Décarboner, « une tendance de fond » selon Air liquide

Légende : En 2024, Air liquide a signé un « volume record de PPA avec plus de 2 500 GWh d’électricité bas carbone, soit plus de 1,2Mt de réduction des émissions de CO2 par an » indique le groupe français. ©Shutterstock/Oliver Hoffmann

Publié le 23/02/2025

5 min

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Le 21 février 25, Air liquide a annoncé un bénéfice net en hausse de plus de 7 %, dépassant les 3 milliards d’euros. Le géant français des gaz industriels a signé des projets majeurs en 2024, notamment dans la production d’oxygène et d’hydrogène. Une stratégie ciblée dans l’électronique et les projets « concrets » de transition énergétique pour le groupe français, qui ont renforcé sa position concurrentielle sur le marché mondial.

Par la rédaction, avec AFP

 

La présentation de la stratégie européenne pour une industrie propre attendue mercredi à Bruxelles, peut aider l’Europe à « renouveler et transformer son outil industriel » vers la décarbonation, a estimé le 21 février François Jackow, le directeur général du groupe de gaz industriels Air liquide. « Nous attendons un certain nombre de directions, probablement de simplifications et peut-être de soutiens plus marqués à une industrie décarbonée« , a-t-il affirmé à l’occasion de la présentation des résultats 2024 de son groupe. La présentation mercredi du pacte pour une industrie propre (le Clean Industrial Act en anglais) par la Commission, censé permettre à la fois d’enrayer le déclin industriel du Vieux Continent tout en relançant la croissance, est « évidemment extrêmement importante pour nos clients », a-t-il ajouté.

Transformer l’appareil productif

De par son rôle de concepteur et fournisseur de gaz industriels dans des secteurs très divers allant des hôpitaux aux raffineries en passant par la chimie, l’électronique ou l’agroalimentaire, Air liquide a un rôle historique d’observateur et d’acteur clé sur les évolutions de l’industrie mondiale. « La tendance à la décarbonation est une tendance de fond, a estimé M. Jackow, elle répond à des besoins, à une urgence climatique et c’est aussi une opportunité pour l’Europe de renouveler et de transformer son outil industriel. » Le groupe français investit dans de nombreux projets d’énergie bas carbone dans le monde, comme aux États-Unis où il poursuit l’expansion des capacités de production de biométhane, avec la construction de deux unités de production, mais aussi en Europe, où l’entreprise est investie dans deux projets d’ampleur financés par l’Union européenne : le projet d’infrastructures de CO₂ D’Artagnan destiné, à décarboner le bassin de Dunkerque avec Dunkerque LNG, et un projet de captage et de stockage de carbone au Danemark avec Cementir Holding Group. Situé à Aalborg, Accsion « sera l’une des premières chaînes de valeur de captage et de stockage du carbone (CCS) onshore en Europe » prévue pour être opérationnelle en 2029. Rien qu’en Europe, le groupe œuvre sur une vingtaine de projets.

Un manque de visibilité aux États-Unis

Air liquide a notamment sept projets « en construction ou en activité » portant sur des électrolyseurs en Europe afin de produire de l’hydrogène bas carbone. Aux États-Unis, a admis le responsable, les perspectives de décarbonation industrielle via l’hydrogène bas carbone sont plus incertaines depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Une décision pour un gigantesque projet du pétrolier ExxonMobil au Texas pour une production d’hydrogène bas carbone, auquel AirlLiquide est associé, « est attendue pour la deuxième partie de l’année« , a détaillé M. Jackow, semblant néanmoins confiant sur sa poursuite, car il s’agit « d’un bon projet économique qui a aujourd’hui un soutien fédéral et local« . S’il est confirmé, ce projet annoncé l’été dernier serait le plus important investissement de l’histoire d’Air liquide, avec près de 850 millions de dollars investis « dans la plus grande production d’oxygène bas carbone des Amériques ». Le groupe de gaz est plus prudent sur les sept grands projets de hubs hydrogène annoncés aux États-Unis par l’administration Biden. « Ce sont probablement les projets sur lesquels il y a le moins de visibilité aux États-Unis » a précisé M. Jackow, car cinq des sept projets sont liés au développement d’énergies renouvelables (EnR) qui ont moins la faveur de la nouvelle administration.

Les projets en Europe

En France, Air liquide poursuit la construction de son écosystème d’hydrogène bas carbone dans le bassin industriel normand. L’entreprise a annoncé fin 2024 investir 50 millions d’euros dans une chaîne logistique hydrogène afin d’accélérer la mobilité bas carbone sur l’Axe Seine en France alimenté en hydrogène renouvelable par l’électrolyseur Air liquide Normand’Hy en construction, d’une capacité de 200 MW, qui doit produire jusqu’à 28 000 tonnes d’hydrogène décarboné par an à partir de l’année prochaine. Il y a quelques jours, Air liquide et TotalEnergies ont annoncé investir plus d’un milliard d’euros dans deux projets d’électrolyseurs aux Pays-Bas : un électrolyseur de 200 MW annoncé pour 2027 à Maasvlakte, qui alimentera notamment la plateforme industrielle de TotalEnergies d’Anvers ; et un électrolyseur de 250 MW à proximité de la raffinerie de Zeeland (via une coentreprise) qui devrait être mis en service en 2029. Pour ces deux projets, l’hydrogène sera produit à partir de champs éoliens offshores. À noter que l’entreprise a également reçu un soutien de l’Union européenne à travers une subvention de 110 millions d’euros pour développer le premier projet à grande échelle de production, liquéfaction et distribution d’hydrogène bas carbone et renouvelable à partir d’ammoniac dans le port d’Anvers-Bruges en Belgique.