Des industriels lancent GO CO2 pour capter et transporter du CO2 fatal dans le Grand Ouest

Publié le 17/07/2023

6 min

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La semaine dernière, Elengy, GRTgaz, Lafarge, d’Heidelberg Materials, Lhoist et TotalEnergies ont annoncé le lancement du plus important projet de captage, de stockage et d’exportation de CO2 prévu à ce jour dans le Grand Ouest de la France. Baptisé « Grand Ouest CO2 », il est dimensionné pour capter et transporter jusqu’à 4 millions de tonnes par an de CO2 en 2050.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Quatre industriels, Elengy, GRTgaz, Lhoist et TotalEnergies et deux cimentiers, Heidelberg Materials et Lafarge, soutenus par la région des Pays de la Loire et le Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire, ont annoncé le 10 juillet le lancement du projet « Grand Ouest CO2 », qui vise à accélérer la décarbonation des sites industriels en Pays de la Loire et en Nouvelle-Aquitaine en lançant un vaste projet, le plus important en termes de volume de captage, de transport et d’export de CO2 fatal.

Un potentiel national estimé 4 à 8,5 MtCO2 à horizon 2030

La Première ministre a présenté le 23 juin une stratégie de capture, stockage et utilisation du carbone (CCUS) mise en consultation jusqu’au 29 septembre prochain. « La capture, le stockage et la réutilisation du carbone (CCUS) font partie des innovations technologiques qui vont nous permettre d’atteindre la neutralité carbone et notre objectif de réindustrialisation » soulignait ce même jour la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. Pour le gouvernement, l’industrie, qui représente 18 % des émissions nationales de gaz à effet de serre, doit poursuivre ses efforts pour passer de 72 MtCO2 d’émissions en 2022 à 45 MtCO2 en 2030. Pour y parvenir l’exécutif croit au potentiel du CCUS, et le potentiel serait là. Entre 4 à 8,5 MtCO2 pourraient être captées par an à horizon 2030 et entre 15 et 20 à horizon 2050 selon des estimations réalisées par État et les industriels émetteurs dans le cadre de l’élaboration des feuilles de route de décarbonation des 50 sites industriels les plus émetteurs. « Les feuilles de route des 50 sites nous enseignent que le CCUS est une technologie nécessaire pour diviser par deux les émissions industrielles en 10 ans » souligne le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure. Cette stratégie « ambitieuse » de l’aveu des ministres a vocation à être intégrée à la planification écologique dont la feuille de route a été présentée le 12 juillet. S’il est difficile d’évaluer quelle sera réellement la trajectoire du CO2 capté à horizon 2050 car dépendante de plusieurs vecteurs tant du côté du coût que de la disponibilité, le recours au CCUS à court et moyen terme est « massivement envisagé » pour réduire les émissions des sites industriels, en particulier pour le secteur de la chimie, des engrais, du ciment et de l’acier. Plusieurs grands projets sont d’ailleurs en phase de déploiement, notamment dans des grands clusters industriels comme Dunkerque qui représente un cinquième du CO2 industriel de France mais aussi l’axe Le Havre-la vallée de la Seine et Fos-sur-Mer-la vallée du Rhône où des projets de captage devraient voir le jour dès 2028, et qui offrent aussi la possibilité de transporter le CO2 via les grands axes fluviaux. D’autres projets sont actuellement à l’étude, notamment au niveau du Piémont pyrénéen. C’est le projet multi partenarial Pycasso dans lequel Teréga est impliqué et qui doit déterminer les capacités de stockage de la région Sud-Ouest, la plus prometteuse en termes de séquestration du CO2 mais aussi de l’estuaire de la Loire avec le projet GO CO2.

 

Un projet d’envergure dans le Grand Ouest

Le projet GO CO2 estimé à 1,7 milliard d’euros doit développer « un programme d’investissement permettant le captage du CO2 sur les sites industriels, son acheminement par canalisation jusqu’au terminal d’export maritime de Saint-Nazaire à destination des zones de stockage géologique permanent » note le communiqué des partenaires du projet, avec une décision finale d’investissement attendue pour 2027. Le périmètre du projet est principalement situé sur les territoires de la région des Pays de la Loire et de Nouvelle-Aquitaine. Il pourrait capter et transporter jusqu’à  2,6 millions de tonnes de CO2 par an à l’horizon 2030 et jusqu’à 4 millions de tonnes par an de CO2 en 2050, « soit plus de 75 % des émissions industrielles du Grand Ouest de la France à cet horizon ». « Ce projet est clé pour décarboner l’industrie du ciment et de la chaux dans le Grand Ouest de la France. Deux tiers des émissions de CO2 de l’industrie cimentière sont liées au process » indique Bruno Pillon, président des activités France d’Heidelberg Materials. “GO CO2 permettra à l’usine Lafarge de Saint-Pierre-la-Cour de franchir une étape décisive vers notre objectif net zéro pour ce qui concerne les émissions CO2 résiduelles alors que l’ensemble des autres leviers industriels de décarbonation sont mis en œuvre » estime de son côté François Petry, directeur général de Lafarge France. Pour les énergéticiens également engagés sur GO CO2, ce projet répond tant à la décarbonation de leurs activités qu’au développement sur le territoire de zones industrielles bas carbone. « La mise en place de chaînes de captage, d’export et de stockage de CO2 est un moyen d’accélérer rapidement la décarbonation de l’industrie française » estime Nelly Nicoli, directrice générale d’Elengy. La présidente la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, a déclaré sur Twitter « être fière de ces industriels français qui portent l’un des projets les plus ambitieux pour la décarbonation de notre territoire ». Un projet qui selon les partenaires s’intègre également « parfaitement » dans un écosystème et une dynamique locale en utilisant notamment les infrastructures existantes au sein du Grand port maritime Nantes Saint-Nazaire pour l’export de CO2.