si la plus grande partie de la population se concentre sur les îles de Tahiti et Moorea, la Polynésie française est un archipel d’une centaine d’îles habitées, sur un territoire aussi vaste que l’Europe, et pour lesquelles nous devons assurer une logistique de transport spécifique : camions, puis caboteurs. Nous développons également notre réseau auprès des acteurs clés du monde gazier. Dans ce cadre, membre associé du Comité français du butane et propane (CFBP) depuis 2011, nous avons signé en 2016 une convention d’assistance pour nous accompagner sur la réglementation et sur les pratiques métier.

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