Barcelone : un réseau urbain alimenté avec le froid résiduel du terminal GNL

Veolia a inauguré le 25 novembre une solution de récupération du froid résiduel sur le terminal méthanier Enagás de Barcelone qui permettra de générer 131 GWh d’énergie locale chaque année. ©Enagas

Publié le 26/11/2024

4 min

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Veolia et Enagás ont annoncé le 25 novembre « une première mondiale » : l’inauguration du premier réseau urbain de récupération de froid à partir d’un terminal de gaz naturel liquéfie (GNL) situé dans le port de Barcelone. Une innovation qui va permettre de récupérer chaque année plus de 130 TWh d’énergie. Un projet appelé à se dupliquer en Europe et à l’international.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Veolia et Enagás ont inauguré ce lundi le premier réseau durable à utiliser le froid résiduel issu d’un processus de regazéification « comme source d’énergie durable à des fins industrielles et résidentielles » situé au sein du terminal GNL exploité par l’opérateur de transport de gaz espagnol Enagás, en partenariat avec le port de Barcelone et la Mairie de Barcelone. Cette « solution pionnière et inédite » selon les partenaires du projet, qui se caractérise par « un haut degré d’efficacité énergétique », permettra de produire annuellement l’équivalent de 131 TWh d’énergie, soit la consommation annuelle d’une ville  de plus 100 000 habitants. « Ce projet est pionnier, il place l’innovation, l’efficacité énergétique, la décarbonisation et la collaboration public-privé au centre, ce qui permet aux villes de faire face aux défis du changement climatique, défis que nous devons transformer en génération de nouvelles opportunités », a déclaré la première adjointe au maire de la ville de Barcelone, laia Bonet.

Boucler la boucle

C’est une « solution inédite de récupération du froid résiduel » qui entre en fonctionnement dans le dixième plus grand port européen. Une technologie qui, en plus de produire de l’énergie supplémentaire, va également permettre « d’éviter plus de 32 000 tonnes d’émissions de CO₂ chaque année » selon les partenaires du projet, préfigurant peut-être une nouvelle opportunité de décarbonation avec la récupération de froid sur les terminaux de regazéification. Ils sont plus de 150 dans le monde. Cette solution permet de récupérer l’énergie libérée lors du processus traditionnel de regazéification, qui envoie le gaz naturel liquéfié (GNL) dans la boucle d’eau de mer à moins 160 °C avant de le livrer au réseau sous forme gazeuse à une température d’environ – 2 °C-0 °C. « Le froid généré au cours de ce processus est généralement rejeté dans la mer et donc perdu » précise Veolia. « Cette solution offre un potentiel de récupération considérable, en particulier pour les sites où les densités urbaines et industrielles sont suffisamment adaptées à sa mise en œuvre » précise Veolia à Gaz d’aujourd’hui. « Il s’agit d’un projet emblématique d’énergie durable pour la ville de Barcelone qui permettra aux industries et aux consommateurs de la zone d’influence de l’usine de regazéification d’Enagás et du port de Barcelone d’avoir accès à un froid durable et compétitif » indique Arturo Gonzalo, le PDG d’Enagás.

Dupliquer et développer les partenariats

Cette solution ouvre « des perspectives considérables pour la production d’énergie locale décarbonante à partir de gisements jusqu’ici inexploités » précisent Veolia et Enagás qui ont signé un accord visant à développer des opportunités commerciales et à copier et adapter la solution de récupération du froid dans les terminaux GNL, tant en Espagne qu’à l’international. « La récupération de chaleur et de froid résiduels est une composante majeure de la stratégie de transformation écologique du mix énergétique de Veolia » souligne Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia. Elle précise que « la réplicabilité » de cette solution offre « de belles perspectives de développement » pour le groupe français qui a produit 42 térawattheures d’énergie et valorisé 63 millions de tonnes de déchet dans le monde en 2023. Veolia a également signé un protocole d’accord avec Mercabarna, le marché de gros alimentaire de Barcelone qui regroupe plus de 600 entreprises spécialisées dans la distribution, la préparation, l’importation et l’exportation de produits frais et surgelés, et qui pourrait bénéficier du froid résiduel récupéré du terminal GNL d’Enagás « pour huit pavillons de fruits, légumes et fruits de mer et plusieurs entreprises du secteur alimentaire ».