Gazéification hydrothermale : 24 projets identifiés

La France pourrait « devenir un acteur majeur de cette technologie » estime GRTgaz et fournir au moins 50 TWh de gaz renouvelable à horizon 2050. ©Shutterstock

Publié le 04/12/2024

4 min

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Technologie innovante permettant la production de gaz renouvelable et bas carbone à partir de déchets organiques humides, la gazéification hydrothermale fait son chemin en France. Le 4 décembre, le gestionnaire du réseau de transport de gaz, GRTgaz a annoncé le succès de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) dédié à la filière gazéification hydrothermale qui a permis d’identifier un portefeuille de 24 projets en France.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Technologie complémentaire ou alternative à la méthanisation ou à la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale, qui transforme les biomasses humides en gaz synthétiques, méthane, hydrogène et carbone, tout en traitant et isolant des déchets riches en matières organiques, franchit une nouvelle étape dans son processus d’industrialisation. L’appel à manifestation d’intérêt lancé par le comité stratégique de la filière nouveaux systèmes énergétiques (CSF NSE) a permis d’identifier 24 projets sur l’ensemble du territoires métropolitain.« Les réponses à l’appel à manifestation d’intérêt sur la gazéification hydrothermale attestent de l’expertise française autour de cette solution prometteuse à la fois pour le traitement de divers déchets tout en produisant une énergie renouvelable » souligne Aurélie Picart, déléguée générale du comité stratégique de la filière nouveaux systèmes énergétiques. « Ce succès confirme l’intérêt que cette filière innovante suscite en France auprès des acteurs de l’industrie, de l’agriculture et des services urbains » indique GRTgaz. 

 

Un potentiel estimé de 2 TWh par an d’ici 2030

À ce stade, ce sont 24 projets qui ont été identifiés sur l’ensemble du territoire, à l’exception de la Nouvelle-Aquitaine et du Centre-Val de Loire. Au total, ce sont 1,25 million de tonnes brutes annuelles de déchets, résidus et effluents qui pourraient être valorisées grâce à cette technologie. Des intrants principalement issus des activités des industriels de l’agroalimentaire et de la chimie, des boues de stations d’épuration des collectivités locales ainsi que des résidus, des effluents et des digestats des agriculteurs. Ce sont les projets industriels valorisant des déchets industriels et sous réserve de la confidentialité de certains projets qui semblent les plus représentés. GRTgaz estime que ces 24 projets représentent un potentiel de production de  2 TWh par an d’ici 2030, « l’équivalent des besoins de chauffage d’environ 175 000 foyers ».

© GRTgaz.

Plusieurs initiatives en cours en Europe

Si plusieurs initiatives sont en cours de développement, notamment en France, en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas et en Suisse, la plupart des projets de gazéification hydrothermale sont actuellement à l’échelle pilote. En Europe, plusieurs initiatives sont en cours de développement, à différents stades de maturité. Seule exception notable : la mise en service en 2022 d’une usine de démonstration industrielle aux Pays-Bas par SCW Systems qui aura à pleine capacité la possibilité de produire jusqu’à 140 GWh par an de gaz renouvelables via la valorisation de 120 000 tonnes de déchets. En France, le groupe de travail national lancé en 2022 et coordonné par GRTgaz a annoncé un potentiel d’environ 50 TWh à horizon 2050, dont un tiers issus de la gazéification des digestats. Les premières installations à l’échelle industrielle sont attendues pour 2027.

Après cet AMI qui avait pour objectif « d’établir un état des lieux de la filière, de recenser les projets français, consolider et partager une vision de la filière auprès des pouvoirs publics et des parties prenantes », la filière espère obtenir le lancement d’un appel à projets doté d’un mécanisme de soutien public, un levier nécessaire pour concrétiser premiers projets industriels annoncés à horizon 2027 et installer la gazéification hydrothermale dans le paysage énergétique français.