La centrale Saint-Avold : du charbon au biogaz ?

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Publié le 27/09/2024

4 min

Publié le 27/09/2024

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La centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), qui doit tourner la page du charbon d’ici à 2027, oriente finalement sa reconversion vers le gaz, après avoir un temps imaginé une conversion à la biomasse, a annoncé GazelEnergie le 26 septembre à l’AFP.

Par la rédaction, avec AFP

 

C’est l’une des deux dernières centrales à charbon de France : l’usine de Saint-Avold devait fermer en mars 2022 mais la guerre en Ukraine et le risque sur la sécurité d’approvisionnement électrique de la France, avec une disponibilité du parc nucléaire basse, avait contraint l’État a repousser cette fermeture. En septembre 2023, le président de la République annonce que la France sortira définitivement du charbon en 2027 et reconvertira ses deux dernières centrales à charbon : Cordemais (Loire-Atlantique) et Saint-Avold seront convertis à la biomasse. Une solution qui ne semble plus d’actualité aujourd’hui pour l’une comme pour l’autre.

Exit la conversion vers la biomasse

Après plusieurs années d’incertitudes, dans un contexte politique chahuté qui n’a pas facilité la prise de décision, exit semble-t-il la biomasse. C’est finalement au gaz que la centrale Émile-Huchet de Saint-Avold sera reconvertie. « Sur l’option biogaz, on est sur une conversion intégrale qui permet de répondre à l’objectif de conversion jusqu’à 2027 et de garantir les emplois. Cette conversion au gaz pourrait même permettre d’atteindre la neutralité carbone » selon Camille Jaffrelo, porte-parole de GazelEnergie. « Je suis content qu’on arrête le charbon, mais surtout on a des perspectives à venir avec le projet de conversion au gaz de la chaudière, beaucoup plus écologique, beaucoup plus bénéfique pour l’emploi » et qui constitue « une transition juste », a réagi auprès de l’AFP Sylvain Krebs, responsable d’exploitation à la centrale Émile-Huchet.

Une alimentation au biogaz 

« Le coût de la conversion du site à la biomasse, initialement proposé, était évalué à 100 millions d’euros, quand l’orientation vers le gaz serait de 110 millions d’euros, une hausse minime comparée à la création d’une autre centrale, dont le coût serait de 500 millions d’euros » indique Camille Jaffrelo. Si plusieurs projets sont sur la table depuis l’annonce de la fermeture, dont la conversion à la biomasse, c’est celui proposant une reconversion au gaz, offrant une capacité d’environ 540 MW, et plus exactement au biogaz, qui est désormais envisagé. « On a fait des sourcings et des calibrages d’approvisionnement en biogaz sur la centrale. Ce qui permet d’avoir une solution technique neutre en termes de carbone » indique Camille Jaffrelo sur France 3 Grand Est. Une idée qui semble validée par les syndicats, d’autant plus qu’il existe déjà des raccords au gaz à proximité du site, mais qui doit être encore validée par l’État. Les salariés sont inquiets quand au manque de visibilité sur leur avenir alors qu’EDF a annoncé le 25 septembre son intention d’abandonner le projet de conversion de la centrale de Cordemais, qui cessera donc de produire de l’électricité à l’horizon 2027.

En attendant des réponses politiques et une feuille de route demandée par la direction et les employés au gouvernement depuis plusieurs mois, les vérifications nécessaires au redémarrage de la centrale ont été effectuées la semaine dernière. La centrale est donc prête à fonctionner à nouveau au charbon cet hiver. La réserve de charbon est d’ailleurs bien remplie et les installations prêtes à produire de l’énergie lorsqu’il fera froid et que l’approvisionnement en électricité sera sous tension, selon Mme Jaffrelo. Les employés d’Émile-Huchet, s’ils veulent rester confiants après des semaines d’angoisse et une période de mobilisation sociale avant l’été, craignent toutefois que les « avenirs de nos deux centrales soient liés », expliquait mardi à l’AFP Thomas About, syndicaliste de la CFDT à la centrale de Saint-Avold. Ils attendent désormais un rendez-vous avec la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui « connaît bien le dossier », a souligné M. Krebs, également délégué syndical CFE-CGC. « J’espère que le gouvernement saura prendre cette opportunité-là. »