À Viry, sept exploitations agricoles s’associent pour produire du biogaz

Publié le 29/10/2021

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L’unité de méthanisation de Green Gas Viry en Haute-Savoie a été inaugurée le 22 octobre. Portée par sept agriculteurs et soutenue depuis son lancement par la communauté des communes du Genevois, l’unité valorisera chaque année près de 11 000 tonnes de matières organiques quasi exclusivement issues des exploitations agricoles associées au projet. C’est la cinquième unité à injecter du biométhane dans le réseau gazier en Haute-Savoie. Elle permettra d’alimenter en gaz vert près de 900 foyers. 

Par Laura Icart

 

Après un an et demi de travaux, l’unité de méthanisation Green Gas Viry, la deuxième unité de méthanisation agricole de Haute-Savoie, a été mise en service. Ce sont sept exploitations agricoles (cinq éleveurs et deux céréaliers), toutes situées dans un rayon d’une dizaine de kilomètres, qui sont à l’origine de ce projet. Un projet qui a été soutenu par les élus locaux, convaincus du potentiel de la méthanisation pour accompagner la transition énergétique du territoire, labellisé d’ailleurs « Territoire à énergie positive » (Tepos) et répondre aux objectifs de production d’énergies renouvelables.

Maîtriser intégralement ses intrants

Une unité qui produira un biométhane 100% d’origine agricole avec des intrants à 95 % endogène : « De quoi s’assurer une maîtrise totale de l’alimentation de notre méthaniseur et d’un retour au sol de qualité » indique à Gaz d’aujourd’hui Olivier Carrillat, agriculteur céréalier (pommes de terre, blé, maïs, tournesol et foin de luzerne) à Chenex, déjà engagé au sein de son exploitation dans de multiples démarches environnementales, comme le réseau Ferme Dephy qui rassemble, selon le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, 3 000 exploitations agricoles engagées dans une démarche volontaire de réduction de l’usage de pesticide. Pour alimenter l’unité de méthanisation, les agriculteurs partenaires s’appuieront principalement sur du fumier de bovin (56 %) et du lisier (30 %). Le fumier de cheval (4 %), des cultures intermédiaires (4 %), des déchets de céréales (3 %) et des déchets de pommes et pommes de terre (3 %) viendront compléter la recette. Au total, ce sont près de 11 000 tonnes de matières organiques qui seront valorisées chaque année sur le site de Viry. D’une capacité installée de 12 GWh, la moyenne française tourne autour de 17 GWh. Elle permettra d’alimenter en gaz vert produit localement environ 900 foyers, situés à l’est du canton sur cinq communes : Feigères, Archamps, Neydens, Beaumont et Saint-Julien-en-Genevois.

Nourrir la planète… et la chauffer

Transformer les agriculteurs en « industriels de l’énergie » : une critique souvent évoquée avec le développement de la méthanisation dans nos territoires. Une critique « infondée » par Olivier Carillat qui rappelle que si le premier métier d’un agriculteur est, et sera toujours « de nourrir la planète », il n’est pas nécessaire pour autant de se « priver de la chauffer ». Une opinion partagée par l’ensemble des agriculteurs associés dans la SAS Green Gaz Viry, tous engagés dans des pratiques d’agriculture raisonnée et convaincus que la méthanisation peut contribuer à la pérennisation de leurs activités agricoles, à la réduction de la fertilisation de synthèse ou encore à l’amélioration de la vie microbienne de leurs sols. « Ce projet est pour nous une manière de contribuer à la transition énergétique et de devenir acteur de la production d’énergie renouvelable. Cela nous permettra de valoriser nos effluents d’élevage, tout en réduisant nos achats d’engrais » déclare, sur le site internet du projet, Marc Secret, éleveur à la Gaec Les Fauvettes. « Avec la méthanisation, nous avons cherché à réduire les nuisances olfactives dues au stockage et à l’épandage des effluents bruts, fumiers et lisiers. Nous devons aussi diversifier nos revenus pour garder nos troupeaux. Les éleveurs sont fragilisés par une conjoncture agricole de plus en plus difficile » souligne de son côté le président de la SAS, éleveur à la Gaec La Sauvegarde.

« Rassurer la population »

Dans ce territoire en périphérie de Genève, en zone plutôt péri-urbaine, les premières habitations se trouvent à moins de 300 mètres de l’unité de méthanisation. La question de l’acceptabilité a été travaillée dès le départ du projet avec une première réunion publique organisée en amont des travaux « pour expliquer le projet et ce qu’il pouvait apporter au territoire » indique Olivier Carrillat. « 80 personnes avaient fait le déplacement » précise-t-il. Une association regroupant des riverains opposés au projet s’est tout de même montée et a recueilli plus de 300 signatures. La plupart ne sont d’ailleurs pas fermement opposés à la méthanisation, ils craignent davantage les impacts sur leurs cadres de vie. « Nous avons continué via Facebook et le site internet à communiquer sur notre projet avec un objectif : rassurer la population. » Pour Olivier Carillat, ce projet de méthanisation est aussi un bel exemple de cohésion entre agriculteurs eux-mêmes, un esprit « cuma » (coopérative d’utilisation de matériel agricole) pour la SAS qui a déjà prévu une mutualisation des assolements afin de pouvoir bénéficier de suffisamment d’intercultures pour alimenter leur unité de méthanisation.