En Chine, plus de 26 % de l’énergie est décarbonée

Publié le 29/08/2024

5 min

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Plus d’un quart de l’énergie consommée en Chine provient désormais de sources décarbonées, a assuré ce 29 août le gouvernement chinois, au moment où le pays est engagé dans une course à la transition énergétique et cumule à lui seul un immense paradoxe : être tout à la fois champion des renouvelables et du charbon.  

Par la rédaction avec avec AFP

 

Le géant asiatique, de par son immense population (1,4 milliard d’habitants) et son statut de pays manufacturier avec de nombreuses usines, est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, qui selon les scientifiques accélèrent le changement climatique. La Chine s’est engagée à stabiliser ou faire décroître ses émissions d’ici à 2030, puis à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Elle développe ainsi fortement ses capacités dans les renouvelables. La part des énergies décarbonées – incluant les renouvelables et le nucléaire – dans la consommation totale d’énergie en Chine est passée au cours de la dernière décennie de 15,5 à 26,4 %, indique un Livre blanc intitulé Transition énergétique de la Chine pour documenter les actions réussies et les réalisations historiques du pays dans ce domaine au cours de la dernière décennie, publié ce jeudi 29 août par le gouvernement chinois.

La Chine a installé 50 % des capacités renouvelables mondiales en 2023

En une décennie, la capacité éolienne et solaire a été multipliée par 11, selon ce document dont l’agence de presse Chine nouvelle a publié les principaux points. La Chine « a réalisé des avancées historiques dans le développement des énergies vertes et à bas carbone« , souligne ce document qui stipule que depuis 2013, la Chine est responsable « de plus de 40 % des augmentations annuelles de la capacité mondiale en matière d’énergies renouvelables ». En 2023, la Chine a installé près de 350 GW de nouvelles capacités renouvelables, soit plus de la moitié du total mondial. L’objectif chinois de 1 200 GW de capacité solaire photovoltaïque et éolienne au cours de cette décennie représente plus de 90 % de l’ensemble de la capacité renouvelable mentionnée dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) rappelait récemment l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’année dernière, la croissance la plus importante a eu lieu en Chine, qui a mis en service autant d’énergie solaire photovoltaïque en 2023 que le monde entier en 2022, tandis que les ajouts d’énergie éolienne en Chine ont augmenté de 66 % en un an. La Chine représente près de 60 % des nouvelles capacités renouvelables qui devraient être opérationnelles dans le monde d’ici à 2028 estime l’AIE.

64 % de l’énergie solaire et éolienne « actuellement en construction » sur la planète

Le pays avait annoncé la semaine dernière avoir atteint avec six ans d’avance un objectif fixé par le président Xi Jinping en matière de solaire et d’éolien. La Chine construit actuellement pour 180 gigawatts (GW) d’énergie solaire et 159 GW d’énergie éolienne supplémentaires, selon une étude de l’organisme américain Global Energy Monitor (GEM). D’après l’organisme, ce total de 339 GW « représente 64 % de l’énergie solaire et éolienne » qui est « actuellement en construction » sur la planète, soit près du double du reste du monde combiné. La Chine est suivie par les États-Unis (40 GW), le Brésil (13 GW), le Royaume-Uni (10 GW) et l’Espagne (9 GW), selon le GEM qui répertorie les projets liés aux combustibles fossiles et aux énergies renouvelables dans le monde. La Chine peine également à acheminer une partie de l’énergie renouvelable, celle produite dans les régions éloignées, vers les centres économiques et densément peuplés de l’Est. Le pays n’est pas moins en mesure de réaliser son objectif de voir ses émissions de carbone décliner d’ici à 2030, a assuré Song Wen, responsable de la législation et de la réforme institutionnelle à l’Administration nationale de l’énergie. Mais des « facteurs imprévisibles et incertains se multiplient« , a-t-elle averti lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication du Livre blanc.

50 % de la demande mondiale de charbon en 2023

La Chine s’appuie toutefois encore grandement sur ses centrales au charbon, énergie fossile très polluante, pour répondre à une demande d’électricité en hausse. Alors même si le pays a parcouru du chemin en quelques années, en 2020, il représentait 57 % de la consommation mondiale de charbon. Aujourd’hui encore, la Chine reste une championne du charbon puisque l’empire du Milieu représente à lui seul la moitié de la demande mondiale en charbon en 2023. Une situation qui contraste fortement avec la dynamique mondiale puisque la consommation de charbon est en passe de diminuer fortement dans la plupart des économies avancées en 2023, avec notamment des baisses records dans l’Union européenne et aux États-Unis, de l’ordre de 20 % chacune indique l’AIE, contrairement à la demande dans les économies émergentes et en développement qui reste très forte, augmentant de 8 % en Inde et de 5 % en Chine en 2023. Selon le rapport de l’AIE, la consommation en Chine aura fait un bond de 220 millions de tonnes (+ 4,9 %) par rapport à 2022, celle de l’Inde aura progressé de 98 millions de tonnes (+ 8 %) et celle de l’Indonésie de 23 millions de tonnes supplémentaires (+ 11 %). Un continent qui consomme tout autant qu’il produit puisque la  Chine, l’Inde et l’Indonésie sont les trois plus grands producteurs de charbon au monde. En 2023, ils devraient représenter plus de 70 % de la production mondiale.

La demande intérieure d’énergie – comme les émissions de CO₂ – continent d’augmenter. « La Chine reste un pays en développement » et mène un processus de « modernisation pour une immense population« , a rappelé Song Wen. Le Livre blanc exclut à cet égard « toute forme de découplage » et toute « rupture des chaînes industrielles et d’approvisionnement » pour atteindre ses objectifs climatiques.