L’entreprise française Air liquide a annoncé le 12 juillet le démarrage d’une activité de production de biométhane en Chine. Une première unité sera mise en service dans le nord de la Chine à la fin de l’année. D’une capacité de production totale de 75 GWh par an, elle valorisera une centaine de milliers de tonnes de déchets agricoles chaque année.

Par Laura Icart

La pandémie de Covid-19 et la crise énergétique qui dure depuis plusieurs mois dans un contexte international particulièrement incertain poussent de nombreux pays à se tourner vers des productions d’énergies davantage souveraines pour « remodeler » leur mix énergétique. Si le mix chinois reste dominé par le charbon, la Chine est le leader mondial du déploiement des énergies renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque dont elle maîtrise aujourd’hui plus de 80 % de la chaîne d’approvisionnement mondiale et « jusqu’à 95 % en 2025 » selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

La Chine vise la neutralité carbone en 2060

Le rythme de réduction des émissions de la Chine au cours des prochaines décennies sera un facteur important dans les efforts déployés au niveau mondial pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. La Chine a annoncé qu’elle visait la neutralité carbone en 2060 et, si le pays fait des efforts, notamment en développant d’importantes capacités d’énergies renouvelables pour sa production d’électricité (environ 30 %), son mix énergétique reste dépendant à plus de 60 % du charbon dont elle est aussi le premier producteur mondial (50 %). Une situation assez contrastée entre un rythme de déploiement des EnR parmi les plus importants au monde sur la dernière décennie, notamment sur le solaire et l’éolien et dans le même temps des capacités de production au charbon qui augmentent aussi, malgré la bombe climatique qu’il représente.

Quelle stratégie de développement pour le biométhane en Chine ?

Le biométhane et le biogaz auraient un grand potentiel de développement en Chine. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. En premier lieu, la Chine, pays de 1,4 milliard d’habitants, est l’un des premiers producteurs agricoles mondiaux, notamment de blé, de porc, de volailles et de maïs. Selon la Banque mondiale, elle nourrit plus de 18 % de la population mondiale sur 8,5 % de la surface arable du globe. La valorisation des déchets agricoles – des effluents d’élevages aux résidus de cultures – constitue pour les petites exploitations familiales (0,6 ha en moyenne), majoritaires dans le pays, une source intéressante de valorisation permettant une production combinée d’énergie et d’engrais. Sur le biométhane, si la stratégie chinoise mise davantage sur l’exploitation de très grands projets entre le monde agricole et le monde industriel et le développement de cultures énergétiques, le développement des territoires ruraux est également visé par le gouvernement de Pékin.

Un premier projet pour Air liquide

L’entreprise française qui exploite 21 unités de production de biométhane dans le monde pour une capacité de production annuelle d’environ 1,4 TWh, soit un tiers de la production française à la fin de l’année 2021, mettra en service d’ici la fin de l’année une unité de méthanisation à Huai’an City, dans la province du Jiangsu. C’est la première unité de production de biométhane exploitée par Air liquide en Asie. Elle produira du biométhane d’origine agricole à partir de « de déchets issus de cultures agricoles et d’élevages provenant de fermes locales ». Une fois en service, l’usine valorisera près de 120 000 tonnes de déchets agricoles chaque année, permettant la production de 75 GWh par an de biométhane injecté directement dans le réseau de gaz urbain. « Il servira également à générer de l’électricité pour l’unité de production et le réseau électrique local » précise Air liquide.

© Constant Formé-Bècherat.