Dimeta mise sur le rDME pour décarboner les zones rurales

Outre le biopropane, l'industrie des gaz liquides croit beaucoup au potentiel de l'éther diméthylique de carbone (DME) renouvelable et recyclé. ©Shutterstock

Publié le 25/06/2024

5 min

Publié le 25/06/2024

Temps de lecture : 5 min 5 min

L’association professionnelle des gaz et biogaz liquides en France France gaz liquides a annoncé ce mois-ci l’adhésion de la start-up Dimeta, une joint-venture entre SHV Energy et UGI International qui vise à accélérer la production et l’utilisation d’éther diméthylique de carbone  renouvelable et recyclé (rDME). Une technologie sur laquelle la filière française et européenne mise beaucoup pour atteindre ses objectifs de décarbonation.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Dans l’industrie des biogaz liquides, il n’y a pas que le biopropane, il y a aussi plusieurs autres technologies de production qui affichent de beaux potentiels et des entreprises qui ont misé depuis plusieurs années sur des technologies innovantes pour accélérer la production de rDME et décarboner les secteurs hors réseau, « une molécule complémentaire au biopropane » souligne France gaz liquides qui a annoncé en fin d’année dernière viser un objectif d’intégration de 10 % de biopropane en 2033, principalement en zone rurale. Positionnée sur la production de DME, l’entreprise Dimeta, basée à Leiden, aux Pays-Bas et créée en 2022, ambitionne de produire 300 000 tonnes de rDME par an d’ici 2027 en s’appuyant sur plusieurs partenaires pour développer des usines de production de rDME dans le monde.

Késako le rDME ?

 Ecomondo

Carbone renouvelable et recyclé, le rDME est un gaz liquide produit à partir de diverses matières premières telles que les déchets résiduels ou le biogaz et par différentes voies, notamment la gazéification et le power-to-X. Permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 85 % et d’améliorer la qualité de l’air par rapport aux carburants traditionnels comme le pétrole et le diesel, le DME peut être utilisé, dans un premier temps, en mélange avec du GPL jusqu’à 12 % dans les applications industrielles, de chauffage et de cuisson hors réseau sans modification des équipements ou des appareils et dans les infrastructures existantes offrant « une solution intéressante et rapide de décarbonation » estiment les acteurs de la filière. À terme, il pourra être également utilisé à 100 % dans les installations nécessitant une chaudière dédiée et « des changements mineurs » de l’infrastructure selon Dimeta, davantage pour les grands consommateurs industriels.

 

Favoriser une approche multi-solutions

Comme beaucoup d’acteurs gazier, la filière des gaz liquides réclame une approche moins silotée dans les politiques publiques de décarbonation basées sur le réel et « une réduction immédiate des émissions ». L’adhésion de Dimeta chez France gaz liquides illustre la « volonté concrète que nous avons de travailler sur l’innovation avec à la clé des alternatives durables pour les plus de 24 000 communes rurales de France non connectés aux réseaux » souligne Audrey Galland, directrice générale de FGL et présidente de Liquid Gas Europe. C’est aussi pour Sophia Haywood, directrice du plaidoyer et de la communication chez Dimeta, l’occasion de présenter aux pouvoirs publics français les « divers avantages offerts par le rDME pour améliorer la circularité et faciliter les initiatives de valorisation énergétique des déchets », tout en travaillant à un cadre propice à son développement tant d’un point de vue réglementaire, normatif que financier via des mécanismes de soutien comme les autres filières d’EnR. Dimeta souhaite également que la production de rDME soit incluse dans la liste des technologies pouvant bénéficier de procédures d’autorisation accélérées dans le cadre de la loi industrie verte française adoptée en octobre 2023.

Plusieurs expérimentations en cours 

Pour Dimeta, l’appétence pour le rDME est réelle, à tel point que « les principaux fabricants mondiaux étudient des appareils dédiés à 100 % au DME, notamment des systèmes de production d’eau chaude, des chaudières et des séchoirs ». Après avoir inauguré sa première usine de production commerciale, la première installation de transformation des déchets en DME au Royaume-Uni, près de 50 000 tonnes de rDME seront produits à partir de déchets, l’entreprise devrait développer plusieurs usines d’ici 2027 en Europe et notamment en France mais aussi aux États-Unis. La joint-venture hollandaise collabore également depuis l’année dernière avec Enerkem, la première entreprise au monde à produire du biométhanol à partir de déchets mixtes à l’échelle commerciale sur des études faisabilité permettant d’établir un potentiel gisement de déchets résiduels mixtes permettant la production par projet de 165 000 tonnes de rDME par an. Des projets « qui seront situés dans le nord-ouest de l’Europe et sur la côte du golfe du Mexique aux États-Unis » précise Enerkem. Autre innovation : Dimeta s’est associée  à l’université de technologie de Delft et à The Green Village, un véritable quartier laboratoire qui teste en conditions réelles différents produits biosourcés, afin de réaliser « le premier test européen » de mélanges DME-LPG en milieu rural « sans modifier les appareils existants ».