Le groupe français Air liquide a annoncé le 24 octobre un investissement de plus de 140 millions d’euros pour créer une plateforme innovante de production de gaz industriels bas carbone dans la zone industrielle de Bécancour, au Québec. Après avoir inauguré dans ce même lieu en 2021 le plus grand électrolyseur PEM actuellement en service dans le monde, Air liquide poursuit la construction dans « la nouvelle vallée de la transition énergétique du Québec » d’un écosystème industriel décarboné.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

« Le Québec est aux avant-postes de la transition énergétique, développant activement un écosystème industriel dynamique autour des composants de batteries, de l’hydrogène et des énergies renouvelables » indique Matthieu Giard, directeur général du pôle Amériques chez Air liquide. La multinationale française est présente depuis 35 ans à Bécancour, l’un des plus grands parcs industriels et portuaires du Canada. L’usine mise en service en 1987 est une installation « unique » en Amérique du Nord qui produit de l’hydrogène gazeux et liquide pour des clients industriels au Canada et aux États-Unis.

Un électrolyseur PEM de 20 MW

Le plus grand électrolyseur à membrane échangeuse de protons (PEM) en opération au monde a été inauguré sur le site de Becancour en février 2021. L’électrolyseur PEM de 20 MW comporte quatre unités distinctes, chacune dotée de la technologie canadienne Cummins, pour produire de l’hydrogène bas carbone à partir de sources renouvelables. La mise en service de cet électrolyseur a permis d’augmenter de plus 50 % la capacité de production d’hydrogène d’Air liquide sur le site de Bécancour. Concrètement, plus de 8,2 tonnes métriques d’hydrogène sont produites par jour, soit l’alimentation annuelle de plus de 2 000 voitures ou 16 000 chariots élévateurs, ou 275 autobus ou 230 gros camions. « La proximité de Bécancour avec les principaux marchés industriels du Canada et des États-Unis va contribuer à assurer l’approvisionnement en hydrogène bas carbone pour des usages industriels et la mobilité » indique Air liquide.

Une plateforme innovante

Dans cette zone industrielle et portuaire majeure au Québec où la multinationale est implantée depuis plusieurs décennies, la création d’une plateforme de production de gaz bas carbone, parmi lesquels de l’hydrogène, l’oxygène, l’azote et l’argon, vient encore accentuer les ambitions du groupe pour réduire l’intensité carbone de sa production et visera principalement à soutenir la croissance du marché des batteries pour véhicules électriques. Elle comprendra une nouvelle unité de production (ASU) d’oxygène, d’azote renouvelable et de l’argon, un gaz inerte utilisé comme gaz de protection, en particulier pour le soudage à l’arc et la préservation de la qualité des aliments, « ainsi qu’une capacité de stockage liquide, relié par un réseau de canalisations local ». La nouvelle ASU sera alimentée par de l’énergie renouvelable provenant de sources hydroélectriques (99 %), abondantes dans la région et dans la lignée des objectifs climatiques de l’entreprise qui vise à réduire ses émissions de CO₂ de 33 % d’ici 2035. Cette nouvelle unité, qui sera opérationnelle en 2025, aura « une capacité de production totale de 850 tonnes par jour » et approvisionnera principalement « dans le cadre de contrats à long terme » des clients fabriquant des composants de batteries pour véhicules électriques. « Le projet prévoit également le raccordement de son électrolyseur PEM de Bécancour, permettant la récupération et la valorisation de l’oxygène renouvelable issu de la production d’hydrogène » précise Air liquide.