Europe : les gaz liquides jouent un « rôle essentiel » selon la filière

30 % de la population de l’Union européenne vit en zones rurales. Une population qui, par la caractéristique de son habitat, est plus exposée que celle des zones urbaines à la précarité énergétique. En France par exemple 35 % des ménages situés en zone rurale sont touchés par la précarité énergétique. ©Shutterstock

Publié le 18/07/2024

5 min

Publié le 18/07/2024

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  • Le congrès européen du gaz liquide (ELGC) 2024 s’est tenu en France (Lyon) à la mi-juin. Une occasion pour l’industrie européenne des gaz et biogaz liquides de rappeler son importance stratégique et les solutions qu’elle peut apporter dans la transition, notamment pour les zones rurales. Que faut-il retenir ?

    Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

     

    Les gaz liquides renouvelables peuvent jouer « un rôle clé dans la transition énergétique, en particulier dans les zones rurales et pour les solutions de mobilité, afin d’accélérer la décarbonisation de notre société » a rappelé tout au long de ces trois jours l’industrie du GPL. Dans cette optique de pouvoir décarboner massivement ses usages, l’industrie du GPL a les yeux tournés vers le biopropane,  un coproduit systématique des bio-essences et bio-kerosène, qui réduit de 73 % les émissions de CO2 par rapport au propane standard et de 77 % les émissions de CO2 par rapport au fioul. En France, la filière des gaz et biogaz liquides estime qu’elle sera en mesure d’intégrer 10 % de biopropane dans les équipements de chauffage et d’eau chaude sanitaire à horizon 2033. Un chiffe équivalent à ce que l’Europe envisage de produire à la même période. Actuellement, si la technologie développée s’appuie sur l’hydrogénation d’huile végétale (HVO), l’industrie du gaz liquides mise également beaucoup sur l’éther diméthylique de carbone renouvelable et recyclé (rDME) en accélérant sa production et en facilitant son usage.

    Soutenir une neutralité technologique

    La  Commission européenne a dévoilé en février sa recommandation relative à l’objectif climatique 2040. L’association Liquid Gas Europe souhaite souligner l’importance de maintenir une approche neutre sur le plan technologique dans le cadre des efforts de réduction des émissions de CO2, et que toute voie menant à une réduction de 90 % des émissions de CO2 devrait inclure une variété de solutions, y compris les gaz liquides renouvelables tels que le bioLPG et le DME à base de carbone renouvelable et recyclé. L’Union européenne a déjà réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 32,5 % par rapport aux niveaux de 1990. Pour atteindre l’objectif de réduction des émissions de 55 % d’ici à 2030 et au-delà, il sera essentiel de veiller à ce que toutes les solutions innovantes soient pleinement soutenues. L’industrie des gaz liquides réclame davantage de reconnaissance et estime que les futures législations européennes poursuivant un objectif décarbonation devraient « résolument soutenir la production de gaz liquides renouvelables » souligne la directrice générale de Liquid Gas Europe, Ewa Abramiuk-Lété, évoquant leurs rôles « essentiels » dans l’industrie, les transports et le chauffage.

    S’adapter aux besoins de la ruralité

    Les zones rurales représentent près de 80 % du territoire de l’Union européenne et 30 % de sa population. En France, d’après l’Insee, ce ratio est encore plus important puisque les zones rurales représentent 94 % du territoire national et regroupe 33 % de la population avec des spécificités qui lui sont propres. Par exemple, en France, sur les plus de 30 000 communes rurales, près de 24 000 (environ 70 %) ne sont pas raccordées aux réseaux gaziers. « Ils ne peuvent pas être les oubliés de la transition » rappelle Julie Fazio, présidente de France gaz liquides, évoquant notamment « le coût » et l’importance de « solutions accessibles » pour les zones rurales et « notamment les plus précaires ». Mais au-delà des zones rurales, ce sont aussi des bassins d’activités où les questions énergétiques jouent sur la compétitivité des entreprises. Une table ronde a particulièrement mis l’accent sur cette problématique de l’accessibilité, de disponibilité et de la compétitivité des énergies, en particulier dans celles qui ne sont pas connectées au réseau de gaz et qui dépendent de processus industriels non électrifiables. « Dans ces zones, les petites et moyennes entreprises (PME) ont des enjeux spécifiques » souligne à Gaz d’aujourd’hui Emmanuel Puvis de Chavannes, directeur des affaires publiques de Primagaz. « Cela nous semblait particulièrement pertinent d’évoquer les besoins et les attentes de [nos] clients  qui utilisent du gaz propane, qui veulent se verdir avec des biogaz liquides et qui sont confrontés à des politiques publiques qui ne les prennent pas en compte » résume-t-il, alors que l’entreprise Rossignol ou la coopérative fruitière en Val d’Arly ont expliqué pourquoi elles croyaient à l’utilisation des gaz et biogaz liquides pour réussir leur transition, évoquant des questions « de pouvoir calorifique, de rentabilité mais aussi de disponibilité malgré le manque d’incitation des pouvoirs publics ». Pour Denise Saint-Pé, sénatrice et vice-présidente du Conseil supérieur de l’énergie, les biogaz liquides « font partie de la solution » mais ils souffrent d’un « déficit de notoriété ».

    Augmenter l’offre de biogaz liquides

    L’industrie des gaz liquides s’est engagée à fournir des solutions énergétiques entièrement décarbonées d’ici à 2050. Pour cela, elle compte sur plusieurs leviers et en particulière le développement du carburant aviation durable (SAF) dont le biopropane est un co-produit mais aussi que le rDME, le dimethylether renouvelable, produit à partir de matières premières de carbone renouvelables et recyclées, telles que les déchets ménagers ou le biogaz et par différentes voies, notamment la gazéification et le power-to-X. Une technologie appelée à se développer avec plusieurs expérimentations en cours dans le monde. La start-up Dimeta, une joint-venture entre SHV Energy et UGI International, ambitionne de produire 300 000 tonnes de rDME par an d’ici 2027 et exploite déjà une première unité commerciale au Royaume-Uni, mise en service cette année.