À Saint-Fons, Engie produit du gaz renouvelable à partir de combustibles solides de récupération

Publié le 11/12/2020

4 min

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La plateforme Gaya, située à Saint-Fons (Rhône) au cœur de la Vallée de la chimie, a produit mi-novembre ses premiers mètres cubes de gaz renouvelable à partir de combustibles solides de récupération (CSR). « Une première mondiale » selon le groupe Engie, coordinateur du projet qui couvre toute la chaîne de production de gaz renouvelable à partir de biomasse sèche.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Gaya, c’est à l’origine un projet de recherche & développement collaboratif initié en 2010 par Engie, réunissant 11 partenaires issus du monde industriel, institutionnel et académique français et européens dont le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Soutenue financièrement par l’Ademe au titre de son programme d’investissements d’avenir, la plateforme semi-industrielle Gaya s’inscrit « dans les objectifs fixés par la loi de transition énergétique pour la croissance verte » rappelle le groupe Engie, à savoir une réduction de 50 % des quantités de déchets enfouis d’ici 2025 par rapport à 2010 et de 30 % de la consommation d’énergies fossiles en 2030 par rapport à 2012. Elle permet depuis son inauguration en grande pompe en octobre 2017 de tester la production de biométhane à partir de biomasse sèche collectée dans un rayon de 50 à 70 kilomètres autour de Saint-Fons.

Maximiser la production de gaz renouvelables

En novembre 2019, Engie annonçait la production de gaz renouvelables à partir de biomasse forestière. Des essais qui ont permis, selon Adeline Duterque, directrice d’Engie Lab Crigen, « de valider la fonctionnalité du réacteur de méthanation [conçu par Engie]« . «  Une première européenne à l’échelle semi-industrielle, pour exploiter la biomasse sèche lignocellulosique » nous avait-elle indiqué en mai dernier lors d’un entretien accordé à Gaz d’aujourd’hui. Entrée dans sa phase 2, la plateforme Gaya a donc réalisé cette fois-ci « une première mondiale » en produisant du gaz renouvelables à partir de combustibles solides de récupération. Des CSR, késako ? Ce sont des déchets non valorisés, car n’ayant pas pu être triés et recyclés, des combustibles secs majoritairement composés de bois, papiers, cartons ou encore de plastiques issus de déchets d’activités économiques qui sont broyés et conditionnés sous forme de pellets ou de briquettes pour être valorisés en matière ou en énergie au lieu d’être incinérés ou enfouis.

Un gisement potentiel de 3 millions de tonnes

L’Ademe a estimé en 2009 qu’en France le gisement de déchets non dangereux non-valorisés pouvait permettre de produire jusqu’à 3 millions de tonnes de CSR. Et désormais les CSR ne sont plus seulement valorisés en cogénération ou en ciment, ils servent également à produire du biométhane. « Le démonstrateur d’Engie a validé en conditions industrielles le fonctionnement intégré de l’ensemble de la chaîne des technologies innovantes » indique le groupe. Dans nos territoires où la valorisation des déchets sera bientôt la norme, ce pas innovant offre de belles perspectives. « Avec Gaya, nous avons fait des avancées scientifiques majeures pour le développement et l’industrialisation des filières de production de gaz renouvelable » souligne Adeline Duterque. La plateforme, qui a fait l’objet de 10 brevets déposés, souhaite en diversifiant les intrants, en maximisant la production de gaz renouvelable, en industrialisant les process amener progressivement la filière à baisser ses coûts de production.

Une première unité industrielle au Havre en 2023

Fort de ce premier succès, le groupe Engie envisage la construction d’une première unité industrielle au Havre à partir de 2023. Un projet baptisé « Salamandre » qui devrait permettre dès 2026 de produire jusqu’à 150 GWh de gaz renouvelable, « soit l’équivalent de la consommation de 670 bus » via la valorisation de 70 000 tonnes par an de déchets non recyclables en gaz renouvelable. « En outre, le procédé multi-énergies permettra également de produire environ 45 GWh de chaleur renouvelable pour servir des besoins urbains ou industriels » souligne l’énergéticien français.

(c) Engie.