Agriculture et énergie : brèves de Salon

Publié le 14/03/2022

6 min

Publié le 14/03/2022

Temps de lecture : 6 min 6 min

Le Salon de l’agriculture a fermé ses portes la semaine dernière à Paris. Pour cette édition des retrouvailles avec le public, près de 500 000 visiteurs sont venus à la rencontre des agriculteurs français. Une 58e édition où il a également été beaucoup question d’énergie et de sa place dans le monde agricole alors que la part de l’agriculture dans la production d’énergies renouvelables est estimée selon l’Agence de transition écologique à 20 % de la production nationale. L’occasion pour la filière des gaz renouvelables de poursuivre ou d’engager des collaborations techniques, scientifiques et financières avec des partenaires publics et privés nationaux.  

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Selon une étude de l’Ademe parue en 2015, les exploitations agricoles fournissent aujourd’hui « autant d’énergie renouvelable qu’elles consomment d’énergie non renouvelable », notamment par la production, l’autoconsommation et la vente d’électricité et de biométhane via le photovoltaïque et la méthanisation, la production et la vente de biomasse pour la production d’énergies renouvelables (cultures pour les biocarburants et la méthanisation, bois pour la chaleur) et la mise à disposition de surfaces pour l’installation d’éoliennes ou de panneaux solaires. Une production qui constitue, selon les situations des fermes, une source de revenus complémentaire, une production d’éléments fertilisants permettant une économie d’engrais mais également un développement de pratiques culturales davantage tournées vers l’agroécologie.

Soutenir la dynamique du gaz « vert »

Développer et accélérer la production des gaz renouvelables dans nos territoires, c’est l’ambition de plusieurs partenariats signés pendant la quinzaine du Salon de l’agriculture alors que le monde agricole produit près de 80 % du biogaz et du biométhane en cogénération ou en injection. La méthanisation agricole représente plus d’un millier de méthaniseurs en service en France, dont près d’un tiers injectent dans les réseaux gaziers. C’est autant de revenus supplémentaires pour les agriculteurs, des emplois non délocalisables et de l’engrais, aussi appelé digestat, qui permet de réduire l’utilisation de fertilisants chimiques sur les terres agricoles. Et c’est aussi un gage de souveraineté énergétique, dans une période qui nous rappelle que notre dépendance aux énergies fossiles est un enjeu climatique autant que géostratégique et que le développement des gaz renouvelables-  qui pourrait couvrir 20 % de notre consommation de gaz en 2030 et jusqu’aux deux tiers en 2040 – doit être davantage soutenue, selon la filière, par les pouvoir publics.

L’Ademe et GRDF poursuivent leur coopération

Le 3 mars, la directrice générale de GRDF, Laurence Poirier-Dietz, a signé avec Arnaud Leroy, président de l’agence de la transition écologique (Ademe) le cinquième accord-cadre entre l’entreprise et l’institution publique, qui vise comme les précédents à poursuivre les travaux engagés pour développer la place des gaz renouvelables dans le mix énergétique français, mais aussi à faire connaître les différents usages du biométhane (bâtiment, mobilité), notamment auprès des collectivités. Un nouveau guide pédagogique pour permettre aux collectivités d’optimiser leurs mix énergétiques mais aussi multiplier les sources de valorisation du biométhane devrait voir le jour dans les prochains mois. « Des analyses techniques seront notamment réalisées sur le devenir des méthaniseurs en cogénération et en fin de tarif d’achat » précise le communiqué. Également au programme de cette nouvelle coopération de trois ans : le power-to-gas, nouveau procédé de production de gaz renouvelable qui permet de produire de l’hydrogène par électrolyse et apporte davantage de flexibilité au système énergétique. Il sera scruté par les deux partenaires afin d’évaluer le potentiel de développement de cette filière. Une étude complémentaire pour évaluer la pertinence d’ajouter une brique méthanation à cette technologie est également prévue, tout comme plusieurs évaluations visant à étudier le potentiel de décarbonation des solutions biogaz dans le bâtiment via par exemple la PAC hybride gaz ou le développement d’une filière du rétrofit dans la mobilité terrestre et maritime.

TotalEnergies et la FNSEA signent un premier partenariat

En rachetant les activités du Fonroche biogaz en janvier 2021, TotalEnergies est devenu le leader français dans la production de biométhane puisque la major énergétique possède 10 % des parts du marché. Lors du Salon international de l’agriculture, elle a signé un partenariat avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) pour développer en premier lieu le biométhane mais aussi l’agrivoltaisme et les biocarburants avec « une approche collective et territoriale des projets commune » précisent les deux nouveaux partenaires, alors que l’acceptabilité des projets sera une des clés de l’accélération des EnR sur nos territoires.

De nouveaux accords pour booster la production de gaz vert francilien

L’Île-de-France compte 31 sites de méthanisation dont 25 rien qu’en Seine-et-Marne. Outre la signature d’un contrat de raccordement et d’injection de biométhane entre GRDF et la SAS Champ d’énergie qui verra la mise en service en 2023 d’une nouvelle unité de méthanisation en Seine-et-Marne, la chambre d’agriculture de la région Île-de-France et GRDF ont renouvelé leur partenariat pour renforcer la filière d’injection de biométhane dans les territoires franciliens. Un partenariat qui s’articule autour de plusieurs axes destinés à la fois aux acteurs franciliens – pour les sensibiliser aux opportunités d’un gaz vert produit localement -, aux agriculteurs – pour les former et susciter de nouveaux projets – et aux porteurs de projets – pour les accompagner notamment dans leurs démarches administratives et techniques. GRDF a également profité du SIA pour lancer le premier appel à projets francilien sur la valorisation du CO2 biogénique de méthanisation en partenariat avec le Sigeif. Avec une trentaine d’unités déjà en service et une cinquantaine d’ici fin 2022, l’Île-de-France disposerait selon GRDF « d’une ressource annuelle de près de 100 000 tonnes de CO2 biogénique ». Un potentiel important qui pourrait permettre de « structurer » une filière de valorisation locale du CO2 de méthanisation.

Crédit : Shutterstock