Hydrogène : l’Europe n’est pas dans les clous selon le cabinet EY

Publié le 27/01/2025

3 min

Publié le 27/01/2025

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L’Europe peine à remplir les objectifs qu’elle s’est elle-même fixés en matière d’hydrogène destinés à décarboner l’industrie et les transports, souligne le cabinet EY, alors que s’ouvre demain le salon spécialisé Hyvolution à Paris dans un contexte difficile pour la filière hydrogène qui peine à trouver une rentabilité économique malgré des « développements prometteurs ».

Par la rédaction, avec AFP

 

« Seulement 60 % de l’ambition européenne en matière de capacité de production d’hydrogène renouvelable d’ici 2030 est couverte par des objectifs nationaux, en décembre 2024 » note le cabinet EY. Un chiffre qui est loin d’être une surprise pour la plupart des experts du secteur. La stratégie énergétique européenne RepowerEU adoptée après l’invasion de l’Ukraine par la Russie fixait des objectifs de production de 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable et d’importations équivalentes de 10 millions de tonnes d’ici 2030.

60 % de la production assurée à date

« Le secteur européen de l’hydrogène connaît des développements prometteurs, cependant il nécessite encore des efforts importants pour atteindre ses objectifs ambitieux, compte tenu notamment des incertitudes du marché de l’énergie« , note l’Indice 2025 de l’hydrogène européen. L’hydrogène parfois dit « vert », « renouvelable » ou « décarboné », est nécessaire pour décarboner des pans entiers de l’industrie lourde, pétrochimie, sidérurgie, ciment, chaux, engrais, ainsi que des transports lourds dans le maritime ou l’aérien notamment, afin de respecter les engagements climatiques de l’Union européenne d’ici 2050. Or, en décembre 2024, seule « 60 % de l’ambition européenne en matière de capacité de production d’ici 2030 était couverte » par les stratégies nationales des États membres, indique le rapport.

Une croissance nécessaire de 150 % contre 45 % aujourd’hui

« Les États européens ont besoin de coordonner leurs objectifs et d’aligner leurs ambitions avec celles de l’objectif européen, notamment en matière d’accélération du rythme« , avance l’étude. Selon EY, pour remplir ses objectifs l’Europe a besoin d’installer 100 GW de capacité d’électrolyse d’ici 2030, soit une croissance annuelle de 150 %, alors que le rythme annuel de croissance entre 2020 et 2024 n’était que de 45 %. La totalité des projets annoncés en matière d’usines d’électrolyseurs serait théoriquement suffisante pour couvrir les besoins puisqu’ils représentent 142 GW de capacité.

2 % des projets passés par la décision finale d’investissement

« Mais 98 % d’entre eux restent à un stade de faisabilité » et seuls 2 % ont passé la rampe cruciale de la décision finale d’investissement de la part des industriels, indique le rapport. Sans compter les nombreux projets reportés. Outre l’incertitude du climat politique, en France notamment, qui a pu retarder certains projets d’investissement dans la décarbonation industrielle, les Européens ont passé les dernières années à s’affronter mezzo voce sur la définition de l’hydrogène vert, décarboné ou renouvelable.

Le fossé oppose essentiellement la France et l’Allemagne sur le recours à de l’électricité d’origine nucléaire pour l’électrolyse de l’eau (H2O) qui produit l’hydrogène. Le développement industriel de l’hydrogène à grand volume souffre aussi d’un manque de fiabilité des technologies existantes, soulignent les experts.