Énergies renouvelables aux États-Unis : peut-être, mais sans éolienne

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Publié le 15/01/2025

5 min

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Le candidat Chris Wright choisi par Donald Trump comme secrétaire à l’énergie a plaidé ce 15 janvier pour le développement des énergies renouvelables et a évoqué le changement climatique comme « un fait« , rompant avec des déclarations antérieures, même s’il veut aussi faire croître l’offre d’énergies fossiles. Quelques heures plus tard, Donald Trump himself  a promis de bloquer tout nouveau projet d’éolien aux États-Unis.

Par la rédaction, avec AFP

 

Fondateur de la société Liberty Energy, qui fournit des équipements à l’industrie du gaz et pétrole de schiste, Chris Wright est connu pour son soutien à l’extraction des énergies fossiles. Le président élu Donald Trump a promis mercredi de bloquer tout nouveau projet éolien aux États-Unis durant son futur mandat, se refusant à subventionner davantage le secteur, évoquant « un désastre économique et environnemental ».

Changement de ton

L’an dernier, Chris Wright avait affirmé, dans une vidéo postée sur le réseau LinkedIn, qu’il n’y avait « pas de crise climatique » et que « nous (n’étions) pas engagés dans la transition énergétique« . « L’énergie propre, ou sale, n’existe pas« , avait-il poursuivi. Changement de ton ce mercredi, lors de son audition par la commission sénatoriale à l’énergie et aux ressources naturelles, qui fait partie du processus de confirmation à son poste au sein du gouvernement. L’entrepreneur a tenu un discours différent. Le changement climatique « est un fait, c’est un défi, dont la solution est de faire évoluer notre système énergétique », a déclaré le quinquagénaire face aux sénateurs. « Y a-t-il des choses que nous pouvons faire, des investissements, par le biais du secrétariat à l’énergie pour accélérer le développement de nouvelles énergies qui sont la seule voie pour répondre au changement climatique ? Absolument« , a-t-il poursuivi. L’homme d’affaires a mentionné l’énergie solaire et la géothermie, ainsi que l’énergie nucléaire, qui n’est pas renouvelable. « L’énergie et le climat sont un problème mondial, mais les États-Unis devraient être le leader (dans ce secteur), a exhorté Chris Wright, et je pense que le président Trump est sur la même ligne. » Pour autant, le candidat de Donald Trump s’est dit favorable à la croissance des capacités énergétiques américaines en général, sous toutes ses formes, y compris fossiles. Chris Wright a notamment plaidé pour la construction de nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) malgré le moratoire décrété par le président Biden il y a un an. Les énergies fossiles « ne sont plus à la mode« , a constaté Chris Wright. « Il y a moins d’intérêt des investisseurs et moins de velléités d’en parler. Je ne partage pas cette aversion. »  « Je veux voir les nouvelles technologies augmenter les ressources en énergie dans leur ensemble, a-t-il ajouté, y compris les hydrocarbures.« 

Trump promet de bloquer tout nouveau projet d’éolien

 « Je ne veux pas en voir ne serait-ce qu’une construite sous ma présidence. »  Selon le ministère américain de l’énergie, il y avait, en 2023, plus de 90 000 éoliennes sur le territoire américain. Pour Donald Trump, l’éolien est« l’énergie la plus chère » et « ne fonctionne qu’avec des subventions massives, que nous allons arrêter de verser ! » Les projets éoliens bénéficient d’un soutien fédéral, essentiellement sous la forme d’avantages fiscaux plus que de subventions directes. Selon un rapport du Congrès, ces incitations fiscales ont coûté 17,9 milliards de dollars au gouvernement américain sur la période allant de 2019 à 2023. Pour autant, plusieurs études ont montré que l’énergie tirée du vent aux États-Unis coûtait, en moyenne, moins cher que plusieurs autres sources, notamment le charbon, hors aides publiques. Donald Trump a, de nombreuses fois, manifesté publiquement son hostilité envers l’éolien depuis plusieurs années.  » Je n’ai jamais compris l’éolien « , avait-il déclaré en 2019. Outre le coût, le promoteur immobilier leur reproche leur laideur ainsi que les problèmes qu’ils causent aux baleines, selon lui. Selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), « il n’existe pas de lien établi entre la mort de baleines et l’éolien en mer« . Sollicités par l’AFP, plusieurs spécialistes ont indiqué que tous les projets éoliens n’étaient pas soumis à l’obligation d’autorisation fédérale. « Je ne vois pas de cas dans lequel le gouvernement pourrait empêcher la réalisation d’un projet éolien non soumis à autorisation fédérale « , explique Katrina Fischer Kuh, professeure de droit de l’environnement à l’université Pace. Par ailleurs, si la plupart des grandes fermes éoliennes nécessitent une aide financière de l’État fédéral, certains petits projets peuvent s’en passer, selon Jeffrey Thaler, professeur de droit de politique énergétique à l’université du Maine. Outre un veto sur les nouvelles éoliennes, Donald Trump a estimé mercredi que « les milliers (d’éoliennes) inactives ou cassées devraient être démontées au plus vite « .

Si Donald Trump a plusieurs fois promis de démonter « l’escroquerie verte » depuis son élection, les investissements verts – énergies renouvelables, voitures électriques, batteries et panneaux solaires – aux États-Unis n’ont cessé d’augmenter depuis l’instauration de l’Inflation Reduction Act fin 2022. L’IRA, avec ses  400 milliards de dollars qui seront déployés au cours des 10 prochaines années pour neutraliser les émissions de carbone, a créé un cercle vertueux permettant d’accélérer le développement des technologie d’énergies décarbonées mais aussi de stimuler leurs usages, entraînant des investissements massifs aussi du secteur privé.